Magazine PROF n°21

L'info 

De vraies foires commerciales… virtuelles

Article publié le 01 / 03 / 2014.
Article paru en ligne uniquement.

En 2014, vingt-sept Entreprises d’entrainement pédagogiques s’investissent dans une activité bien réelle de gestion en classe sans devoir créer des produits ou manipuler de l’argent.

Institut Amercoeur à Liège, 16 novembre. Trois-cents élèves d’une quinzaine d’Entreprises d’entrainement pédagogiques (EEP) jouent à « comme si j’étais dans une entreprise », au sein de leur foire régionale. « J’achète un stand Parapluie et son mobilier » ; « Je vends un distributeur d’eau pour votre personnel » ; « Je vous le facture avec une remise de 20 % pour la foire » ; « Je vous envoie notre prospectus par e-mail »… L’ambiance était la même à la foire nationale à Gand en février et elle le sera en Suisse, à Brigue, en mai ⁽¹⁾, avec un enjeu linguistique croissant.

Chaque année, les Entreprises d'entrainement pédagogique tiennent leur foire commerciale.

© PROF/FWB

Le concept

« L’EEP est une entreprise où produit et argent sont virtuels, sans actionnariat, mais où les pratiques quotidiennes de gestion sont réelles », explique Morad Tamir, enseignant-détaché, qui encadre à mi-temps les 27 EEP francophones. Leur public ? Les qualifications technicien de bureau, technicien comptable ou commercial, les professionnelles vente ou auxiliaire administratif et d’accueil, et les 7^e gestionnaires de très petites entreprises.

L’ASBL COFEP (Centrale voor Oefenfirma's / centrale pour Entreprises d'entraînement pédagogiques) leur offre des services virtuels : poste, serveur mail, secrétariat social, agence immobilière, factures eau, gaz, électricité,… Sa banque, la COBEPA, confie à chaque EEP un capital fictif de 50000€. Et l’école y consacre un local spécifique organisé par pôles (commercial, administratif, financier), grâce à un subside de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

En 2009, l’inspectrice Marie-Thérèse Ruwette, alors conseillère pédagogique, lance ce projet en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il s’inspire d’un outil d’embauche créé par une entreprise allemande, vers 1975 : « Neuf établissements ont répondu au premier appel à projets. Aujourd’hui, on en compte trois fois plus. Leurs EEP répondent aux profils de formation en donnant du sens aux compétences visées. Et elles changent le rôle du professeur qui devient coach ou accompagnateur ».

Entre réel et virtuel

L’Institut Marie José à Liège en a même lancé une deuxième. « Nos élèves, demandeurs, se préparent en 5^e, et sont opérationnels au début de la 6^e », explique Raphaël Da Cas, professeur de sciences économiques. Fondée en 2009, leur EEP est encore en perte : elle calque ses dépenses sur une entreprise qui la soutient, comme l’achat d’un camion, mais son chiffre d’affaires est beaucoup trop petit ou ses prix de vente beaucoup trop bas. Une autre difficulté est de bien faire la part entre virtuel et réel. Mais, selon M. Tamir, « une fois que les élèves sont pris par le jeu concrétisé dans les foires, c’est parti ». En tout cas, pour Stéphanie Jacobs, 6^e TQ TB au Collège Saint-Martin à Seraing, « je joue, mais c’est du sérieux : j’argumente, je gère mon stress, je communique, j’achète,… Et, si je fais une erreur, je cherche sa cause, jusqu’au bout, et je la répare ».

Patrick DELMÉE

⁽¹⁾ http://www.cofep.be