Magazine PROF n°21

Focus 

Ils jouent ensemble pendant une semaine

Article publié le 01 / 03 / 2014.
Article paru en ligne uniquement.

À Verviers, des 3^e baccalauréats primaire font un stage de réalisation de jeux de plateau avec des élèves de 3^e professionnelle. L’occasion d’apprendre… pour les deux groupes.

En décembre, les élèves des 3^e professionnelles bois, construction, mécanique, électricité de l’Institut technique Don Bosco ont accueilli les étudiants de 3^e baccalauréat primaire de la Haute École libre mosane Saint-Roch (HELMO). Ensemble, ils ont construit des jeux destinés à la remédiation en français et maths. À la fin de ce stage, c’était Noël avant Noël : l’ensemble des ados ont expérimenté les parcours truffés de questions-réponses, de manipulations de dés et de pions, de retours en arrière, de coups de chance. Ils se sont amusés… avant d’élire le meilleur joueur du jour et leur jeu Coup de cœur.

Durant une semaine, des étudiants de troisième bac primaire réalisent des jeux de plateau avec des élèves de troisième professionnelle.

© PROF/FWB

Une semaine auparavant, les professeurs de la haute école expliquaient le principe de ce projet et, avec leurs élèves, découvraient d’anciens jeux et en esquissaient de nouveaux. Dans la foulée, par groupe de deux ou trois, ceux-ci ont présenté un prototype de jeu en papier et en carton à un groupe formé d’élèves de chaque section professionnelle. Ces groupes ont évalué les prototypes, affiné les règles et les besoins techniques. Enfin, pendant trois jours, ils ont coupé des plateaux, installé des leds d’éclairage, peint un circuit et son décor, réalisé au tour de menuiserie ou de mécanique des pions, pièces ou accessoires… Tout cela, à l’aide du personnel et du matériel de l’école.

Des 3^e bac jouent avec des 3 et 4 P

« Le stage se termine par une rencontre des enseignants de Don Bosco avec leurs homologues de la haute école et leurs étudiants », explique Isabelle Montulet, psychopédagogue. Une occasion de tirer un bilan et de confronter leurs représentations à la découverte d’un public, pas classique pour eux, d’une identité professionnelle différente, des enjeux et modalités du fonctionnement d’une école qualifiante, d’un autre débouché professionnel. « Ce stage permet de sortir nos bacheliers de leurs stéréotypes, questions, voire anxiétés », ajoute Françoise Crutzen, professeure de maths.

Il y a sept ans, l’Institut technique était en recherche d’une alternative au modèle classique d’évaluation pour les 3^e et 4^e professionnelles. Le sous-directeur de l’époque, M. Beckers, proposa d’abandonner les épreuves de Noël et de juin pour les cours généraux, de conserver les bilans et créer en décembre une semaine d’évaluation formative. Convaincu de l’approche plus concrète, ludique et globale des instituteurs, il sollicita la collaboration de l’HELMO. La semaine Jeux était lancée. C’est devenu une tradition.

Je le savais : ce serait bien

Pour le sous-directeur, M. Schlemmer « le monde a changé, pas l’école. Cette semaine, c’est aussi une petite révolution. Avec d’autres, cette activité brise le rythme scolaire et permet aux élèves de se valoriser ». Un de ses enseignants, Xavier Joyeux explique que les élèves en sortent en disant avoir énormément appris. Pour leur donner plus de sens encore, ces jeux seront entreposés dans un local où les classes du 1^er et du 2^e degrés pourront les exploiter dans des moments de respiration réguliers.

Cette semaine de jeu, les élèves de professionnelle la savaient d’avance positive : « On en parle avec ceux qui l’ont déjà faite, explique Dylan Dobelaere (3^e P maçon). C’est amusant et différent. Notre jeu, à la découverte du château de Guédelon, propose par exemple des défis sur de vieilles techniques de maçonnerie ».

Les réalisations et les recherches que les élèves arrivent à faire en si peu de temps ont impressionné Charline Schaqueue (3^e bac) : « Les 3 P sont exigeants : il n’est pas question de finir le jeu hors des délais et il doit avoir un niveau de qualité important sur le plan technique, du contenu et des règles ». Gerlinda Cormann (3^e bac) se disait, elle, que ce public ne serait pas touché par les jeux. Elle a découvert des jeunes enthousiastes qui faisaient avec elle un réel échange de compétences : « Cela confirme mon envie de mener à bien un TFE sur l’apprentissage par le jeu ».

Bref, le stage se reconduira l’année prochaine. Tous les partenaires en ont envie et se disent prêts à en affiner le dispositif, pour mieux préciser encore les compétences mises en oeuvre, les méthodologies, le matériel technique nécessaire.

Patrick DELMÉE