Magazine PROF n°25
L'info
« Sans le Prix des lycéens, mon cours est plus plat »
Article publié le 01 / 04 / 2015.
L’attente de rencontrer un écrivain donne envie de lire son roman. C’est une des richesses du Prix des lycéens de littérature.
Fin janvier, à l’Institut Saint-Joseph, au Roeulx. Laurence Chevalier accueille l’écrivaine Véronique Gallo, auteure de Tout ce silence, qui retrace l’histoire de sa « nonna » (grand-mère) et de ses hommes. Les « aspirants nursing et techniques sociales » ont préparé cette rencontre ; les « techniciens de bureau » s’occuperont du rendez-vous suivant, prévu avec Barbara Abel (Derrière la haine).
Ces deux écrivains font partie des cinq sélectionnés du Prix des lycéens de littérature. « De septembre à janvier, les élèves ont lu les cinq livres, explique l’enseignante. En avril, les élèves votent, à l’aide d’une grille de critères qu’ils élaborent. Deux par classe participent à la discussion finale pour l’attribution des prix, avec les autres délégués des 3000 participants ».
La rencontre débute. Six groupes d’élèves présentent des objets en lien avec des éléments du roman : les habitudes de vie, les aliments, la religion, la maladie, l’alcoolisme, l’arbre généalogique. À chaque fois, Véronique Gallo rebondit sur ces madeleines de Proust.
« Ma nonna avait une énergie folle, synthétise-t-elle. À peine entré, vous aviez un verre en main, un lacet renoué et une tartine en bouche. Cela a pu déresponsabiliser son mari et ses fils et faciliter leur alcoolisme. Et, quand elle enterre son deuxième fils, elle attrape un cancer des os, comme si tous les non-dits s’y étaient cristallisés… Je pensais que cette histoire intéresserait peu de monde. Mais beaucoup de gens y reconnaissent un de leurs proches ».
« Dans Tout ce silence, vous ne parlez pas des sœurs de nonna… » Suivent ensuite une kyrielle de questions préparées sur les thématiques, l’écriture, les passions, les préférences, les choix professionnels… de l’auteure qui répond, simplement. Miroir de vie.
Mme Chevalier a décidé de participer au Prix après une formation inter-réseaux sur la littérature belge, où l’animatrice Françoise Chatelain citait cet outil. « Il y a six ans, je n’ai osé inviter personne. La fois suivante, bien. Rencontrer des auteurs belges contemporains, vivants, en chair et en os, cela apporte énormément ». De plus, « le Prix est en phase avec toutes les compétences – je participe à la rédaction du nouveau programme : ce sera aussi le cas pour les unités d’acquis d’apprentissage ».
Pour la prise de parole en groupe, les élèves débattent sur l’obligation de lire les auteurs belges. Pour la recherche, ils réalisent un dossier sur l’auteur. Pour l’argumentation, ils réagiront en juin sur les résultats du Prix. « Tous ces travaux peuvent être évalués. Mais surtout, l’ensemble permet de donner le gout de lire aux deux tiers de mes élèves qui ne l’ont pas encore, à la suite notamment des échecs successifs dans le général ».
Le Prix des lycéens de littérature a lieu tous les deux ans (en alternance avec le Prix des lycéens du cinéma). Un an sur deux, on lit moins à Saint-Joseph : « Mon cours est un peu plus plat… »
Pa. D.
Du délice d’élire
Le Prix des lycéens de littérature est organisé tous les deux ans par Culture-Enseignement. Il fait découvrir cinq romans belges d’expression française parmi lesquels les élèves de 6e secondaire élisent leur favori. Une série des cinq livres en compétition est offerte à chaque classe par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Les demandes d’inscription sont prises en compte en fonction de leur ordre d’arrivée et dans la limite des places disponibles (pour le prochain Prix, début octobre 2016). La lecture des livres se prolonge par la rencontre d’écrivains (ou d’éditeurs), des travaux d’expression écrite ou orale.
Le site http://www.culture-enseignement.cfwb.be propose une véritable boite à outils alimentée par les classes et les enseignants participants.
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