Magazine PROF n°25
L'info
Classe lecture ? Du sens, un besoin et du plaisir
Article publié le 01 / 04 / 2015.
Avec ses classes lecture, le Centre de coopération éducative offre un vent nouveau aux pratiques de lecture et d’écriture. Et ce n’est pas différent pour les élèves du spécialisé.
Le silence se fait, comme on souffle une chandelle. Treize élèves de type 8, de l’École du Parvis à Saint-Gilles (1) sont en pleine réflexion. Ils participent à une semaine de classe lecture au Centre de coopération éducative (CCE), à Ferrières (2). L’un note ses conclusions sur une carte mentale, un autre sur une colonne de texte. Ils listent des éléments nécessaires pour faire un film.
Leur institutrice, Laure Leider, les accompagne, avec Vinciane Callens, une logopède de l’école, une bibliothécaire de Saint-Gilles, ainsi que les animateurs et les formateurs du CCE. Pour la mise en commun, l’institutrice recopie chaque proposition sur une vaste carte mentale, en laissant ouvert le débat.
La classe lecture porte mal son nom. Elle vise à changer les habitudes de lecture des élèves…, et d’écriture…, et à travers tout média. Via la résolution (citoyenne) d’une situation concrète insatisfaisante. Imane, Dounou et leurs copains sont venus avec le regard des autres jeunes sur leurs difficultés d'apprentissage et avec l’intention de produire une « action de transformation sociale ». Bref, de changer ce regard.
«S'ils ont besoin des livres, ils s'en servent»
Par quel média ? « Nous avons tous une dys-quelque chose, nous n’allons pas demander aux autres de nous lire. Pourquoi pas un film ? », a proposé une jeune. Emballé, c’est pesé. Le 20 juin, la classe de Mme Laure invitera le public et surtout les élèves de Saint-Gilles et leurs parents à visionner leur film qui traitera de leurs différences et à en débattre par après.
Pour les y aider, les adultes – et notamment la bibliothécaire – ont amené des écrits : livres plaisirs, littérature de jeunesse, documentaires, quotidiens,…
« On court-circuite la question du gout de lire, note Jean Zuède. S’ils ont besoin des livres, ils s’en servent ». Cela s’accompagne d’ateliers : chaque fin de matinée, chacun écrit pour un journal en interne, lu, affiché et débattu le lendemain ; chacun se confronte à d’autres écrits ; chacun réalise le cahier des charges du projet et le met en œuvre. Ils se poursuivront au-delà du stage, avec l’aide et le suivi du CCE.
La méthode est-elle différente pour des élèves du spécialisé ? « On fonctionne sans doute un peu plus lentement, note l’enseignante. Mais elle s’applique à tout public ».
Chaque après-midi, les élèves sont pris en charge par des animateurs. Les adultes font aussi trois ateliers : le feed-back du passé, la découverte de ressources pédagogiques amenées par le CCE, la préparation du futur. À terme, ils utiliseront la méthode dans leur classe de façon autonome.
« Tout cela demande de la préparation, de l’ouverture, l’envie de travailler en équipe, conclut Mme Laure. Mais, tant pour l’élève que pour l’adulte, une fois que vous avez du sens, de la motivation ou un besoin, et du plaisir… ».
Patrick DELMÉE
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