Magazine PROF n°28
Dossier 0-12 ans: éduquer, c'est aussi accueillir
Accompagner les stagiaires
Article publié le 01 / 12 / 2015.
Parmi les enjeux d’une réforme de l’accueil et l’éducation des jeunes enfants, épinglons-en deux : l’encadrement des stages et un meilleur équilibre entre hommes et femmes.
Des puéricultrices bien dans leur tête, dans leur fonction et dans leurs conditions de travail : tout bénéfice pour l’accueil des enfants. C’est sur cette évidence que s’est bâti un projet-pilote de soutien au tutorat de stages.
Depuis janvier 2014, le Fonds social pour le secteur des milieux d’accueil d’enfants finance une partie du temps de travail consacré par des enseignants et par des puéricultrices à l’encadrement de stagiaires à Bruxelles et en Wallonie.
En amont des stages
Plusieurs rencontres animées par le Service Professionnalisation en éducation : recherche et formation (PERF), de l’Université de Liège, ont été organisées dans chaque région. Elles ont permis de discuter de la pratique du tutorat, de difficultés rencontrées dans l’encadrement de ces étudiantes en puériculture (enseignement de plein exercice) et en section auxiliaire de l’enfance (enseignement de promotion sociale).
Ces discussions s’appuyaient notamment sur des témoignages des stagiaires et sur un carnet de bord reprenant les bonnes pratiques issues de groupes de travail coordonnés précédemment par l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) (1).
Les résultats de ces rencontres l’ont montré : en amont des stages, il est important que les établissements de formation et les milieux d’accueil échangent sur les objectifs et l’évaluation de ces stages. Et que les écoles clarifient les compétences attendues chez le jeune en fonction de l’année d’étude et fassent connaitre aux milieux d’accueil les outils d’apprentissages utilisés.
Accueillir les agents d’accueil
Dès l’arrivée des stagiaires, il faut les aider à comprendre le projet pédagogique du lieu d’accueil. Il faut aussi donner à la tutrice des moyens pour développer les compétences professionnelles et l’identité professionnelles des jeunes : dégager pour cette fonction du temps en dehors de la présence des enfants, lui permettre de suivre des formations en cours de carrière sur le tutorat… Cela permettra à la tutrice d’aider les élèves à mieux faire le lien entre ce qu’ils peuvent observer en stage et les grilles de lecture théoriques données aux cours.
Le projet est aussi ouvert, selon la même formule, à des stagiaires animateurs et éducateurs inscrits dans l’enseignement de promotion sociale et à des milieux d’accueil et des instituts de formation de l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Renforcer ainsi la collaboration entre les écoles et les milieux d’accueil devrait réduire l’apparent écart entre les compétences des élèves à la sortie des formations et le niveau de compétences attendu dans les institutions. Une voie intéressante serait sans doute la création d’une formation sur les questions de tutorat, assurée de manière collaborative par l’Institut de la Formation en cours de Carrière et l’ONE, réunissant les tuteurs de terrain et les professeurs de pratique des écoles.
Pa. D.
« Un animal à cinq pattes »
« Lors de mes premiers intérims, j’étais considéré comme un animal à cinq pattes », se souvient Jean-Louis Davin, qui enseigne en 1re maternelle à l’école Princesse de Liège, à Embourg.
Le déclic lui est venu lors d’un job d’étudiant dans une plaine de vacances. « J’ai pris énormément de plaisir à animer, avec une institutrice maternelle, des activités pour les tout petits, spontanés, curieux de tout. J’ai choisi une formation d’instituteur préscolaire en croyant – à tort – que gérer la discipline est plus facile dans les classes maternelles ».
L’enseignant ne regrette pas son choix. « J’ai pu vérifier que ce qu’un enseignant apporte aux enfants n’est pas lié au genre, mais bien à la personnalité. Je peux, je crois, plus facilement que des collègues féminines, aborder des problèmes avec certains parents. Sans doute parce que j’ai une approche différente de la situation et que j’arrive à relativiser beaucoup de choses ».
Au feu, les stéréotypes ? Au fil des années, les questions, les réactions de surprise se font plus rares. Il n’empêche. « Autrefois, on m’engageait pour des intérims en pensant que j’allais assurer l’autorité. Le coq dans le poulailler, en quelque sorte ! Aujourd’hui, des parents insistent souvent pour que leur enfant vienne dans ma classe parce qu’ils n’arrivent pas à le tenir ».
Pa. D.
Moteur de recherche
Tous les dossiers
Retrouvez également tous les dossiers de PROF regroupés en une seule page !