Magazine PROF n°10

Edito: Pour tous les « gamins au vélo »

L’autre soir, avant même que les frères Dardenne soient presque palmés à Cannes, me voilà avec mes deux gaillards face à leur Gamin au vélo. Envie de voir sa bouille, de nous frotter à sa dégaine. Histoire de retrouver une tranche de vraie vie et un peu, j’avoue, de sensibiliser mes ados à une réalité qui leur a toujours été lointaine.

Le lendemain, au tournoi de foot de l’aîné, voilà que déboulent sur les synthétiques deux-trois équipes composées majoritairement de « gamins à
vélo ». Qui prennent leur place, s’imposent sur le terrain comme ils ont probablement dû le faire depuis leurs premiers pas dans les rues de leurs quartiers. Un foot rude, mais correct, comme disent les pros du ballon rond.

Et quoi ? Faut-il des compétitions du samedi et l’écran noir du cinoche pour que des grands gosses presque adultes se croisent, se mélangent, se découvrent ? Faut-il attendre Les Barons ou ce Gamin au vélo pour ces rencontres, par écran interposé ? Je sais : je caricature, je force le trait. Et je vous entends me demander LA solution. Je ne l’ai pas. Des intuitions, des débuts de pistes, oui. Comme tout qui observe la marche du monde. Et une inquiétude : qu’à force de ne plus se rencontrer que de façon virtuelle, par écran interposé, grâce aux Dardenne, à Ken Loach, à Nabil Ben Yadir ou d’autres encore, nous perdions le mode d’emploi de la diversité. Mais peut-être ne la désire-t-on plus que quand elle est « bio » : pour les ressources naturelles, pour les fleurs et les oiseaux, pour les castors et les papillons, mais pas vraiment pour nos quartiers ni pour nos écoles…

De diversité, comme d’écran, d’ailleurs, il en est question dans ces pages. Dans notre dossier sur l’enseignement spécialisé, qui a fêté ses 40 ans durant toute cette année scolaire, et dans celui qui aborde cette « génération écran » qui baigne dans l’image. Bonne lecture.

Didier CATTEAU
Rédacteur en chef