Magazine PROF n°27

Edito: L’immobilisme révolutionnaire

C’est d’abord le regard curieux du jeune écolier qui a capté le mien. Puis ce titre, Le plaisir d’apprendre⁽¹⁾ flanqué de « Manifeste », comme un appel au rassemblement. « Ma conviction est faite et je n’en démordrai pas, insiste Philippe Meirieu : dans la course effrénée que vivent nos enfants aujourd’hui, fascinés par la vue en trompe l’œil et en temps réel, la découverte du plaisir d’apprendre reste l’acte fondateur de toute éducation ».

Après sept textes courts, légers et profonds à la fois, réunis sous la bannière « plaisirs d’école » et ponctués d’extraits littéraires ou d’illustrations, douze invités évoquent ce que ce « plaisir d’apprendre » leur inspire : François Dubet, Marcel Gauchet, Bernard Stiegler, Boris Cyrulnik, pour ne citer que les plus médiatisés. Une jubilatoire invitation à l’audace et à quitter cet « immobilisme révolutionnaire » qui nous pousserait à « ne rien changer puisqu’on ne peut pas tout changer… »

Un livre qui fait écho aux travaux du Pacte pour un Enseignement d’excellence dont la première synthèse pointe en têtes de chapitres le double défi de « parer à l’ennui chez les élèves et renouer avec le désir et le plaisir d’apprendre » et « d’inverser un certain affaiblissement du plaisir d’enseigner ». On en parle dans ce numéro, également porteur d’un supplément consacré au Pacte.

D’immobilisme, il n’en est vraiment pas question en matière d’articulation entre enseignement, formation et emploi, thème de notre dossier qui pointe les dispositifs et réformes allant en ce sens, et pas seulement chez nous. Au point que certains s’inquiètent de voir l’enseignement soumis aux impératifs socioéconomiques. En tout cas, avec 12% de jeunes de 15 à 24 ans ni à l’école, ni en formation, ni à l’emploi, ne rien faire serait irresponsable…

Bonne lecture

Didier CATTEAU
Rédacteur en chef

⁽¹⁾ Éd. Autrement, Paris, 2014.