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Magazine PROF n°9

 

La recherche 

Les filles moins attirées par les sciences

Article publié le 01 / 03 / 2011.

Une recherche a tenté d’expliquer le déficit d’étudiantes dans les filières et métiers scientifiques. Une brochure de sensibilisation en découle. Entretien avec Christelle Goffin, auteure de Moi aussi, je peux le faire et coauteure de la recherche.

Répondant à un appel à projets de la Direction de l’Égalité des chances (Ministère de la Communauté française) pour des recherches sur l’inégalité des genres dans l’enseignement, Christelle Goffin et Valérie Quittre ont observé l’orientation des filles en sciences dans le secondaire.

PROF : Pourquoi cette étude ?
Christelle Goffin
 : Selon PISA 2006, à 15 ans, filles et garçons ont des connaissances et attitudes scientifiques comparables, et sont tout autant prêts à s’engager dans des carrières scientifiques. Or, l’Europe connait une pénurie d’étudiants en sciences exactes, et davantage encore du côté féminin. Nous avons donc proposé d’étudier ce qui se passait entre 15 et 18 ans (1).

Qu’avez-vous constaté ?
Nous avons épluché les données PISA et les bases de données en Communauté française,… avant d’interviewer 46 élèves, 27 enseignants et 3 agents PMS. Le déficit de filles en sciences se marque déjà au 2e degré du secondaire. Ensuite, même si les compétences et aspirations sont en moyenne fort semblables, on voit des tendances se dessiner parmi les élèves de la filière de transition, les plus susceptibles d’envisager des études supérieures scientifiques.

Le test PISA portait sur les connaissances en et sur la science et sur la résolution de problèmes à caractère scientifique tels qu’ils peuvent se poser au quotidien. De façon globale et dans les sous-échelles de compétences et de contenu, les garçons de transition sont plus performants. Ils manifestent un plus grand intérêt pour la science, une valeur plus importante à la démarche scientifique et ont une meilleure perception de leurs compétences en sciences. Moins de filles estiment facilement apprendre des notions de sciences de niveau avancé. Seules 51% d’entre elles considèrent comprendre facilement les notions nouvelles, pour 68,1% chez les garçons. De plus, même les filles très performantes sont moins nombreuses à choisir les sciences dans le secondaire.

Des causes ?
Selon PISA, le niveau socioéconomique des parents joue dans les aspirations de la moyenne des jeunes à s’engager dans des études et carrières scientifiques. À titre indicatif, ce lien ne se vérifie pas pour les élèves de transition seuls.

Une autre cause globale est l’impact des stéréotypes de l’enfance... en partie véhiculés par les enseignants, qui attendent inconsciemment des filles plus fortes en lettres et des garçons plus forts en sciences. D’autant plus que les programmes et les manuels mettent plus en avant les hommes de science. Se créent alors d’autres clichés chez les jeunes comme les adultes : les études scientifiques sont plus longues et plus difficiles, les métiers scientifiques sont plus solitaires, conviennent peu à la vie de famille… Là où il n’y a pas de labos, le manque de pratique collective ou de participation aux expériences peuvent ancrer ces clichés dans les esprits.

Les trois agents des CPMS – un échantillon loin d’être représentatif – ne sont pas conscients qu’il y a plus de filles en sciences. L’orientation est d’abord globale. Les contacts individuels se font à la demande et les élèves susceptibles de poursuivre des études supérieures en sciences sont peu demandeurs. Néanmoins, pour expliquer la faible présence des filles dans les filières scientifiques, les agents interrogés évoquent les clichés déjà cités.

Quel est l’objectif de la brochure ?
Destinée au public de la fin du 1er degré, elle vise à informer ou à améliorer l’information des élèves et enseignants sur les inégalités de genre dans la fréquentation des filières scientifiques. Elle dresse un état des lieux de la question et bat en brèche les idées reçues. Une brochure à utiliser au cours de sciences, mais aussi en histoire, en morale ou ailleurs (2).

Propos recueillis par
Patrick DELMÉE

(1) GOFFIN C., Moi aussi, je peux le faire !, aSPe-ULg, 2010. à commander sur http://www.egalite.cfwb.be
(2) GOFFIN C. et QUITTRE C., Promouvoir l’orientation des filles vers les options scientifiques dès l’enseignement secondaire, aSPe-ULg (Promoteure : D. LAFONTAINE), octobre 2009.http://www.egalite.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=b16dd2de646e14e256714ba06dbe7d2ebdfd8c72&file=uploads/tx_cfwbitemsdec/Promouvoir_orientation_des_filles_vers_les_options_scientifiques.pdf

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