Magazine PROF n°33
L'info
Une aventure artistique et linguistique
Article publié le 01 / 03 / 2017.
Depuis cinq ans, de futures institutrices maternelles de deux Hautes Écoles, à Liège et à Hasselt, construisent ensemble un projet mariant art et apprentissage linguistique.
Les mains gantées de marionnettes – des chaussettes ornées de becs et de plumes multicolores –, quatre futures institutrices maternelles content en néerlandais l’histoire de trois poules. « Boos ! » (fâché) lance une autre étudiante en montrant un pictogramme suggestif. Et voilà que Naïm, Norah, Henrietta et d’autres froncent les sourcils, serrent les poings et gloussent en agitant les coudes à la manière des hôtes d’un poulailler. D’autres enfants accompagnent leurs mouvements par des rythmes musicaux ou présentent leurs créations : ballons recouverts de papier mâché ou sacs en papier peints et ornés de plumes.
Cette animation, en 3e maternelle immersion néerlandaise à l’École communale Hors Château, à Liège, est l’aboutissement du projet mené par des étudiantes de la Haute École de la Ville de Liège et la Hogeschool PXL de Hasselt. « Soutenues par le Fonds Prince Philippe, nous avons souhaité que nos étudiants dialoguent et collaborent avec des partenaires d’une autre communauté linguistique, expliquent Karen Reekmans, qui enseigne le cours (à option) français précoce et multilinguisme à Hasselt et Elisabeth Henry, professeure d’art et culture à Liège.
Chaque année depuis cinq ans, cette collaboration prend la forme de projets basés sur la langue et les arts. Les étudiantes des deux écoles se rencontrent puis, à partir d’un thème choisi, construisent ensemble des activités de sensibilisation linguistique et artistique pour des élèves de 3e maternelle : une année en français en Flandre, la suivante en néerlandais en Wallonie.
En 2016-2017, le choix s’est porté sur les œuvres de l’artiste plasticien flamand Koen Vanmechelen, auteur du Cosmopolitan Chicken, projet international qui, par le croisement de races nationales de poules domestiques, est à la recherche de la poule parfaite. À partir de ce thème, une vingtaine d’étudiantes des deux écoles, réparties dans des groupes mixtes, ont créé des ateliers. Les unes ont préparé la lecture d’une histoire, en néerlandais, accompagnée par des marionnettes. D’autres ont imaginé des bricolages pour en illustrer les personnages, des bruitages à l’aide d’instruments de musique très simples ou des gestes, mouvements et expressions en lien avec les émotions ressenties. « Nous avons donné des consignes, précise Mme Reekmans : dans tous les ateliers, les étudiantes devaient employer et répéter les mêmes mots-clés (exprimant des couleurs, des émotions…) et les mêmes symboles visuels. Pas question de traduction ».
Pour les deux enseignantes, les atouts d’une telle expérience sont multiples. « Cela va plus loin que l’échange de bonnes pratiques. Ces futures enseignantes qui seront confrontées à des classes de plus en plus multiculturelles auront appris à construire des stratégies pour communiquer avec des enfants ne maitrisant pas la langue parlée à l’école. Ces contacts avec les partenaires de l’autre côté de la frontière linguistique les inviteront peut-être aussi à organiser elles-mêmes des échanges pour préparer leurs élèves à grandir dans une société multilingue ».
Catherine MOREAU
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