Magazine PROF n°35
L'info
Rien à faire, rien à perdre
Article publié le 01 / 09 / 2017.
Le Délégué général aux Droits de l’enfant et son équipe jouent un spectacle-débat sur la radicalisation.
En avril, on comptait dix jeunes (8 garçons et 2 filles) arrêtés avant leur départ vers la Syrie et placés en institution publique de protection de la jeunesse (IPPJ). Le spectacle-débat Rien à faire, rien à perdre, traite de la radicalisation. Il se jouait en mai au Ruche-Théâtre, à Marcinelle devant 120 élèves de l’Institut Saint-Joseph, de Charleroi.
Le spectacle est né de témoignages de jeunes radicalisés récoltés par le Délégué général aux Droits de l’enfant, Bernard De Vos, et son équipe (1). Dans un premier temps, avec l’aide de la sociologue Isabelle Seret, ils ont recueilli des récits de vie, présentés sous forme de vidéos. Ensuite, ils ont écrit des scènes à partir des réactions des adultes recueillies dans le cadre de leur travail : parents, professeurs, policiers,… Enfin, ils jouent ce spectacle mixte, mis en scène par le Théâtre du Campus.
Un spectacle…
« Un véritable team-building, explique M. De Vos. Il nous a amenés à re-réfléchir sur le thème et à le jouer. Cette situation nous rend plus vulnérables - nous ne sommes pas acteurs professionnels - mais elle nous met en contact direct avec un nombre important de jeunes, et nous permet de les écouter ».
La pièce montre que si les adultes se posent les mauvaises questions, ils n’auront pas de bonnes réponses. Elle ne vise pas à les donner, mais plutôt à susciter le dialogue.
… prolongé par un débat
Des questions, les spectateurs en avaient. « Pourquoi enfermer en IPPJ un jeune qui n’a eu que l’intention de partir ? », « Comment un mineur peut-il quitter le territoire sans autorisation parentale ? », « Les jeunes radicalisés ont-ils témoigné facilement ? »… Et les acteurs apportaient des éléments de réponse en direct.
Ce thème interpelle aussi fortement les enseignants. « Nous avons eu des inquiétudes chez un jeune, explique Chantal Gilon, directrice-adjointe à Saint-Joseph. Les enseignants craignent ce sujet délicat pour lequel ils sont peu outillés. La pièce, à laquelle les jeunes se sont identifiés aujourd’hui, et les outils qui l’accompagnent sur le site du Délégué général, sont une bonne entrée en matière ».
Cette pièce sera rejouée en novembre, puis reprise dans le catalogue du Théâtre du Campus (2). Qu’en attendent M. De Vos et son équipe ? « On veut lever le tabou et que la discussion puisse continuer ailleurs. Les jeunes radicalisés ont beaucoup d’ambition, mais ont choisi de mauvais chemins ou rencontré des adultes manipulateurs. Mais leurs intentions ne sont pas si mauvaises que cela. Cela force à la réflexion sur la société et sur les réponses qu’elle apporte à ces jeunes ».
Patrick DELMÉE
(1) http://www.dgde.cfwb.be (> Rien à faire, rien à perdre)
(2) http://www.compagnieducampus.com
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