Magazine PROF n°38
Dossier Déclaration universelle des Droits de l'Homme : 70 ans
Les droits de l’homme, par les sentiers de l’histoire
Article publié le 06 / 06 / 2018.
Dans les Athénées de Lessines et de Tournai, le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme s’est articulé avec des travaux menés au cours d’histoire, dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale.
Voilà quatre ans qu’avec leur professeure d’histoire, Alexandra Leroy, les élèves de 5e et de 6e secondaire (option histoire) de l’Athénée royal René Magritte, à Lessines, réalisent des travaux consacrés aux traces du premier conflit mondial dans la ville.
Ces recherches les ont notamment menés à l’hôpital Notre-Dame à la Rose. Dans le cloitre, une plaque commémore la mort des réfugiés venus en octobre 1918 de la région de Lille pour se faire soigner de la grippe espagnole.
Lessines, terre promise ?
De là est née l’idée d’élargir la recherche aux réfugiés de la Deuxième Guerre mondiale et d’aujourd’hui, et d’en faire un spectacle théâtral, Lessines, terre promise ?, présenté le 25 mai.
Les élèves se sont basés sur des documents divers (livres, articles, archives, sites internet…). Mais aussi sur des témoignages : de personnes, parfois des membres de leur famille, ayant vécu l’exode de mai 1940, et des réfugiés syriens installés à Lessines, qu’ils ont accueillis en classe.
Ces rencontres avec le passé ont nourri l’écriture, lors d’ateliers. L’enseignante a réuni les textes, les a découpés et organisés pour assurer une unité de temps et de lieu. Puis, les jeunes ont pu travailler sur scène sous la houlette d’Andreas Christou, comédien et metteur en scène de la Compagnie Arts Nomades.
Le résultat : à travers les souvenirs d’enfance, de jeunesse et de l’âge adulte de deux Lessinois, Ferdinand et Philippe, le spectacle fait revivre l’expérience de réfugiés accueillis ou en exil dans la ville à trois époques. D’autres personnages viennent souligner le côté intemporel de l’exil : deux commères apportent par leurs commentaires le point de vue plus populaire ; et la ville de Lessines observe les vagues de migrations sur son territoire.
La solitude en plus
« Dans notre pièce, Lessines est devenue un personnage un peu maternel, explique Mme Leroy. C’est parfois l’attachement à un territoire qui nourrit certaines craintes, certaines haines. Pourtant, la ville est aussi un symbole de cet asile. Elle se nourrit de ces rencontres. L’idée est d’amener à ne pas opposer l’attachement à sa ville, à son pays, et l’accueil de l’autre, mais de montrer comment ils peuvent être complémentaires ».
Car Lessines, terre promise ? amène évidemment à une réflexion sur l’exil. Jolan, élève de 6e : « À travers ces trois époques, nous avons retrouvé la même motivation : la peur du présent et de l’avenir qui pousse des hommes et des femmes sur les routes à la recherche d’un lieu sûr. Mais à la différence des réfugiés des deux conflits mondiaux, les réfugiés d’aujourd’hui viennent sans bagages et sans leur famille. Avec la solitude en plus ».
L’enseignante le précise : l’intérêt de ce projet, c’est qu’il permet aux élèves d’incarner l’histoire. L’écriture créative, ainsi que le théâtre, les oblige à faire preuve d’empathie ; à se projeter dans un(e) autre ; à imaginer ses émotions, ses souffrances, ses difficultés.
« Cette question des réfugiés traverse le temps, continue l’enseignante. Les familles et le rapport à la question du droit d’asile évolue aussi en fonction des circonstances politiques. L’histoire est donc un outil intéressant pour réfléchir aux droits de l’homme et en particulier ici au droit d’asile ».
Article 14 : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
11/11/1918 et après ?
Le spectacle 11/11/1918 et après ? brasse toutes les formes d’expression artistique. Il a été construit par les élèves de 5e et 6e secondaire option histoire de l’Athénée royal Jules Bara, à Tournai. La parole à Sabrina Decuyper, professeure d'histoire et coordinatrice de ce projet.
PROF : Votre objectif ?
Sabrina Decuyper : En lien avec l’article 27 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, nous avons voulu montrer que la fin du premier conflit mondial a donné un coup d’accélérateur à la création artistique.
C’était aussi l’occasion d’approfondir le travail mené avec mes élèves depuis plusieurs années dans le cadre du Centenaire de la Première Guerre mondiale, mais aussi de répondre à la proposition de collaboration de la Musikaine, ensemble d’instruments à vents de la région.
Car le spectacle marie textes et musique ?
Oui, il se compose d’une vingtaine de scènes qui resituent dans leur contexte historique des étapes importantes de l’histoire de la peinture, de l'architecture, du cinéma, de la danse, de la musique, de la BD… Avec des projections sur l’écran d’œuvres picturales, d'extraits de films…
Si l’évocation de l’Armistice est au centre du spectacle, nous avons voulu montrer que les innovations techniques ont influencé la création artistique. Le spectacle débute avec le premier enregistrement sonore (d’Au clair de la lune) en 1860, et se terminepar l’apparition du jeu vidéo et par un slam des élèves sur l’article 27 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Chaque scène finit par un morceau musical de l'époque, joué par les musiciens.
En amont : un travail de recherche demandé aux élèves ?
Ils ont en effet travaillé en groupes pour effectuer des recherches historiques, trouver des archives visuelles et sonores… avant de rédiger des dialogues. J’ai rassemblé et retravaillé ensuite tous ces travaux pour assurer la cohérence de l’ensemble.
Article 27 : « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays ».
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