Magazine PROF n°24
Dossier Écoles & CPMS, partenaires privilégiés
« Une semaine sans se parler, c’est très rare »
Article publié le 01 / 12 / 2014.
Écoles et CPMS établissent des collaborations. Elles sont liées à des individus et parfois à des projets. Interview croisée dans une école fondamentale, à Hastière.
Rudi Baurin dirige l’école communale fondamentale d’Hastière. Isabelle Sauvage est la directrice du CPMS-PSE provincial de Beauraing-Dinant. Avec l’assistante sociale, Judith Bulfone, ils évoquent leur collaboration ainsi qu’un projet mis sur pied pour améliorer la gestion des émotions et du stress des élèves.
PROF : Les nouveaux décrets sectoriel et intersectoriel reformalisent et recadrent la collaboration autour de l’élève. Qu’en pensez-vous ?
Isabelle Sauvage : Je connais ces textes. Nous en discutons avec d’autres directeurs de centres au niveau de la province. Mais je n’en ai pas encore discuté avec mon équipe.
Rudi Baurin : Nous n’avons pas attendu ces décrets pour travailler en étroite collaboration avec le CPMS. La collaboration existait et existe. Et lorsque nous initions un projet comme Bulle d’oxygène, nous le faisons avec ce partenaire. C’est pour nous une garantie d’analyse du projet, et de relai : il assume éventuellement une prise en charge individualisée s’il se passe quelque chose qui dépasse nos compétences.
En quoi consiste ce projet ?
R. B. : Dans son implantation d’Agimont, notre école a mis en place ce projet d’ateliers de bien-être. D’octobre à fin décembre, chacune des classes, de l’accueil à la 6e primaire, participe à dix séances animées par la sophrologue Laurence Gillet. Durant une demi-heure, elle réalise avec les enfants des exercices, adaptés à leur âge, de relaxation, de respiration, de contrôle du stress, de verbalisation… Cela se passe généralement en classe et parfois à l’extérieur. L’enseignante est présente : elle se forme ainsi pour réutiliser les exercices.
Quel en est le but ?
I. S. : Cette bulle donne de l’oxygène. Elle apprend à mieux respirer, au propre comme au figuré. Elle cherche à améliorer le bienêtre de l’élève, du groupe-classe et les interactions entre l’enfant et l’école. Les exercices amènent l’élève à se libérer de ses tensions ou à apprendre à les gérer. Ainsi, il est plus disponible pour l’apprentissage scolaire. Cela bénéficie aussi à l’encadrement des élèves et facilite la gestion de conflits.
Et l’origine de ce projet ?
Judith Bulfone : Le Plan de cohésion sociale de la commune avait un budget disponible. Il a associé l’école et son CPMS pour mettre le projet en place et pour informer les parents lors d’un atelier de démonstration. Cette association est favorisée par le fait que nous nous connaissons et que la confiance est présente. Nous avons déjà travaillé ensemble. Et la sophrologue est une ancienne enseignante de l’école.
R. B. : Un bilan en décembre assurera un retour vers les parents, avant de renouveler éventuellement l’expérience. Après un mois, on voit déjà des choses positives.
Au-delà de ce projet précis, que diriez-vous de votre collaboration ?
R. B. : En général, c’est le chef d’établissement qui fait remonter le besoin d’un élève en difficulté vers le CPMS. C’est lui qui connait le mieux les missions du CPMS.
I. S. : Le Centre est fort impliqué et réactif dans l’école. Nous avons un délai maximum de 15 jours entre une demande et un contact avec les parents. Nous constatons que des parents français inscrivent leur enfant de ce côté-ci de la frontière, pour avoir cet accompagnement. Nous visitons les classes dès septembre, pour reprendre contact, marquer notre visibilité, réexpliquer nos missions, nos procédures, notre cadre de travail, aux enseignants. Nous leur envoyons également par lettre un résumé, disponible aussi pour les parents.
Par ailleurs, dès la première maternelle, nous rencontrons les institutrices pour effectuer un conseil de classe ; des observations sont également proposées. À la demande des enseignants de troisième maternelle ou des parents, un testing est proposé en deux temps. À la suite de ces testings, en cours d’année et en fin d’année, nous rencontrons parents et enseignants.
Quelles sont les conditions pour que tout cela fonctionne bien ?
J. B. : Il faut établir un climat de confiance, teinté de gentillesse, d’écoute et de professionnalisme. C’est le résultat de l’expérience et de la présence dans l’école.
R. B. : Au sein des enseignants, il faut avoir une culture du partage, de l’esprit d’équipe. Au moment où cela coince avec un élève, la réaction saine est de se tourner vers un tiers, le directeur. Si on doit aller plus loin, on contacte le CPMS. Une semaine où on ne se parle pas, avec les agents, c’est très rare.
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