logo infos coronavirus
logo infos Ukraine
logo du site Mon Espace
logo du pacte d'excellence
logo FAQ+
logo des annuaires scolaires
logo espace enseignant
logo des communiques de presse
logo du magazine PROF
 

Magazine PROF n°45

 

L'info 

Des écoles en dispositif d’ajustement

Article publié le 24 / 03 / 2020.

Un dispositif spécifique de pilotage permet d’accompagner les écoles les plus en difficulté. Une vingtaine d’écoles sont actuellement concernées, d’autres le seront à la rentrée prochaine.

Le cadre de gouvernance conçu par le Pacte pour un Enseignement d’excellence prévoit que chaque école contribue aux objectifs d’amélioration du système scolaire à travers l’élaboration d’un plan de pilotage et sa contractualisation avec le pouvoir régulateur. Le Pacte a aussi proposé un dispositif spécifique pour les écoles en difficultés particulières, nécessitant un soutien particulier.

Une expérience pilote, lancée en 2017 et toujours en cours actuellement, a permis à une vingtaine d’écoles d’entrer dans un tel dispositif, sur base volontaire et avec le soutien de leur fédération de pouvoirs organisateurs. Ce dispositif d’« écoles en dispositif d’ajustement » concernera une vingtaine d’autres écoles à partir de l’année scolaire prochaine.

Laurence Weerts a coprésidé le Groupe central du Pacte et dirige la Cellule opérationnelle de changement - Pacte pour un Enseignement d’excellence au sein de l’Administration. Elle commente ainsi l’origine du projet : « L’état des lieux du système éducatif réalisé par le Pacte pour préparer ses travaux a montré de façon très nette les différences de situation existant entre les établissements au regard d’une série d’indicateurs, tels que les résultats des élèves, leurs parcours, le climat scolaire, la dynamique des équipes… D’où la volonté de revoir la gouvernance du système, avec la mobilisation de l’ensemble des acteurs autour d’objectifs d’amélioration et la mise en place des plans de pilotage par les écoles. »

« Et comme la situation de certaines écoles, par rapport à ces indicateurs, apparaissait encore plus complexe, un dispositif spécifique d’identification, d’accompagnement et de soutien a été prévu. » Ce dispositif a été encadré par le décret « pilotage » (1).

Quatre indicateurs

Les écoles auxquelles le dispositif s’appliquera sont celles qui, au regard de quatre indicateurs, sont les plus éloignées de la moyenne des établissements de même profil et appartenant à un même groupe de classes socioéconomiques. Ces quatre indicateurs sont relatifs aux résultats et au parcours des élèves, au climat de l’école et à l’équipe pédagogique. 

Pourquoi ces indicateurs ? « En considérant différents indicateurs, sans se limiter aux seuls résultats des élèves aux épreuves certificatives, on appréhende la situation de l’école de façon plus systémique », souligne Xavier De Man, qui coordonne la mise en œuvre du dispositif d’ajustement au sein de la Direction générale du pilotage du système éducatif. Et d’ajouter : « Le dispositif est distinct de l’aide apportée au travers de l’encadrement différencié. Les écoles étant identifiées au sein d’un groupe d’écoles de même profil et de catégorie socioéconomique comparable, certaines de celles qui seront identifiées appartiendront à des classes plus élevées que celles qui bénéficient de l’encadrement différencié ». 

Précisons encore, et c’est essentiel, que si les critères de sélection des écoles en dispositif d’ajustement sont connus, la liste des écoles concernées est confidentielle.

Un pilotage spécifique… et contractualisé

Les plans de pilotage se basent sur le double principe de responsabilisation et d’autonomie. Comment se déclinent-ils dans le cadre d’un dispositif d’ajustement ? Ils sont présents, mais de manière plus restreinte, explique Laurence Weerts : « Contrairement aux plans de pilotage, l’école n’établit pas son diagnostic et ne fixe pas ses objectifs. C’est le Service général de l’Inspection qui dresse le diagnostic, après avoir réalisé l’audit de l’école. Quant aux objectifs, ils sont fixés par le Délégué au contrat d’objectifs (DCO), agissant au nom du pouvoir régulateur. »

« Mais c’est bien l’école qui détermine le plan d’actions (stratégies, actions) qu’elle compte mettre en place pour atteindre les objectifs, et elle le contractualise avec le DCO dans un protocole de collaboration » (lire Les étapes du prochain dispositif d’ajustement).

Et dans l’hypothèse où les stratégies envisagées devaient apparaitre inadéquates ? « Là, interviennent la négociation et le contrôle d’adéquation par le DCO, de la même manière que dans le cadre du plan de pilotage. »

Il faut comprendre le dispositif d’ajustement comme une période intermédiaire dans la vie de l’école (pour maximum trois ans), débouchant ensuite sur la confection d’un plan de pilotage.

Les formes de soutien

« Une mesure importante du Pacte a été de renforcer les services ou cellules de soutien et d’accompagnement, à travers des moyens supplémentaires accordés aux fédérations de pouvoirs organisateurs pour soutenir et accompagner les écoles dans l’élaboration de leur pilotage/contrat d’objectifs », rappelle Laurence Weerts. « Dans les cas des écoles en dispositif d’ajustement, les fédérations de pouvoirs organisateurs auront un rôle plus important et, à ce titre, seront signataires du protocole de collaboration entre les écoles en dispositif d’ajustement et le pouvoir régulateur »

À cette mesure d’accompagnement, le pouvoir régulateur ajoute différentes formes d’aide et soutien, notamment via l’appui d’une équipe d’« agents d’appui » (lire Un point d’appui, quatre expertises).

Les écoles ayant participé à l’expérience pilote ont aussi bénéficié du soutien d’ASBL spécialisées et de programmes de recherches menés par des équipes universitaires. « Il s’agit de programmes EBR (Evidence based research), c’est-à-dire de programmes validés scientifiquement et caractérisés par leur caractère innovant. Ils sont sélectionnés par l’Administration pour apporter une aide spécifique dans les domaines liés aux indicateurs ayant conduit à l’identification des écoles. »

« Dans le cadre de l’expérience pilote, deux recherches ont été mises à disposition des écoles, l’une visant le renforcement des compétences langagières dans l’enseignement fondamental et l’autre le renforcement des comportements positifs au sein de l’école », détaille Xavier De Man.

Les aides sont proposées par le pouvoir régulateur, mais ne sont jamais imposées.

Monica GLINEUR

(1) Section II. - Du dispositif d'ajustement et du protocole de collaboration (art. 1.5.2-13 à 1.5.2-22) du Décret portant les livres 1er et 2 du Code de l'enseignement fondamental et de l'enseignement secondaire, et mettant
en place le tronc commun. www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_02.php?ncda=47165&referant=l01

Les étapes du prochain dispositif d’ajustement 

Avril – mai 2020

Les écoles en dispositif d’ajustement (EDA) sont identifiées. Les directions de ces écoles sont informées. Les fédérations de pouvoirs organisateurs reçoivent la liste (confidentielle) des EDA de leur réseau.

Septembre – décembre 2020 

Le Service général de l’Inspection (SGI) réalise un audit des écoles concernées, qui débouche sur un diagnostic.

Décembre 2020 – janvier 2021 

Le Délégué au contrat d’objectifs (DCO) compétent communique à l’école le diagnostic effectué par le SGI, les objectifs d’ajustement qu’il lui fixe, la liste des supports ou ressources pouvant être mis à disposition par le pouvoir régulateur.

Janvier – mars 2021 

Les écoles élaborent leur projet de dispositif d’ajustement (actions prioritaires) pour rencontrer les objectifs fixés par le DCO.

À partir d’avril 2021 

Chaque école concernée négociation son projet de dispositif d’ajustement avec le DCO. Comme pour les plans de pilotage, deux situations peuvent se présenter.

•    Soit le DCO approuve le projet, et il y a alors signature et mise en œuvre du protocole de collaboration. La durée du dispositif est de 3 ans maximum, avec évaluation annuelle.
•    Soit le DCO émet des recommandations à l’école, lui demandant d’adapter le projet. Dans ce cas de figure, le projet adapté est transmis au DCO en juin-juillet 2021, et s’il est approuvé, il y a signature alors signature et mise en œuvre du protocole de collaboration. La durée du dispositif est de 3 ans maximum, avec évaluation annuelle.

« Je suis à la tête d’une école en dispositif d’ajustement »

Depuis 2017, vingt écoles sont entrées dans une expérience pilote préfigurant la mise en place des prochains dispositifs d’ajustement. Témoignage (1) d’une cheffe d’établissement.

Elle arrive dans son école à 7h, la quitte vers 19h. Et raconte son expérience avec franc-parler.

PROF : Comment se sont passés les débuts de cette expérience pilote ?
Je suis arrivée en 2017 quand l’école était déjà en plan d’ajustement. Mon prédécesseur et surtout le pouvoir organisateur avaient pris la décision de participer à l’expérience, réalisée sur base volontaire, se disant sans doute qu’étant donné l’état de l’école, une occasion était à saisir, avec un outil de pilotage. Le Service général de l’Inspection a fait un audit pour mesurer la situation des élèves – résultats, parcours…- et de l’équipe – absences, parcours…

Accueillez-vous beaucoup d’élèves en provenance d’autres écoles ?
Nous accueillons des jeunes ayant eu un parcours scolaire des plus chaotiques, ayant changé de multiples fois d’école. Cela se passe dans d’autres écoles, mais peut-être pas dans les mêmes proportions. Les dossiers d’inscription scolaire sont de véritables casse-têtes !

Les critères d’identification de l’école ont-ils été expliqués à l’équipe pédagogique ? 
Je suis arrivée après, mais je les ai expliqués en assemblée générale, en présentant le plan d’ajustement, les actions qui y étaient reprises, et leur sens par rapport à ce qu’on attendait de nous : diminuer l’âge moyen des élèves - qui était très élevé par rapport à l’obligation scolaire -, améliorer la réussite, délivrer des diplômes correspondant à un niveau de qualité et d’exigence…

"En étant en plan d’ajustement, on est accompagnés par des gens attentifs et bienveillants."
© AdobeStock/Maglara

Au niveau de l’équipe pédagogique, moins de gens partent ? 
On est encore un peu là-dedans… Il faut se dire que, quand on arrive avec un dispositif d’ajustement, il y a à recadrer des gens qui ont fait un peu comme ils voulaient, quand ils voulaient. Mais aussi comme ils pouvaient !

Un climat de confiance se restaure pourtant, avec des projets qui démarrent, portés par des professeurs. On a eu une assemblée générale, en janvier, durant laquelle des professeurs sont venus parler de leurs projets. Moi-même qui les connaissais, j’ai été frappée par leur cohérence pédagogique, et ai remarqué que l’équipe s’appropriait les choses, avec un enthousiasme contagieux.

De quels soutiens bénéficiez-vous ?
De ceux des conseillers du réseau, des agentes d’appui (lire en page 7), d’une équipe de chercheurs, d’une ASBL travaillant essentiellement par projets, pour donner du sens… Ce sont des gens externes qui accompagnent, apportent une vraie aide… Et mesurent qu’il y a du pain sur la planche !

Bilan ?
Positif. En trois ans, on a énormément travaillé, avec des résultats qui ne sont toujours pas à hauteur de ce qu’on voudrait, mais dans le cadre d’une école qui, je pense, a été longtemps abandonnée.

Un message aux écoles qui seront en dispositif d’ajustement à la rentrée ?
En étant en plan d’ajustement, on est accompagnés par des gens attentifs et bienveillants. À partir de là, saisissons notre chance !

Propos recueillis par
Monica GLINEUR

(1) Le témoignage a été volontairement anonymisé par la rédaction.

Un point d’appui, quatre expertises

La Fédération Wallonie-Bruxelles a mis en place une cellule d’agents d’appui spécifiquement chargée d’épauler les écoles en dispositif d’ajustement.

La cellule des agents d’appui auprès des écoles en dispositif d’ajustement a été créée au sein de l’Administration en 2017. L’équipe est composée de quatre personnes disposant d’expertises particulières dans des problématiques qui concernent les écoles en général. Ces problématiques peuvent occasionner des difficultés de gestion plus grandes pour les écoles en dispositif d’ajustement, précisément parce qu’elles sont confrontées à de multiples difficultés.

 Chimène Dhainault, Leslie De Decker, Kim Wintgens et Marie Joachim composent la cellule d'appui des agents d’appui auprès des écoles en dispositif d’ajustement.
Chimène Dhainault, Leslie De Decker, Kim Wintgens et Marie Joachim composent la cellule d'appui des agents d’appui auprès des écoles en dispositif d’ajustement.
© FWB/Jean Poucet

Un accompagnement sur mesure…

Les agents d’appui de cette cellule – des agentes, en l’occurrence – proposent une offre de services organisée en quatre grandes thématiques touchant au quotidien des écoles, en dehors des questions d’ordre pédagogique, pour lesquelles les écoles disposent du soutien des conseillers de leur réseau.

Deux thématiques, intitulées gestion administrative complexe et dialogue et climat de travail, sont plus orientées sur les questions de gestion interne de l’école. Les deux autres concernent le développement de l’école à travers ses partenariats: relations école-familles et relations avec l’environnement de l’école. L’environnement est ici compris au sens le plus large: Commune, associations des secteurs de la jeunesse, institutions culturelles…

Chaque thématique est traitée en priorité par l’une des agentes en particulier, du fait de son profil (lire ci-contre).

… une dynamique collective

Lorsqu’elles ont été choisies pour composer la cellule des agents d’appui, Chimène Dhainaut, Leslie De Decker, Kim Wintgens et Marie Joachim ont commencé à réfléchir ensemble à une offre de services aux écoles en dispositif d’ajustement adaptée à leurs besoins prioritaires : périmètre d’intervention de la cellule, sphères d’intervention respectives, méthodologies de travail, outils, modules…

Fortes de ce bagage, elles sont sur le terrain, auprès de la vingtaine d’écoles participant à l’expérience pilote sur le dispositif d’ajustement. Chacune de ces écoles a pu introduire une demande en vue de bénéficier du soutien de la cellule d’appui pour deux des quatre thématiques proposées, la volonté étant de mener sur celles-ci un travail en profondeur.

Bien sûr, spécialisation des agentes ne signifie pas cloisonnement et les deux agentes de référence auprès de ces différentes écoles relayent, le cas échéant, d’autres demandes des écoles auprès de leurs collègues, dans le cadre de leur coordination d’équipe. Et les retours enregistrés par l’Administration sur ce programme d’un genre nouveau sont très positifs.

Monica GLINEUR

Moteur de recherche

La dernière édition

Toutes les éditions

Retrouvez toutes les éditions de PROF.

Tous les dossiers

Retrouvez également tous les dossiers de PROF regroupés en une seule page !