Magazine PROF n°53
L'acteur
Examinateur dans un jury
Article publié le 17 / 03 / 2022.
Le nombre de candidats présentant les épreuves des Jurys augmente chaque année. Et des enseignants participent à leur organisation. Explications.
Les Jurys organisés par la Direction des Jurys de l’enseignement secondaire permettent à des personnes d’accéder à un diplôme du secondaire. Les raisons qui amènent ces personnes à présenter ces jurys sont diverses.
On s’inscrit à une épreuve organisée par les Jurys parce qu’on n’a pas trouvé sa place dans l’enseignement classique ou qu’on n’a pas pu y accéder en raison par exemple d’un handicap lourd. Ou parce qu’on est en prison. Ou qu’on suit l’enseignement à domicile et est donc tenu de présenter ces épreuves.
Certains s’y inscrivent parce qu’ils sont scolarisés dans des écoles privées dont les diplômes ne sont pas reconnus. Ou parce qu’ils ont besoin de présenter une épreuve pour obtenir une équivalence de leur diplôme. Ou tout simplement parce qu’ils souhaitent obtenir un certificat en dehors du circuit classique. Notons que les enfants en âge d’école fondamentale mais scolarisés à domicile ne dépendent pas des Jurys (1).
Jean-Luc Jelen, professeur de géographie, est aussi examinateur permanent au Jury. Il nous explique les missions des enseignants examinateurs non permanents, absolument indispensables à l’organisation des épreuves. On lira ci-contre comment manifester son intérêt pour ces missions.
PROF : Quel est votre parcours professionnel ?
Jean-Luc Jelen : J’ai enseigné la géographie pendant plus de 30 ans dans le secondaire général à Bruxelles. J’ai été examinateur non permanent pour les jurys pendant quelques années. Cela veut dire que j’étais dans mes classes, et qu’une demi-journée par semaine j’étais bénévole pour travailler au sein des jurys comme examinateur non permanent.
J’ai longtemps hésité à franchir le pas, mais après 30 ans en classe, j’avais fait le tour et je voulais me lancer un défi. Et puis, je suis tombé « amoureux » du public particulier que sont les candidats aux jurys : des autodidactes qui avaient commencé à travailler très jeunes, des personnes avec des maladies lourdes les empêchant de suivre des cours classiques, des personnes en prison, beaucoup de jeunes avec un parcours difficile… Je suis donc devenu examinateur permanent au jury.
Quelles sont les missions des examinateurs permanents et non permanents ?
En tant qu’examinateur permanent, je coordonne la préparation des épreuves. Cela va de la création des groupes de travail (en veillant à la répartition des profils de ceux qui les composent) à la conception des questionnaires d’évaluation, en passant par la surveillance des épreuves, les corrections, l’organisation et la passation des examens oraux, les délibérations. L’examinateur non permanent est chargé de l’élaboration des épreuves, de leur surveillance, de leur correction et des délibérations. Il peut également faire passer des examens oraux. Il s’agit véritablement d’un travail d’équipe. Un vrai travail collaboratif où les différences de chacun font la richesse des échanges.
Cumuler travail en classe et au jury, qu’est-ce que cela peut rapporter à l’enseignant ?
Il est clair que c’est une charge de travail, mais pour les heures de réunion, pour les épreuves, le prof peut être détaché de sa classe. Ces réunions sont ponctuelles.
Humainement, cette mission apporte beaucoup. On rencontre des collègues d’âges, de régions, de réseaux différents. Mais aussi, parfois, des candidats au parcours de vie particulier et c’est enrichissant.
Professionnellement, ces rencontres et ce travail collaboratif apportent une réflexion sur ses pratiques. Ainsi, on se remet en question. On réfléchit autrement là où on l’a souvent des automatismes. Quand on est en classe avec ses élèves, ils nous connaissent et on les connait. Ils savent comment on interroge. Ici, nous interrogeons des personnes que nous ne connaissons pas et qui ne nous connaissent pas. Il faut donc réfléchir à chaque question. Sera-t-elle bien comprise ? La personne évaluée a-t-elle tous les codes, les références culturelles pour la comprendre et y répondre ? Les différences de chacun apportent aussi une richesse pour l’élaboration de ses propres cours. On échange beaucoup et cela nourrit.
Et puis, être examinateur non permanent au jury peut être comptabilisé dans le temps de travail collaboratif (60 périodes par année scolaire) que chaque enseignant doit prester annuellement. Pour chaque réunion, une convocation est remise à l’enseignant qui peut servir de justificatif.
Et le nerf de la guerre ? S’agit-il d’une mission rémunérée ?
Si vous êtes examinateur non permanent, vous percevez votre salaire de prof et une indemnité de 120 € brut par jour presté (un jour = 6 heures).
Comment postuler ?
Vous pouvez poser une candidature spontanée pour la fonction d’examinateur non permanent. Les postes pour examinateur permanent sont ceux de chargé-es de mission et les appels à candidat-e-s sont annoncés par circulaire.
Encourageriez-vous les enseignants en fonction à postuler ?
J’encouragerais vivement les enseignants à exercer cette mission pour la richesse humaine qu’apportent ces rencontres avec des collègues et avec des candidats d’horizons différents. Et professionnellement, parce que ce travail collaboratif permet de se poser des questions sur sa pédagogie, sa manière d’interroger les élèves, sur soi. C’est vraiment une expérience enrichissante.
Propos recueillis par Hedwige D’HOINE
(1) Lire à ce sujet notre dossier « L’instruction à domicile en Belgique – Comment respecter le droit de l’enfant à l’éducation ? », PROF 50, 2021 http://cutt.ly/GAjS4CH
Tenté-e par l’aventure
Pour devenir examinateur non permanent des Jurys, les candidatures spontanées des enseignants en possession d’un titre pédagogique sont toujours les bienvenues, peu importe le réseau. Contactez l’AGE – DGEO - Service général de l'enseignement secondaire ordinaire – Direction des jurys de l'enseignement secondaire : jurys@cfwb.be, +32 (0)2/ 690 85 86 (lundi, mercredi et vendredi de 8h30 à 11h30).
Pour rappel, la Direction des jurys organise les épreuves menant aux CE1D, CE2D, CESS général, technique, artistique et professionnel (7P), CE6P (Certificat d'études de 6e année de l'enseignement secondaire professionnel), et le Diplôme d’Aptitude à accéder à l’Enseignement supérieur (DAES).
Il organise aussi des épreuves permettant d’obtenir des attestations pour accéder aux études secondaires complémentaires d’infirmier/infirmière breveté (A2) et aux études d'enseignement supérieur paramédical de type court (A1).
Pour plus d’informations sur le cadre légal, voir le décret du 27 octobre 2016 portant sur l'organisation des jurys de la Communauté française de l'enseignement secondaire ordinaire : http://cutt.ly/6AjeYWC.
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