Magazine PROF n°54
L'info
« Une nouvelle approche de l’orientation »
Article publié le 03 / 06 / 2022.
Témoignages d’élèves et enseignants rencontrés lors de la journée Story-me, à l’Athénée royal Bruxelles 2 à Molenbeek.
Manuel Mendicino, Ève Vallée et Alison Deroo enseignent à l’Athénée royal Bruxelles 2, à Molenbeek, et participent avec leurs élèves aux activités liées au projet Story-me. Impressions.
PROF : En quoi un projet comme Story-me est-il utile ?
Ève Vallée : Il est plus qu’utile, il est important ! Pour motiver, re-motiver. Pour que les élèves reprennent confiance en eux. Trop, parmi eux, sont dans la section parce qu’ils ont raté ailleurs. Il faut les aider à redonner du sens à ce qu’ils font, et à redevenir acteurs de leurs choix.
Alison Deroo : De nombreux élèves sont en décrochage et la crise Covid a aggravé les choses. Beaucoup de nos élèves sont perdus ; ils ne savent pas vers quoi ni comment s’orienter. C’est pour cela que nous avons été motivées par le projet Story-me, car il s’agit d’une nouvelle approche de l’orientation. Il renforce la relation prof-élèves ; il change l’image que l’on peut avoir d’eux. On les voit avec un autre œil, mais eux aussi nous voient autrement.
À la fin de la matinée, qu’avez-vous découvert sur vos élèves ?
Manuela Mendicino : J’ai un autre regard. J’ai même découvert la voix de certains qui habituellement ne parlent pas, et encore moins d’eux. Ici, ils ont parlé de choses dont ils ne parlent pas habituellement.
Ève Vallée : Nous avons créé du lien. En nouant ces liens, nous sommes devenus humains aux yeux des élèves et plus simplement des profs.
Alison Deroo : Si je savais que la famille était importante pour eux, j’en ai eu la preuve ce matin à travers leurs divers témoignages. À quel point leurs parents sont inspirants pour eux de par leur abnégation, leur courage à surmonter les épreuves. Il y avait beaucoup de douleur, d’émotion dans leurs témoignages. Comme cette élève plutôt grande gueule en classe qui s’est effondrée en larmes en parlant de son petit frère. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences…
Qu’allez-vous retirer de la formation préparatoire au projet et de ces journées ?
Alison Deroo : Lors de la journée de formation préalable, nous avons eu le même genre d’activités que les élèves aujourd’hui, mais à notre niveau. Je vais intégrer ces techniques dans mes cours afin d’apporter un lien plus social entre mes élèves et moi. Mais il faut être honnête : il faudrait plus de projets comme Story-me, que nous soyons plus armées, plus formées et outillées (en matériel, en outils et en motivation). Voilà ce qu’il faudrait pour pouvoir aller au fond des choses.
Ève Vallée : C’est vrai, nous manquons de matériel et puis, il faut le reconnaitre, les nombreuses absences des élèves sont un frein pour mener un projet sur le long terme. Cela peut jouer sur la motivation des profs à s’inscrire dans des projets. Et sans motivation, on ne va pas loin.
Emmanuelle, animatrice de l’ASBL Odyssée : C’est dommage que seules les écoles techniques et professionnelles s’inscrivent dans ce projet, car apprendre à se connaitre, découvrir les parcours possibles et travailler l’estime de soi, c’est valable pour tous les élèves. Je suis toujours triste quand je vois le manque d’estime qu’ont les élèves d’eux-mêmes et aussi, le manque d’estime que l’on a pour certaines sections.
Hedwige D'HOINE
Du côté des élèves...
Geovanna Dos Santos et Mariam Akakchar sont élèves en 3 TQ sciences à l’Athénée Bruxelles 2. Voici ce que Story-me leur a appris.
Geovanna et Mariam : Nous avons trouvé ces journées et surtout les activités très chouettes. Il faut reconnaitre que les animatrices y sont pour beaucoup. Elles ont beaucoup de dynamisme et d’énergie. Elles sont très enthousiastes.
Geovanna : J’ai appris beaucoup de choses sur moi-même, mais aussi sur les autres.
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