Magazine PROF n°54

Dossier Lutter contre le (cyber)harcèlement entre élèves

Leçon de bien-être en classe

Article publié le 03 / 06 / 2022.
Article paru en ligne uniquement.

Les élèves de P5 d’une école de Liège ont réfléchi au problème du harcèlement, à partir du film Un monde. Et aussi grâce à une animation.

En avril, deux titulaires de P5 de l’école fondamentale Saint-Maur, à Liège, accueillaient une animation dans le cadre du programme pédagogique Écran large sur tableau noir, proposé par le Centre culturel Les Grignoux sur le film Un monde, de la réalisatrice belge Laura Wandel ⁽¹⁾.

Le directeur de l’école, Cédric Balthasart, contextualise l’initiative : pas de problèmes graves, certes, mais la perception de situations de tension entre élèves, en classe ou dans la cour de récréation. « Et, de plus en plus, des violences verbales dans les jeunes classes ».

En réponse, l’école s’emploie à prôner les principes d’une communication non violente sur l’ensemble du parcours scolaire et à faire régner une culture de la bienveillance. Ainsi par exemple met-t-elle des valeurs particulières à l’honneur chaque année.
« Cette année, on a choisi le thème de l’accueil de l’autre ». Une stratégie qu’elle peaufine à travers la confection de son Plan de pilotage, dont l’un des objectifs porte sur le bien-être et le climat scolaire.

Des vécus divers

La classe de P5 de Joëlle Ghilain est agréablement ensoleillée. Devant le tableau, Jérémy Clément, de l’ASBL Aid'ucaction, se présente, n’hésitant pas à parler de lui à travers des aspects autres que professionnels. Pour faire connaissance avec les élèves, il leur demande de former des binômes avec un autre que sa voisine ou son voisin de banc, et d’échanger pour pouvoir ensuite le/la présenter à tous.

Nombre impair oblige, un des enfants s’est trouvé faire l’exercice avec l’institutrice. « Madame Ghilain a toujours voulu être prof. Elle a deux ans enfants… ». Et elle, à propos de son duettiste : « Il adore chanter; il déteste le harcèlement et les oignons… ».
« Quasi-frère », « canard laqué » et autres « marionnettiste »… Les mots entendus au cours de ce bref moment, dans cette classe d’apparence homogène, sont un festival de diversité.

Créer des liens

M. Clément, à son auditoire : « Il faut se connaitre. Pourquoi ? Pour créer des liens… ». La connaissance de l’autre s’enchaine avec la connaissance de soi, de ses émotions et avec la notion d’empathie.

Une des séquences s’appuie sur un jeu de cartes sur les émotions. Les enfants s’expriment sur les deux cartes qu’ils ont choisies, tandis que M. Clément fait rebondir le débat dans toute la classe sur les questions relationnelles, avec les parents, avec les condisciples…

« Je me sens seule à la maison », dit l’une (son voisin lui met la main sur l’épaule). « Je me sens curieux, parfois je m’incruste »
(« Oui ! », embraye le groupe, gentiment moqueur); « Cela fait longtemps, depuis les inondations, que je vis dans un gîte. Vous le saviez ? », demande une autre.

Faisant suite au travail mené par les enfants avec leur institutrice sur le dossier pédagogique du film Un monde, M. Clément revient aussi sur un concept comme celui de la triangulaire harcèlement/victimes/témoins, ou en fait découvrir d’autres (dont la fleur de l’estime de soi).

La séance se termine, le groupe est invité à la juger par une mini-évaluation. Les commentaires positifs se succèdent. « Tout le monde était sincère », « Quand on se sent seul et qu’on parle, on va mieux après ». Et un magistral : « On a parlé de choses dont on n’avait jamais parlé. Alors que moi je suis ici depuis la maternelle… » 

⁽¹⁾ Les séances scolaires (Liège, Namur, Bruxelles) reprennent à partir de septembre : www.ecranlarge.be/fr/.