Magazine PROF n°56

Dossier L'enseignement spécialisé

Apprendre malgré la maladie

Article publié le 05 / 12 / 2022.
Article paru en ligne uniquement.

Constitution et Convention des droits de l’enfant reconnaissent le droit à l’éducation. Il doit être respecté même si l’enfant est tenu éloigné de sa classe pour des raisons médicales.

Tous les enseignants connaitront au moins une fois au cours de leur carrière des élèves absents pour une longue durée pour des raisons médicales. Comment gérer cette absence ? Quel est le cadre légal ? Qu’appelle-t-on raisons médicales ? Comment garder le contact avec ces élèves, ne pas les exclure de la vie de classe ? Et bien d’autres questions. 

En plus du stress que génère la maladie, la poursuite de la scolarité pose également question. C’est pour éviter d’ajouter de l’inquiétude au stress que l’enseignement est organisé de manière spécifique à ces situations.

Un peu d'histoire

Au 20^e siècle, grâce au développement des connaissances en étiologie et en thérapeutique, un changement de mentalité s’opère face à la maladie. Ces changements s’opèrent également en matière d’éducation. Médecins, politiques, enseignants et parents se mobilisent pour adapter la législation et les structures scolaires aux réalités de la société, aux réalités liées à la maladie des jeunes élèves.

Ainsi, dès 1951, dans plusieurs hôpitaux de nos grandes villes, des écoles en milieu hospitalier voient le jour. En 1970, la loi organisant l’enseignement spécialisé a permis le développement de véritables écoles à l’hôpital.

À ce jour, une vingtaine d’écoles de type 5 sont organisées ou subventionnées. Elles déploient leurs activités au sein d’une cinquantaine d’institutions hospitalières. On peut donc dire qu’une école mère compte plusieurs implantations dans divers sites hospitaliers, centres de jour ou structures spécialisées dans l’accompagnement de jeunes présentant des difficultés physiques et/ou psychiques.

Pour qui, pour quoi?

L’enseignement spécialisé de type 5 est destiné aux enfants malades entre 2,5 ans et 21 ans qui sont inscrits dans une école. On entend par malades, des enfants, des jeunes qui ont dû arrêter de fréquenter leur école pour des raisons de santé de manière très large (accident, maladie physiologique ou psychologique, convalescence). Il y a donc de nombreuses causes possibles.

Comment?

L’intérêt de l’enseignement de type 5 est de permettre la poursuite de soins, de traitements dans de bonnes conditions tout en maintenant l’élève dans ce statut d’élève. Le jeune poursuit sa scolarité, il n’est pas qu’un malade.

L’enseignement de type 5 est divisé en deux types.

Le type 5A est un enseignement organisé dans une école spécifique pour les enfants malades.

Le type 5B est celui organisé au sein même de l’hôpital. Avant la crise covid, le nombre de jeunes éloignés de l’école pour des raisons psychiques, phobie scolaire par exemple, était déjà en augmentation.

Suite à la pandémie, le nombre d’élèves en décrochage scolaire pour ces raisons explose et les établissements de type 5 croulent sous les demandes (lire le Libre propos de la D^re Sophie Maes).

Les actions pédagogiques et l’accompagnement spécifiques dépendent de la durée de l’absence. Celle-ci est bien entendu couverte par un certificat médical et les aspects liés à l’obligation scolaire sont à respecter.

En dehors du type 5

L’enseignement à distance peut être un moyen pour que ces jeunes puissent suivre un enseignement. L’e-learning  de la Fédération Wallonie-Bruxelles (EAD/e-learning) propose des modules de cours en ligne interactifs. Les frais d’inscription à cette plateforme d’étude en ligne s’élèvent à 25 €/an. Toutefois, des exemptions du prix d’inscription sont prévues, notamment, pour les mineurs d’âge inscrits dans un établissement d’enseignement organisé ou subventionné par la Communauté française.

Certains parents, dans ce contexte particulier, choisiront l’enseignement à domicile pour leur enfant et devront respecter les cadres légaux propres à ce type d’enseignement.

Missions et objectifs

Lorsque l’hospitalisation est de quelques jours, les missions pédagogiques des établissements de type 5, dans les hôpitaux, sont plutôt des tâches de remédiation, d’exercices d’approfondissement.

Lorsque l’hospitalisation ou la période loin de l’école dure plusieurs semaines, voire mois, les activités pédagogiques sont différentes.

Mais il ne faut pas perdre de vue que l’objectif de l’enseignement de l’enfant malade est d’abord thérapeutique que purement scolaire. Les traitements ont la priorité

Soutenir - Accompagner

Pour soutenir le jeune dans ses apprentissages, à la demande des parents, l’ASBL École, hôpital et domicile (EHD), met à leur disposition des bénévoles à domicile ou à l’hôpital. Ceux-ci travaillent en étroite collaboration avec l’école de type 5, l’école du jeune, le jeune, les parents et le corps médical.

Garder le lien

L’école n’est pas qu’un lieu d’apprentissage des savoirs, mais aussi des savoir-être. Si les relations entre jeunes ne sont pas toujours simples, elles sont essentielles pour l’aider à se construire, à se sentir intégré à un groupe. La vie de la classe continue et le jeune qui est éloigné de celle-ci peut se sentir oublié, mis de côté.

Afin de garder ce lien entre le groupe-classe et le jeune éloigné, divers projets existent et divers outils permettent de garder le lien.

Tous en pyjama

Depuis 2006, la journée nationale du pyjama est organisée le 11 mars par l’ASBL ClassContact soutenue par le Fonds Prince Philippe. Cette journée de sensibilisation, permet d’être solidaire avec les enfants gravement malades, forcés, de rester toute l’année en pyjama à l’hôpital ou chez eux. Tous en pyjama est un moyen de faire de la sensibilisation auprès des jeunes.

Un concours photo ouvert à toutes les écoles de la FW-B est organisé à cette occasion. Il s’agit, pour les écoles participantes, de réaliser une photo originale et créative avec les élèves en pyjama en signe de solidarité avec les enfants malades. En mars 2022, l’école d’enseignement spécialisé Schaller, coup de cœur de la région bruxelloise, a gagné deux journées de handisport.

La mission principale de ClassContact est de permettre aux enfants éloignés de l’école de garder le contact avec sa classe : ClassContact installe gratuitement, à domicile, à l’hôpital et dans la classe, le matériel informatique et les connexions internet nécessaires à l’enfant malade pour entrer en contact avec sa classe. Il peut ainsi suivre les cours en direct et communiquer avec les enseignants et les élèves.

Hedwige D'HOINE