Magazine PROF n°57
Dossier Troubles du langage
SOLEM en classe
Article publié le 06 / 03 / 2023.
Un outil développé pour soutenir les enseignants de seconde maternelle dans l’observation et le développement langagier des élèves dont ils ont la charge.
Ce sont les yeux encore bouffis de sommeil que les petits élèves de 2e maternelle de la classe de Gérardine Hayen à l’École Arc-en-ciel à Molenbeek nous accueillent, mon collègue et moi, ce lundi matin.
Après le rituel matinal, les 17 petits bouts s’installent à des tables présentant des activités différentes. Toutes ont un thème commun : les émotions. Des monstres colorés représentent chacun une émotion : bleu -la tristesse, rose – l’amour, jaune – la joie.
À chaque table, les élèves doivent effectuer une activité spécifique : remplir un petit pot de pompons colorés, assembler des anneaux de couleurs en reproduisant des formes prédéfinies, jouer librement avec des monstres en feutrine ou compléter une grille mêlant memory et bingo. Le but : découvrir le champ lexical des émotions, interagir avec les copains, s’exprimer et bien d’autres encore comme la reconnaissance, la manipulation…
Les élèves m’intègrent à leurs activités. Je constate que certains enfants ne maitrisent pas la langue d’apprentissage car ils sont primo-arrivants, d’autres ont des difficultés pour oser parler, certains s’expriment avec facilité et sont de véritables moulins à paroles alors que d’autres ont des difficultés de prononciation.
On retrouve un peu de tous les profils que la méthode SOLEM identifie selon l’aisance verbale et l’engagement dans les activités.
Gérardine Hayen m’explique que depuis 3 ans, sa collègue et elle ont intégré SOLEM dans leurs cours. Après une formation en classe avec une logopède, elles ont intégré cet outil : « Il s’agit d’un outil qui ne propose pas des activités toutes faites, mais des stratégies nous permettant d’observer les élèves et d’être plus attentives face au langage de nos élèves. La logopède nous a aidées à mettre des stratégies en place. Nous faisions déjà naturellement beaucoup de choses, mais cet oeil professionnel et cette méthode font que nous sommes plus vigilantes. Nous adaptons nos stratégies, notre manière de communiquer selon les besoins de chaque enfant. »
Comme le précise Gérardine Hayen, le fait d’être plus attentive encore qu’avant aux aspects langagiers des élèves, leur permet d’alerter les logopèdes du CPMS, les parents et donc d’apporter plus rapidement un suivi si nécessaire.
En observant l’institutrice communiquer avec ses élèves, je me rends compte qu’elle utilise la reformulation pour s’adresser à eux. Ainsi, lorsqu’une petite fille lui demande si elle peut aller faire « pepe », elle reformule la requête autrement : « Tu veux aller aux toilettes ? »
En reformulant avec bienveillance, l’enfant ne se sent pas stigmatisé parce qu’il n’a « pas bien dit ».
Si SOLEM ne propose pas d’activités types, elle dresse une série de pistes et stratégies pour adapter les cours des enseignants. Il est clair que la phase d’évaluation de chaque élève prend du temps, mais elle permet de fixer 3 ou 4 stratégies qui seront travaillées plus particulièrement en classe jusqu’à l’évaluation aux trois quart de l’année. Par exemple, la reformulation des phrases par les élèves, la lecture interactive enrichie, le vocabulaire, la prononciation…
« On constate une évolution dans la communication avec les élèves, mais cela prend du temps, me dit Gérardine Hayen. Chaque petit pas que nous faisons avec eux est un grand pas pour eux plus tard. »
Une méthode qui sera adaptée en 3e maternelle au sein de l’école tant les résultats de celle-ci sont positifs.
Hedwige D’HOINE
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