Magazine PROF n°7

La recherche 

Des chiffres et des lettres

Article publié le 01 / 09 / 2010.
Article paru en ligne uniquement.

Comment bien lire ou construire avec des élèves des schémas et des tableaux scientifiques ? Des chercheuses de l’Université de Liège ont mené l’enquête avec une dizaine d’enseignants.

Si Isabelle Demonty et Bernadette Giot chercheuses en éducation, ont choisi les schémas et tableaux, c’est parce qu’ils souvent utilisés dans la structuration de la pensée et des acquis scientifiques, à l’école primaire. Lors d’une expérience scientifique, utiliser un schéma permet de visualiser et de mettre en évidence les différences entre des situations observées. Le tableau permet d’avantage d’organiser et de comparer les données recueillies. Et tous deux contribuent à structurer les acquis tout en facilitant la mémorisation.

Schémas, tableaux : exigences spécifiques

Mais ces deux outils sont-ils réellement plus accessibles que des textes ? Ça reste à voir, car schémas et tableaux sont des langages spécifiques ayant leurs exigences propres. Avec la collaboration de la biochimiste Valérie Quittre, ce groupe de recherche s’est donc fixé pour objectif d’approfondir la manière de travailler ces outils avec les élèves. Autrement dit, de mieux comprendre comment ils s’en approprient peu à peu les caractéristiques, d’analyser les difficultés qu’ils rencontrent, d’essayer de les éviter et de suggérer aux enseignants des pistes de remédiation.

Pour y parvenir, les chercheuses ont testé et observé des activités scientifiques intégrant la lecture ou la production d’un tableau ou d’un schéma, dans des classes de 5^e et de 6^e primaire. Elles ont constaté, par exemple, que pour lire ou pour construire un schéma, les élèves doivent peu à peu apprendre à décoder les signes, à interpréter les couleurs, à comprendre l’échelle et la perspective. Et que, dans un tableau à double entrée, si la plupart des enfants peuvent repérer une information explicite, les choses se corsent quand ils doivent mettre en relation les données fournies par le tableau pour en dégager les conclusions d’une expérience, par exemple.

Du pétrole flottant aux glaçons résistants

De l’observation, des entretiens avec les élèves, de leurs discussions en équipe, les chercheuses ont tiré un ensemble de pistes pour aider les élèves à lire et élaborer tableaux et schémas. Le fruit de cette recherche, subventionnée par la Communauté française, est un document à l’usage des enseignants ⁽¹⁾. Il comporte une partie réflexive présentant les caractéristiques de ces outils scientifiques et l’intérêt de les intégrer dans les activités menées en classe.

Une partie pratique détaille ensuite cinq séquences d’activités observées et testées dans les classes. Il s’agit, notamment, de comprendre pourquoi le pétrole flotte sur l’eau (pour découvrir les notions de masse volumique et de miscibilité), de soulever le coin d’une armoire pour y glisser une cale, afin de saisir le principe des leviers. Ou encore de comprendre le concept d’isolation en observant la résistance de glaçons dans des récipients à l’air libre, entourés par du carton ou par une écharpe de laine. Pour chaque activité, les pédagogues analysent les schémas ou tableaux utilisés ou construits par les élèves, détaillent les « nœuds » de difficulté rencontrés et proposent des pistes pour y remédier. Et de préciser : « Si les exemples concernent les 5 et 6^es primaires, la réflexion qui les accompagne peut concerner d’autres tranches d’âge ».

Catherine MOREAU

⁽¹⁾ DEMONTY I. et GIOT B., Les activités scientifiques en classes de 5^e et 6^e années primaires, Ministère de la Communauté française (AGERS), décembre 2009. http://www.enseignement.be/download.php?do_id=7046&do_check=