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Magazine PROF n°8

 

Dossier De bonnes bases avant de choisir

En toute complémentarité

Article publié le 01 / 12 / 2010.

Les années complémentaires permettent une orientation positive et souple des élèves.

Les écoles peuvent organiser une année complémentaire (1S ou 2S) au terme de la première ou de la deuxième année commune (1C ou 2C) au bénéfice des élèves éprouvant des difficultés. Deux balises encadrent l’horaire de ces élèves : ils doivent suivre les cours philosophiques et d’éducation physique, et cette année complémentaire ne peut être un redoublement (1). Sur une grille de trente-deux heures, vingt-sept peuvent donc être déterminées en fonction des besoins de chaque élève. Les écoles peuvent organiser une partie des cours de 1S-2S en 1C-2C.

Organiser une année complémentaire exige de la souplesse et des moyens.
Organiser une année complémentaire exige de la souplesse et des moyens.
© PROF/FWB

Souplesse

Une grille par élève, c’est utopique. Mais la modulation existe. Certains préfèrent des classes complémentaires autonomes comme, depuis un an ou deux, l’Athénée de La Roche-en-Ardenne. D’autres proposent deux structures : l’une autonome, l’autre pas. À l’Institut Saint-Michel, à Neufchâteau, les élèves aux compétences partiellement acquises ou aux difficultés occasionnelles en méthode de travail sont disséminés dans des 2C avec un soutien éventuel. Dans une classe séparée, les élèves aux plus grosses lacunes ont un horaire adapté. À l’Institut technique provincial, à Court-Saint-Étienne, les classes de 1S regroupent huit élèves pour les cours de math, de français et de néerlandais. Pour le reste, les élèves sont en 2C.

Le Collège d’enseignement technique des Aumôniers du travail, à Charleroi, organise deux types de 1S. « Dans le premier, explique la directrice Fabienne Evrard, la grille est proche de la 1C, avec de la méthode de travail. La seconde est plus proche de la 1D, avec cinq heures d’activités complémentaires d’éveil aux métiers de l’industrie. Par exemple, en français et menuiserie, on invite un menuisier. Au menu, rédaction d’invitation et de questionnaire d’interview, compréhension à l’audition, synthèse,… ».

À l’Athénée Baudouin Ier, à Jemeppe-sur-Sambre, l’analyse du profil des élèves, par des rapports de compétences très détaillés, a conduit la préfète Reinette Guelfi à organiser trois classes : une vers la transition, une vers le qualifiant, une entre les deux. À Court-Saint-Étienne, l’institut technique provincial propose deux premiers degrés, « dont un qui applique la pédagogie participative, sur un site propre, explique le directeur Jean-Paul Clayes. Avec des élèves plus acteurs de leur apprentissage. Si l’organisation d’une 1S y mange trop d’heures, j’invite les élèves à passer, sur l’autre site, dans une 1S du 1er degré classique ».

Pour Yolande Havet, du Degré d’orientation autonome (DOA) du Collège Saint-Louis, à Liège, « il n’y a pas de bonne ou de mauvaise formule, mais des organisations correspondant à des histoires et des pratiques. Et rien n’est figé ». L’école proposait une complémentaire autonome, préparant au général. Après 4-5 ans, les élèves en veulent moins, suscitent problèmes de discipline et fatigue des professeurs. Après réflexion, ceux-ci préfèrent répartir les élèves de complémentaire dans les années communes. De plus, une concertation avec l’implantation voisine, davantage tournée vers le qualifiant, a pour effet de fluidifier les passages du DOA vers cette implantation et (plus rarement) dans l’autre sens. On peut être souple aussi sur l’horaire. L’an passé, l’Athénée de Jemeppe-sur-Sambre a essayé une semaine normale et une autre plus spécifique.

Des moyens

La variété anime les structures… et le contenu des grilles. Pointons-en quelques caractéristiques. Les groupes des activités complémentaires ont en général une taille réduite (10-12), alors que la norme en année commune est de 24 élèves. De plus, sont admis en 1S des élèves de 1C, 1D, 2C ; et en 2S, des élèves de 1S, 2C, 2D (par transfert en cours d’année). Qui dit hétérogénéité dit différencié : rattraper les lacunes de certains, mais aussi tirer vers le haut des élèves qui en ont peu ou les ont rattrapées.

L’école qui organise des complémentaires détermine ses moyens. Et en premier lieu, quels enseignants ? Peut-être n’est-ce pas ainsi partout, mais « je choisis des professeurs volontaires et expérimentés, explique Mme Havet, capables de réconcilier l’élève et les cours généraux en utilisant de la pédagogie plus active et des outils comme les TIC, à son rythme ». À l’athénée de Jemeppe, les élèves ont un local spécifique, avec trois espaces modulables équipés numériquement. Avec une éducatrice, une coordinatrice gère les groupes ayant 10 heures d’activités spécifiques de soutien (qui mêlent 1S et 2S) en tenant compte des besoins et envies. Elle coache aussi les élèves par deux ou trois. Et a la possibilité d’écarter un élève du cours s’il « pète les plombs ». Particularité de l’Institut provincial d’enseignement secondaire, à Tubize : 1 heure par semaine, un professeur, différent de l’équipe, coache les élèves. Aux Aumôniers à Charleroi, une heure de français, donnée par deux professeurs, permet un encadrement varié des élèves. La diversité dans les complémentaires nécessite une bonne dose d’imagination,… et des ressources, à puiser dans le capital-périodes de l’ensemble du degré ou dans les moyens complémentaires générés par les élèves du degré différencié ayant obtenu leur CEB.

Pour orienter positivement, l’équipe éducative se met à l’écoute des besoins et des désirs des élèves.
Pour orienter positivement, l’équipe éducative se met à l’écoute des besoins et des désirs des élèves.
© PROF/FWB

L’orientation

Par ailleurs, une partie des élèves de complémentaires reste assez brouillée avec l’école. M. Clayes fait état, par exemple, de la déception d’une frange d’élèves en échec qui vont vers la 2C au terme de la 1S. Mme Guelfi estime que si on arrive à réconcilier 60% des enfants de 1S avec l’école, c’est réaliste. Elle évoque aussi le ratage délibéré de l’épreuve du CEB par certains enfants qui craignent le retour en commune : « Pour l’éviter, nous avons modulé notre grille de 1S-2S avec 10 h d’atelier, soit plus qu’en 1-2D. Ce public peut s’y retrouver ».

Par la prise en compte des besoins spécifiques de l’élève, l’année complémentaire doit l’aider à combler ses lacunes et à s'approprier des stratégies d'apprentissage efficaces. Elle ne peut être considérée (ou organisée) comme un redoublement. L’orientation se veut positive. Est-elle ressentie comme telle ? Trop tôt sans doute pour tirer des conclusions globales. Reste que ce tour de piste tend à montrer qu’une équipe éducative qui mène une réflexion et dégage des moyens en fonction des besoins de ses élèves arrive à faire de l’orientation positive, même si c’est difficile.

Patrick DELMÉE

(1) https://www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/32760_000.pdf