Magazine PROF n°13
L'info
« Décolâge ! » : tous ensemble contre l’échec scolaire
Article publié le 01 / 03 / 2012.
Construire avec tous les partenaires concernés des alternatives au maintien dès la 1re maternelle, et diminuer ainsi progressivement les pratiques de maintien et de redoublement entre 2,5 et 8 ans : voilà l’objectif du projet Décolâge !
Institutrices en 1re et en 2e primaires à l’Athénée royal, à Jambes, Florence Jounaux et Nathalie Tassignon parlent d’une seule voix : « Nous sommes venues chercher des pistes concrètes à mettre en œuvre dans nos classes pour éviter maintiens et redoublements ». Au diapason, sans doute, de la petite centaine de personnes réunies à Namur pour l’une des huit séances d’information du projet Décolâge ! mis sur orbite par le Ministère de l’Enseignement obligatoire et l’Administration générale de l’Enseignement et de la Recherche scientifique (1).
La force de ce projet : mobiliser tous les acteurs concernés par les enfants de 2,5 à 8 ans (directeurs, instituteurs, inspecteurs, conseillers pédagogiques, chercheurs,…). Et cela pour développer, faire connaitre, diffuser et soutenir des alternatives réalistes aux maintiens et aux redoublements. « Ces dernières solutions sont largement répandues dans les écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles. Partant d’une bonne intention de l’enseignant, elles s’avèrent souvent peu efficaces, dommageables pour la confiance de l’élève en lui-même, et frappent inégalement les enfants (selon le sexe, le milieu socioéconomique,…) », rappellent des équipes de recherche des Universités de Liège et de Bruxelles, qui ont planché sur le sujet.
Des « portes d’entrée » différentes
À partir de ces séances d’information données à tous, Décolâge ! a prévu des « portes d’entrée » différentes (c’est-à-dire des modalités de travail et de soutien variés) : au niveau des classes et des cycles, de l’école, entre l’école et les familles et au niveau de l’ensemble des acteurs du système éducatif.
Un outil d’analyse du passage de l’oral à l’écrit, expérimenté par l’équipe de recherche de l’ULB avec des équipes éducatives de six écoles, offre un exemple de piste d’action à développer au niveau d’une classe ou d’un cycle. Car cet outil a permis de cibler le regard des enseignants sur les potentialités et le cheminement des élèves plutôt que sur leurs difficultés. En mai, quatre journées d’information plus approfondie seront proposées aux conseillers pédagogiques, agents CPMS et formateurs de hautes écoles.
En outre, dès septembre et durant toute l’année 2012-2013, trois personnes par établissement (de préférence un enseignant du maternel, un du primaire et un agent du CPMS) pourront suivre une formation de trois journées dans le cadre de la formation en cours de carrière. Outre une information sur les ressources existantes (dont les outils développés par les chercheurs), ils pourront s’approprier des pratiques et échanger, les mettre en œuvre mais aussi les diffuser et les analyser avec leurs pairs au sein de leur école.
À l’échelle de l’école, ce sont les directeurs que le projet veut soutenir dans leur travail pédagogique. Un exemple : des directeurs d’écoles de l’est du Brabant wallon ont réuni dans une cellule inter-réseaux dix-huit enseignants volontaires venus s’informer et réfléchir à propos du redoublement, partager leurs limites, difficultés et pratiques et construire ensemble de nouveaux outils.
Par ailleurs, en partenariat avec la Fondation Roi Baudouin, le projet proposera à quarante écoles et à des CPMS trois journées de réflexion et d’échange d’expériences pour développer ou renforcer la confiance entre les écoles maternelles et les familles issues de milieux précarisés et/ou immigrés.
Une plateforme
Enfin, un comité de pilotage réunissant des représentants des différents acteurs sera mis en place pour suivre et accompagner l’ensemble du projet Décolâge ! et une plateforme commune et interactive suivra pas à pas son évolution. De quoi mettre les bouchées doubles pour éviter ou réduire maintien ou redoublement, des solutions qui, selon les chercheurs, sont « du prêt-à-porter là où il faudrait du sur-mesure ».
Catherine MOREAU
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