Magazine PROF n°13

Lectures 

Adolescences en exil

Article publié le 01 / 03 / 2012.
Article paru en ligne uniquement.

Durant deux ans, Pascale Jamoulle et Jacinthe Mazzocchetti ont vécu, observé, écouté puis analysé les réalités de primo-arrivants ou d’élèves de 2^e ou de 3^e génération, en région bruxelloise, avec l’aide d’autres praticiens de terrain. Ce travail fait aujourd’hui l’objet d’un livre intitulé Adolescences en exil ⁽¹⁾.

Les trajectoires sont multiples. L’ethnicisation gagne (encore) du terrain dans les quartiers. Et dans les écoles. « Blanc-bleu-belge », skin, black, beur,… Les étiquettes deviennent à la fois des prisons et des abris, desquelles se libèrent des parcours particuliers. La plupart de ces trajectoires sont liées à des souffrances : absence d’un lieu propre, conflits de cultures ou de générations, problèmes de ségrégation, de discrimination, d’existence socio-administrative, de scolarisation, de précarité économique… Ces trajectoires sont vécues par des ados, des groupes d’ados dans des dynamiques de bricolage identitaire, de métissage, nécessairement instables, toujours « en train de se faire », et par les adultes qui les encadrent. Elles forment un ensemble sous pression que l’on tarde à déminer.

Cet ouvrage, abordable par les élèves, le monde de l’enseignement, le tout-public, se lit comme un vaste récit de vie, mais aussi comme une étude scientifique qui soutient une thèse : « ça doit changer ». Ainsi, coordonné par ChanGements pour l’Égalité et la Ligue bruxelloise francophone pour la Santé mentale, un groupe de professionnels travaille depuis décembre, pour un an au moins, afin d’amener différents regards et pratiques sur les questions ouvertes par cette étude et ensuite de faire contagion par des projets concrets ou des interpellations vers les décideurs politiques ⁽²⁾.

Pa. D.

⁽¹⁾ JAMOULLE P., MAZZOCCHETTI J., Adolescences en exil, Louvain-la-neuve, Harmattan-Academia, coll. Anthropologie prospective, n° 10, 2011, 355 p.
⁽²⁾ Contact : Sophie Tortolano – 02 / 511 55 43