Magazine PROF n°39
Focus
L’archéologie au service de l’éveil
Article publié le 31 / 08 / 2018.
Instituteurs à l’école communale d’Ohey, Gaël Jadin et son collègue Éric Frison ont emmené leurs élèves de 5e et de 6e primaire à un « baptême de l’archéologie », qui alimente les cours d’histoire et de géographie.
Gaël Jadin et son collègue Éric Frison donnent cours (l’un de math, l’a style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"utre de français) aux élèves de 5e et de 6e primaire à l’école communale d’Ohey. Le premier, qui se charge aussi de l’éveil historique et géographique, avait déjà participé avec ses élèves à un baptême de l’archéologie, proposé par archeolo-J, près du château de Haltinne (lire ci-contre). Quand l’ASBL lui a indiqué que c’était à nouveau possible pendant les jours blancs de juin 2018, il a sauté sur l’occasion.
Cette fois, la journée (les élèves de 6e lundi, ceux de 5e le lendemain) se déroulait sur le site de la villa gallo-romaine de Lizée, à Montegnet, un village de la commune de Havelange, où archeolo-J mène des recherches depuis 2014 (1).
Un leitmotiv : contextualiser
Chaque fois, la classe a été divisée en deux groupes, animés par deux archéologues passionnés : Sophie Lefert se chargeait de l’atelier de fouilles, tandis que sa collègue Anne Defgnée emmenait sa petite troupe vers deux carrières (l’une de grès, l’autre de calcaire) et en profitait pour décrire ce pays « des tiges et des chavées » qu’est le Condroz (2).
Car archeolo-J, présent dans le Condroz depuis vingt ans, met un point d’honneur à tisser des liens entre la fouille et le contexte (historique, géographique, sociologique) de ce qui est mis au jour. Mais aussi les liens entre les techniques de fouille et des notions de mathématique (abaques, notion d’échelles, entre autres) ou de français (rigueur du vocabulaire).
Les élèves (de fin de primaire jusque fin de secondaire) touchent également du doigt les diverses facettes du travail, en amont et en aval des fouilles proprement dites : du terrassement jusqu’à la publication de rapports accompagnés de relevés et dessins extrêmement méticuleux, en passant par le nettoyage minutieux des pièces et tessons dégagés des terres.
Gaël Jadin, lui, se servira de cette journée pour ses cours d’éveil historique et géographique. « Le cours d’histoire est souvent mal apprécié par les élèves, explique-t-il. C’est pourquoi j’essaie très souvent de sortir de la classe pour qu’ils puissent vivre des expériences. Le baptême d’archéologie en fait partie. L’archéologie en elle-même suscite parfois de l’intérêt auprès des enfants. Pour eux, gratouiller la terre pour trouver des trésors peut être très amusant... »
Le point de départ du chapitre sur les Gallo-romains
« J’essaie toujours de joindre l’utile à l’agréable pour le cours d’histoire-géo. Nos contrées sont très riches à exploiter tant au point de vue historique que géographique : le pays des tiges et chavées, l’histoire de la guerre de la vache, la vallée de la Meuse, les forts construits autour de Namur ou Liège… Tant de choses concrètes qui peuvent être utilisées dans le cadre des cours d’éveil ».
Plus spécifiquement en lien avec la journée vécue en juin, « la villa gallo-romaine fouillée à Montegnet sera le point de départ du chapitre sur les Gallo-romains. Je pense dès la rentrée repartir de photos prises sur le site des fouilles et des plans de la maison pour reparler des différentes pièces de la maison : l’hypocauste, les techniques de construction ainsi que les matériaux utilisés (grès et calcaire) et partir ainsi sur le chapitre du Condroz (localisation, structure du sol, activités agricoles et touristiques… »
Comme les élèves qui viennent d’entrer en 5e n’auront pas vécu le baptême de l’archéologie, M. Jadin pense « travailler sur les différentes parties de ce dossier par groupes en mélangeant les élèves de 5e et de 6e. Ce qui sera aussi l’occasion pour eux, surtout en ce début d’année, d’apprendre à se connaitre et d’échanger ».
M. Jadin, qui aime beaucoup « sortir de la classe et se lancer dans différents projets ou différentes situations de départ », ne fera peut-être pas de baptême de l’archéologie une habitude : « Pas nécessairement. Dans le cycle supérieur, on nous propose beaucoup d’activités. Ce baptême d’archéologie est très intéressant mais d’autres projets le sont aussi… » En tout cas il aura aussi mis en lumière certains élèves qui, « parfois pas très scolaires et allergiques au papier, ont mis la main à la pâte et fait de l’histoire-géo sans s’en rendre compte… »
Didier CATTEAU
(1) Lire « La villa gallo-romaine de Lizée », dans Les Dossiers d’Archeolo-J – Échos de nos recherches en 2017, via http://www.archeolo-j.be/documentation/publications/echos-de-nos-recherches
(2) Où alternent des crêtes au sous-sol gréseux, appelées « tiges » et de dépressions calcaires dénommées « chavées » et parallèles aux crêtes.
Comprendre sa région
Depuis vingt ans, l’ASBL archeolo-J (1) (qui fêtera ses 50 ans en 2019) est active dans le Condroz, où elle possède deux sites : le site gallo-romain de Montegnet qui permet de comprendre la romanisation de la région, et le site médiéval et post-médiéval de Haltinne.
Grâce aux subventions de la Région wallonne, archeolo-J propose aux écoles des animations gratuites. Trois possibilités existent.
Baptême de l’archéologie
Un : le baptême de l’archéologie d’une journée entière (ou à défaut d’une demi-journée) sur le site de Haltinne, afin de faire découvrir aux élèves comment les archéologues apportent leur contribution à la connaissance de l’histoire locale.
Réservée aux classes de 5-6e primaire et de secondaire (vingt élèves maximum), cette activité se découpe en quatre ateliers : enquête-découverte du village, avec examen de cartes et dessins anciens ; visite interactive du chantier archéologique ; initiation pratique à la fouille ; et atelier de nettoyage du matériel découvert (tessons de céramique, ossements…).
En juin 2018, durant les jours blancs, ces journées ont eu lieu sur le site de Montegnet, et on lira ci-contre que les deux archéologues animatrices, Sophie Lefert (notre photo) et Anne Defgnée, cassent l’image d’Épinal de l’archéologue ! Ouverture sur l’histoire, la géographie, l’étude du milieu, ces journées illustrent aussi l’utilité concrète de notions apprises en sciences, en mathématiques ou en dessin par exemple. L’activité n’est donc pas réservée aux profs d’histoire...
Conférences et expositions
L’ASBL propose aussi des conférences-ateliers illustrées données par un archéologue-animateur. Elles portent sur « l'archéologie et ses techniques », « les jeux de société dans l'Antiquité », « le jeu au Moyen Âge », « la tapisserie de Bayeux, un scénario historique mis en image au XIe siècle » et « la vie quotidienne en Gaule romaine ». Les quatre premières prévoient un atelier participatif. Archeolo-J peut aussi mettre les enseignants en contact avec des conférenciers spécialisés en civilisation égyptienne, grecque ou étrusque.
Troisième possibilité : accueillir une exposition sur l’un des sujets suivants (en lien avec les conférences) : l'archéologie et ses techniques, jeux et jouets à travers les âges, l'artisanat en Gaule romaine, la Tapisserie de Bayeux, ou vivre dans un manoir au XVIe siècle.
D. C.
(1) Archeolo-J, rue de Fer 35 à 5000 Namur (081 / 61 10 73 ou info@archeolo-j.be). http://www.archeolo-j.be
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