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Magazine PROF n°45

 

Dossier Leadership partagé : le retour du collectif ?

« C’est un processus joyeux »

Article publié le 24 / 03 / 2020.

La Clairière fait partie de la 1re vague des écoles ayant élaboré leur plan de pilotage. Une démarche qui a su rapidement cristalliser les énergies de toute son équipe pédagogique et éducative.

L’école secondaire de l’enseignement spécialisé (type 2) La Clairière, située à Watermael-Boitsfort, compte quelque 180 élèves, encadrés par une équipe d’une soixantaine de personnes.

Alain Caron, directeur (à gauche): le changement se partage avec toute l’équipe.
Alain Caron, directeur (à gauche): le changement se partage avec toute l’équipe.
© PROF/FWB

Son directeur depuis près 30 ans, Alain Caron, est bien placé pour témoigner que la dimension collaborative a toujours été présente dans l’établissement. Comme d’ailleurs dans la manière dont lui-même a toujours conçu son travail de direction. « Mais cela n’apparaissait pas avec la même visibilité dans l’équipe que maintenant ».

« Maintenant », c’est-à-dire depuis l’élaboration par l’école de son plan de pilotage et sa conversion en contrat d’objectifs. Il en prend pour exemple que les décisions du Conseil de classe, prises en délibération de tous ses membres, étaient néanmoins souvent perçues comme « des décisions de la direction ».

Aujourd’hui, les choses ont pu changer parce que « le changement est venu de toute l’équipe ». Pour M. Caron, un moment-clé a été celui des deux journées de travail au cours desquelles l’assemblée générale a fait le tour de toute une série de problèmes qui se posaient à l’établissement : « On en a priorisé trois, auxquels ont correspondu trois objectifs stratégiques sur lesquels nous travaillons prioritairement. Mais on n’a pas écarté la possibilité de travailler aussi sur les autres problèmes soulevés. »

Collaborer sur les objectifs stratégiques, mais pas seulement 

Deux grands panneaux sont affichés dans le couloir principal de l’école. L’un est dédié au contrat d’objectifs, avec les trois objectifs stratégiques approuvés par la Déléguée au contrat d’objectifs et la présentation de chaque action à mener pour les atteindre synthétisée en mots-clés : qui pilote ? Quel est le groupe cible ? Qui collabore ? Avec quel calendrier ?

L’autre panneau est celui du calendrier des « autres travaux collaboratifs », où apparaissent les thèmes de travail plus ponctuels. Dans ce cadre, un groupe a par exemple planché sur la politique des sanctions.

« Les phrases telles que : Je ne suis pas au courant, Je ne sais pas à quoi ça sert,… n’ont plus cours, résume M.Caron. Tout le monde sait ce que fait tout le monde, tout le monde participe à des projets et on revient en assemblée générale pour faire le point sur l’état d’avancement de ceux-ci. »

Le système retenu pour organiser les deux heures/semaine de travail collaboratif semble simple : « Chaque enseignant a une heure de travail collaboratif fixe dans son horaire. L’autre heure est flottante, explique M. Caron. Pour l’heure fixe, travaillent ensemble ceux qui ont fourche en même temps. Pour l’heure flottante, les professeurs qui se sont inscrits pour travailler sur une thématique s’organisent entre eux comme ils le souhaitent. »

Dans ce cadre, le travail commun pendant les « heures fixes » est d’office interdisciplinaire. « Et ça marche bien, c’est enrichissant. »

Un premier bilan ?

Le bilan tiré par Alain Renier, chef d’ateliers, est positif : « Beaucoup de professeurs s’impliquent. On construit un peu l’école, tous. On lutte contre ses faiblesses… » Lui-même s’investit notamment dans un projet s’appuyant sur l’application Smartschool, avec l’équipe des éducateurs. Objectif : améliorer le suivi des dossiers des élèves, au niveau de l’équipe et en relation avec les parents.

Bénédicte Lafontaine est professeure d’adaptation sociale. « Ce processus a ouvert un espace de liberté aux équipes. On a des groupes de travail sur le bulletin, sur l’élaboration d’un canevas pour les Conseils de classe… Pour l’EVRAS (Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle), on travaille tout le temps ensemble. »

Elle est fortement engagée dans un des trois objectifs stratégiques, portant sur le Plan individuel d’apprentissage, mais aussi dans des projets plus ponctuels. « Je travaille pour le moment avec une artiste sur un projet de calendrier mural qui affichera des choses gaies, à lire et à regarder, les prochains anniversaires, des photos… »

Chaque projet de travail collaboratif est encadré par un « tableau de bord  », établi jusqu’à la fin de l’année scolaire. La gestion du temps préoccupe : « Une heure de travail collaboratif ne représente, en fait, que quelque 50 minutes de travail, souligne Mme Lafontaine. Pour plus d’efficacité, on privilégie les petits groupes de travail. »

Et de conclure : « C’est un processus joyeux. Propice au bien-être de l’équipe. »

Le climat scolaire

Le bien-être de l’équipe rejaillit-il sur les élèves ? M. Caron dit ne pas en avoir de certitude, mais remarque moins de bagarres entre élèves qu’avant. Autre indice d’amélioration du climat scolaire, « même s’il peut paraitre anecdotique », la dernière fête scolaire a rassemblé bien plus de participants que l’an dernier…

Il résume ainsi un autre grand motif de satisfaction : « Le travail collaboratif, le partage des responsabilités, on ne les a pas mis en place parce qu’il y a un décret, mais parce que c’est notre métier qui le veut. »

M.G.

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