Magazine PROF n°21

L'info 

La force collective du qualifiant carolo

Article publié le 01 / 03 / 2014.
Article paru en ligne uniquement.

Le projet interréseaux de la Cité des Métiers à Charleroi revalorisera l’image de la formation qualifiante dans le Hainaut. Pour répondre à la demande de techniciens, cela devient crucial.

En 2017, Charleroi aura une Cité des Métiers, comme Namur, Liège et d’autres villes en Europe. Habituellement, la Cité des Métiers est conçue comme un guichet unique en matière d’orientation. « À Charleroi, on ira plus loin, déclare Olivier Marchal, du Comité subrégional de l’emploi et de la formation. Ce guichet couvrira aussi la formation, l’enseignement et la découverte de métiers ». Dans cet espace, un élève du qualifiant travaillera en atelier, parfois à côté d’un bachelier ou d’un ouvrier. Un chômeur, un élève du primaire ou du général viendront découvrir un métier ou une orientation possible. Une classe ou une famille visitera une exposition ou participera à un évènement…

Une meilleure orientation

L’objectif ? Orienter de façon plus rapide et plus positive des élèves, notamment vers des secteurs riches d’emplois. « L’alimentation de nos sections ne suit pas la demande, explique Jean-Paul Baudson, directeur de l’Institut d'enseignement technique secondaire. Pour son aciérie inox à Châtelineau, Usinor voulait deux-cents techniciens. Les opérateurs de formation et les écoles lui en ont offert douze. De plus, Ores et Infrabel, par exemple, ont engagé beaucoup de techniciens dans les années 70’. Dans les cinq ans, ils seront pensionnés ».

Le budget ? 30 000 000 €. Le cadre ? Les différents espaces de cette Cité se regrouperont autour de l’Université du Travail et du Collège Technique des Aumôniers du travail. M. Baudson : « Nos élèves et nos enseignants en pratique professionnelle feront preuve de mobilité. Nos ateliers industriels (soudure et électricité) seront réunis sur un site. Nos ateliers construction sur un autre. Nous les rentabiliserons mieux. Avec nos moyens unis à ceux de nos deux CTA (150 000 € pour les trois réseaux par an), nous achèterons plus facilement du matériel de pointe ». Autour, on retrouvera le Campus technologique, le FNRS, le Musée d’art moderne, la bibliothèque universitaire,…

Des défis surmontés

Participent au projet plusieurs opérateurs de l’enseignement et de la formation, en interréseaux. « Pour y perdre son âme », diront certains. « Notre qualifiant est passé de 6 000 élèves à 1300, répond M. Fisette, sous-directeur du Collège technique. Aujourd’hui, nous choisissons quelles sections fermer. Demain y aura-t-il encore une école qualifiante à Charleroi ? Et laquelle ? ».

D’autres diront : « Projet irréaliste ! ». M. Baudson : « Nous avons surmonté tous les obstacles juridiques pour partager nos bâtiments et nos matériels ». Cette force de partenariat provient du projet pilote d’une Instance de pilotage inter-réseaux de l'enseignement qualifiant. « Dans celle-ci, un diagnostic commun et une même vision ont amené les participants du bassin scolaire à dialoguer, avec franchise, et à faire synergie face aux défis posés », explique M. Marchal. Ainsi, elle a mis en œuvre en 2009 le projet interréseaux Écoles accueillantes - Écoles circulantes. « Les écoles volontaires regroupent les cours d’éducation à la technologie. Leurs professeurs et élèves sont accueillis dans les ateliers des écoles qualifiantes, trois demi-jours par secteur » . Un facteur d’orientation plus rapide et plus positive.

Patrick DELMÉE