Magazine PROF n°21
L'acteur
Virginie Marchand :
« Évalués en continu, mes élèves sont moins stressés »
Article publié le 01 / 03 / 2014.
Remplaçant les examens, des contrôles réguliers en fin de séquence d’apprentissage permettent d’évaluer les acquis des élèves. C’est le défi de Virginie Marchand, à l’École primaire de Vecmont.
PROF: Voici 10 ans, vous avez pris les rênes d’une classe primaire unique dans cette école communale de La Roche-en-Ardenne. Vous vous y sentiez préparée ?
Virginie Marchand: Pas du tout ! J’y ai débarqué par hasard, pour un remplacement, après des études d’institutrice primaire, à l’Henallux à Bastogne. Après quelques années de travail et de réflexion, je me suis dit que, disposant de six ans pour préparer les enfants au CEB, je pouvais les faire travailler à leur rythme. Dans une classe unique, si une matière n’est pas acquise à la fin de l’année, on sait où l’on doit redémarrer l’année suivante.
J’aborde certains apprentissages (les types de textes, le pluriel des noms,…) de la 3e à la 6e en même temps; les plus grands expliquent aux plus jeunes avec des mots simples, ce qui permet de vérifier s’ils ont eux-mêmes bien compris. Pendant que je peaufine les apprentissages chez les uns, les autres font des exercices.
Lorsque le nombre d’élèves inscrits permet de dédoubler, nous nous posons la question : pour quelles matières est-il préférable ne pas rassembler tous les élèves ? C’est le cas, par exemple, pour l’apprentissage de la lecture en 1re et 2e, pour les « grosses » matières en 5e et 6e comme les grandeurs et/ou le traitement de données. Chaque année, nous évaluons et essayons d’améliorer la formule et nous cherchons des outils (manuels, documents,…) différents, plus ludiques pour éviter la monotonie.
Pourquoi avez-vous décidé de réduire les évaluations ?
Maitresse à bord, j’ai trouvé mes marques peu à peu. Me rendant compte qu’il n’y a pas de bonne période pour les examens, je les ai supprimés et je n’ai gardé que le bulletin chiffré de fin d'année (1). Lorsque j’ai fini un module, j’évalue les élèves par des contrôles annoncés ou non. Lorsque la matière n’est pas acquise, je la reprends pour tous, donnant des exercices supplémentaires à ceux qui s’en sortent, et des contrôles de rattrapage. Je demande aux parents de suivre chaque jour les progrès et le travail réalisé dans la farde de contrôle de leur enfant.
Les avantages ?
Éviter examens et révisions me permet de gagner un mois et demi par an. Mes élèves, habitués aux contrôles réguliers, sont moins stressés. Entendons-nous bien : ils participent aux évaluations externes non certificatives de la Fédération Wallonie-Bruxelles, aux épreuves certificatives, construites par certaines directions de la Province de Luxembourg (à la fin de la 2e et de la 4e), et, bien sûr, au CEB.
Au début, pour les parents, c’était la révolution ! J’ai dû expliquer, réexpliquer. Quand ils ont vu qu’il y avait des contrôles en continu, cela a été mieux. Ce qui m’a aidée aussi, c’est le rapport très positif de l’Inspection et le fait que mes élèves, très autonomes, ne vivent pas moins bien que d’autres le passage en 1re secondaire.
Ceci dit, j’ai remis – à contrecœur – à Noël un bulletin chiffré mais où chaque module est évalué à part sans moyenne et addition des points.
Propos recueillis par
Catherine MOREAU
(1) Dès septembre, vingt écoles du réseau Wallonie-Bruxelles Enseignement participeront à un projet pilote visant une redéfinition claire de l’acte d’évaluer et de son rôle effectif dans l’apprentissage, mais également un balisage précis de ses pratiques. http://www.wallonie-bruxelles-enseignement.be/index.cfm?page=GrdPrjEvaluation&profil=visiteur
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