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Magazine PROF n°2

 

 

Crispations autour de l’inspection

Article publié le 01 / 06 / 2009.

Digérée, la réforme de l’inspection ? Pas encore, à en juger par les crispations qu’elle suscite. Il faut convenir qu’il s’agit d’une révolution copernicienne…

Bien sûr, on entend davantage les murmures de récrimination que les silences approbateurs. Il n’empêche : l’inspection, en secondaire pour l’essentiel, suscite l’ire de la CSC-Enseignement, pour qui « elle a une image répressive, qui génère la crainte, alors que de nombreuses voix s’élèvent pour dire qu’il faut aider les enseignants plutôt que de les sanctionner ». Pour la CGSP-Enseignement, la réforme a eu le mérite de clarifier les missions de l’Inspection, mais ça coince pour certaines modalités d’application, comme la formation des inspecteurs, qui prend du temps, vu l’afflux de candidats.

Côté enseignants, certains s’inquiètent de l’usage qui pourrait être fait des rapports d’inspection collectifs, adressés aux directions dans le réseau de la Communauté française, aux PO dans le subventionné. Libre à eux d’en discuter avec les personnels concernés. Mais l’Inspection rassure : jamais un rapport individuel n’est établi après ces visites collectives. Certes, le Service général d’inspection accompagne parfois ce rapport d’une note de conseils aux enseignants, qui peut être individualisée, mais qui ne constitue pas un rapport individuel. Au contraire de la visite collective, initiée par l’Inspection, le rapport individuel est sollicité par le chef d’établissement ou par le PO. La crainte à ce propos est de le voir « rester des mois et des mois dans un dossier personnel, avec l’incertitude que cela génère », l’enseignant concerné ne sachant pas le sort que réserve sa direction à ce rapport. On précisera que sa durée de validité est de douze mois.

Personne n'aime être évalué

Outre le fait que personne n’aime être évalué, l’Inspection générale du secondaire précise aussi qu’il a fallu que chacun s’adapte à la réforme de 2007 (1). Dans « l’ancien régime », l’inspection du secondaire exerçait dans l’enseignement subventionné une mission de contrôle du niveau des études, essentiellement lors des ouvertures d’option. Elle était beaucoup plus présente dans le réseau de la Communauté française, avec des missions multiples : élaboration des programmes d’études, évaluation des enseignants – avec d’éventuelles conséquences sur la carrière –, formation en cours de carrière, soutien pédagogique…

Depuis 2007, les inspecteurs visitent de la même manière les écoles de tous les réseaux, en y exerçant les mêmes missions, en particulier celle d’évaluation du niveau des études. Plus présents qu’avant la réforme dans l’enseignement subventionné et moins dans celui de la Communauté française où leurs tâches de soutien et d’accompagnement pédagogique incombent désormais aux conseillers pédagogiques, leur métier a changé. Sans doute les cultures doivent-elles s’harmoniser. Mais le stress du « nouveau régime » n’est pas l’apanage des enseignants. Face à un changement de métier, les inspecteurs sont les premiers à devoir changer leurs pratiques, leurs modes de fonctionnement.

« Aider les équipes à progresser »

La réforme suppose une révolution copernicienne. Dans son bilan 2007-2008, on peut lire que « l’inspection de l’enseignement secondaire ordinaire, imprégnée d’une culture de l’initiative individuelle orientée vers le conseil à l’enseignant, a dû s’adapter progressivement à une culture de l’investigation collective orientée vers une prise d’informations normalisées ». L’Inspection a donc développé un modèle-type de rapport sur le niveau des études, afin de pouvoir en tirer des enseignements généraux.

L’objectif de chaque visite est bien « d’aider les équipes à progresser et non d’évaluer les enseignants ». Mais le souci de pouvoir quantifier les choses a pu donner lieu à des excès de formalisme, pas nécessairement mieux vécus par l’inspecteur que par l’équipe visitée… Après l’observation, le rapport de visite. Tâche délicate, admet l’Inspection. Qui n’a cependant reçu que « cinq ou six réactions, mais peut-être ne nous dit-on pas la même chose qu’aux syndicats… » Il faut oser dire la vérité, en ménageant la sensibilité des enseignants inspectés. L’objectif est de permettre aux directions de mesurer les actions à entreprendre pour améliorer ce qui doit l’être. Car depuis le décret de 2007 sur les directions, celles-ci ont une responsabilité à cet égard (2). « Dans l’immense majorité des cas, ça se passe plutôt bien, parce que la direction prend le rapport comme un point de départ pour améliorer les choses ensemble… »

Au bout de l’année, ces rapports livrent des indications utiles, qui sous-tendront le travail ultérieur des inspecteurs et, par ricochet, influenceront les pratiques de terrain. Entre liberté pédagogique bien comprise et pilotage du système éducatif, l’inspection entend aussi contribuer à améliorer la situation. Même si elle n’échappera pas à son rôle ingrat de contrôle…

Didier CATTEAU

(1) http://www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_01.php?ncda=31929&referant=l01
(2) Article 11 du décret Direction, http://www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_01.php?ncda=31886

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