Magazine PROF n°25
L'info
Des laboratoires créatifs en haute école
Article publié le 01 / 04 / 2015.
Des « creative school labs » équipent les départements pédagogiques de six hautes écoles. Une soixantaine d’enseignants se forment à les utiliser. Le but ? Trouver de nouvelles pratiques pour eux et les futurs enseignants.
Géraldine Thonet enseigne dans la section pédagogique de la Haute école Condorcet, et utilise le « laboratoire créatif » depuis un an.
PROF : Qu’est-ce qu’un « creative school lab » ?
Géraldine Thonet : L’enseignant dupliquait les façons d’enseigner de ses prédécesseurs, qui ne répondent plus aux élèves d’aujourd’hui. Grâce à la créativité et à l’esprit d’équipe, il peut varier son enseignement et en devenir le designer.
Dans le creative school lab, les normes tombent et se renouvellent. Les tables, les bancs disparaissent. Apparaissent un salon, des tablettes, un tableau blanc interactif, un coin recherche de documents avec un ordinateur connecté, un coin détente où on peut lire à l’aise ses documents, un coin forum où on peut pratiquer un cours, se filmer et revoir la vidéo de ses prestations….
Le ministre de l’Enseignement supérieur soutient le projet. Dans le cadre du programme Creative Wallonia, chacune des six hautes écoles reçoit un budget de 105 000 €. Celui-ci a permis à la nôtre de mettre en œuvre trois labos. Cet aménagement est réfléchi en fonction du projet de chaque équipe d’utilisateurs.
À Mons, nous avons créé divers espaces en fonction du processus créatif (création, idéation, construction) et des couleurs : le bleu favorise la 1re phase, le rouge la 2e et le vert la 3e.
La créativité, on l’a ou pas, non ?
On nait tous créatifs. La société, l’éducation, l’école nous « norment » et l’amenuisent. On peut la (re)développer grâce à des techniques.
Et placer un divan en classe favorise la création ?
C’est possible de développer la créativité dans un local « normal ». Mais le labo a un impact. Il crée une atmosphère plus libre. Lorsque mes étudiants passent la porte, ils savent qu’ils vont travailler autrement. En plus du cadre, la posture de l’enseignant joue énormément. C’est pourquoi ne viennent dans le labo que ceux qui ont suivi une formation à la créativité dispensée par Creative Wallonia (1) et European school lab.
Ces labos font-ils l’unanimité ?
Certains collègues ont une crainte de sortir du cadre et d’adopter une nouvelle posture. D’autres sont preneurs et aspirent à être aussi formés…
En Europe, nous sommes les premiers à créer de tels labos. D’autres pays nous envient. D’autant plus que ce projet est encadré par une formation solide menée par des professionnels. Leurs techniques viennent souvent de la publicité et du marketing : brainstorming, brainstorming « dans la peau de », carte mentale de post-it, associations d’idées... L’essentiel est d’y puiser ce qui est intéressant et peut ouvrir l’esprit.
N’est-ce pas un effet de mode ?
Tout ce qui est différent peut avoir un effet de mode. Le mieux, c’est d’avoir un effet… sur l’enseignement. On vient de commencer. Mais mes étudiants ont par exemple pour consigne de travailler avec leurs élèves en stage de nouvelles façons de synthétiser la matière vue. Et cela fonctionne : de la carte heuristique à la saynète en passant par la vidéo…
Patrick DELMÉE
(1) Creative Wallonia présente le projet sur son site (http://www.creativewallonia.be/creative-school-lab) et diffuse des capsules vidéo sur sa page Facebook (http://on.fb.me/1bTwfv1).
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