Magazine PROF n°25
L'acteur
Joseph Léonard : « L’Inspection n’est pas un service de gendarmes »
Article publié le 01 / 04 / 2015.
Joseph Léonard est devenu Inspecteur général coordonnateur en octobre 2014. Son objectif central : la qualité.
Né voici 60 ans dans le pays de Herve, Joseph Léonard, licencié en sciences commerciales, est entré dans l’enseignement en 1980. Il a travaillé à la fois en secondaire ordinaire et en promotion sociale, dont il est devenu inspecteur. Depuis octobre, il dirige le Service général de l’Inspection.
PROF : Quelles sont vos priorités ?
Joseph Léonard : Travailler sur la qualité. Le service doit jouer un rôle fondamental dans la qualité de la formation des élèves, et rester un des acteurs privilégiés de la gestion de la qualité.
Je compte travailler dans la continuité de ce que mon prédécesseur Roger Godet a fait. C’est lui qui a conçu le décret Inspection (1) et il est devenu Inspecteur général coordonnateur avec une vision opérationnelle du service. Il a instauré une cohérence entre les méthodes de travail, ce qui génère une meilleure visibilité des missions de l’Inspection.
J’aurai sept axes de travail. Un : renforcer la relation partenariale avec les écoles et les PO, pour prouver que l’Inspection n’est pas un service de gendarmes, mais d’abord un service d’écoute, d’analyse, d’aide et de conseils. Deux : pour cela, il est nécessaire de travailler dans la transparence. Trois : améliorer la communication, notamment en utilisant les nouveaux outils informatiques. Le quatrième axe consiste à s’appuyer sur la première mission décrétale de l’Inspection, qui est l’évaluation et le contrôle du niveau des études.
De la continuité, mais aussi de l’innovation dans le regard que l’on porte sur les écoles, et ce sera un cinquième axe de travail. Je souhaite marquer trois évolutions : déplacer le regard de la conformité aux normes vers les résultats et les processus. Il est, en effet, important d’identifier quels processus sont en lien avec les résultats, pour pouvoir soit en diffuser les bonnes pratiques soit apporter les conseils nécessaires à leur amélioration. Je souhaite aussi que le regard porte sur l’établissement dans son ensemble, et passe d’une analyse ponctuelle à une vision sur l’évolution des pratiques dans une perspective récurrente.
Un sixième axe de travail concerne l’international : il est important de voir ce qui se fait ailleurs, et avant d’aller à l’étranger, d’observer la situation en Flandre et en Communauté germanophone. Et enfin, je compte mettre l’accent sur la gestion du personnel. Un inspecteur est souvent seul, et cette solitude peut parfois être pesante. La création d’un esprit d’équipe requiert l’organisation de réunions inter-services.
La déclaration de politique communautaire évoque la « mutation progressive [de l’Inspection] vers un corps professionnel chargé d’assurer l’audit de la qualité de l’enseignement… » Une réaction ?
Des services d’inspection, il y en a dans quasiment tous les pays, et chaque fois avec des modalités organisationnelles et des missions spécifiques. Et des audits, il y en a dans tous les sens. Certains font le choix d’alléger le travail de l’inspection en demandant aux établissements scolaires de rendre visibles une série d’éléments, de préparer les évaluations externes par la mise en place de processus d’autoévaluation quelquefois très conséquents. Avec diverses conséquences possibles : une adaptation des structures du service d’inspection et un déplacement des efforts… Moi, je suis patron d’un service de 280 inspecteurs, et je plaide pour qu’il continue à être un service fort. Qui doit aussi continuellement prouver son utilité.
Derrière le mot « audit », on peut mettre beaucoup de choses. Ce n’est pas moi qui le définirai, mais une des options concrètes est d’avoir un regard sur tout ce qui, au sein des écoles, de près ou de loin, contribue à la qualité des apprentissages. Actuellement, nous avons deux inspecteurs au secondaire et un au fondamental qui jettent un regard sur le « non-scolaire » : fréquentation scolaire, structures socioéducatives et participatives. Par ailleurs, faut-il continuer à mener des investigations vers tous les établissements, ou vers ceux qui ont le plus besoin de nos services ? Si on va dans ce sens, on aura besoin d’identifier ces établissements...
Propos recueillis par
Didier CATTEAU
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