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Magazine PROF n°34

 

Focus 

Créer des objets en classe : une odyssée ?

Article publié le 01 / 06 / 2017.

L’Odyssée de l’Objet est un concours qui invite des élèves du secondaire à créer des objets inédits.

Mi-février, une équipe vidéo tournait un reportage à l’Institut Sainte-Marie, à Pesche (Couvin), à partir des scénarios écrits par les 17 élèves de la 5e Qualification agro-alimentaire autour de deux objets : l’abdoor et l’alloverbag. Ces prototypes, ils les ont réalisés dans le cadre de l’Odyssée de l’Objet.

L’alloverbag est un petit anneau plié qui permet de faire des abdominaux dans un kot.
L’alloverbag est un petit anneau plié qui permet de faire des abdominaux dans un kot.
© PROF/FWB

Ce concours (lire ci-contre) a lieu une année sur deux depuis 2002. Créé par le Service public de Wallonie (SPW), il vise à stimuler la créativité et l’esprit d’innovation chez les élèves du secondaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Communauté germanophone. Les équipes candidates doivent aboutir à la conception et la réalisation d’un objet tridimensionnel par la mise en œuvre d’un ou plusieurs matériaux préalablement sélectionnés dans le respect d’un thème imposé. Pour cette édition 2016-2017, la thématique retenue était « l’objet sportif ».

« Je participe à l’Odyssée pour la 5e fois consécutive », explique Martine Druart, professeure de sciences et responsable du projet à Sainte-Marie. Selon elle, l’Odyssée de l’Objet correspond fort à ses élèves de qualification qui aiment bien la pratique et la vie quotidienne. Il nécessite d’y consacrer environ huit séances de deux heures sur l’année. « Je dispose de six heures pour le cours et le laboratoire de biologie au 3e degré, continue-t-elle. Je peux m’arranger facilement. Pour le programme, j’étale la matière sur deux ans et je demande à mes élèves de réaliser des devoirs à domicile, via une plateforme numérique ».

L’innovation

Dans le cadre du concours, le SPW met des designers à disposition des candidats. En l’occurence, Pierre Stevens, un designer industriel indépendant diplômé depuis trois ans, prête son expérience aux deux équipes de Mme Druart : « Ce projet, explique-t-il, développe l’initiative, la créativité, l’inventivité à partir de besoins propres aux élèves ».

La première rencontre avec ceux-ci a débuté par la présentation du concours et du thème de l’année. « Nous avons essayé de définir ensemble ce quon pouvait qualifier d’activité sportive pour, par la suite, nous référer à une définition exacte, indique-t-il. Nous avons alors regardé la vidéo Gravity Light (1), sur une invention qui donne de la lumière grâce à la gravité. Elle décrit non seulement en quoi consiste la conception et le développement dun objet mais aussi limpact que peut produire une idée innovante. Ainsi, nous avons voulu sensibiliser les élèves au fait quun objet peut être bien plus quun simple bien de consommation ».

Un objet, un besoin

Pour faire naitre leurs propres idées, les élèves ont d’abord imaginé des scénarios liés à leurs expériences dans le milieu du sport. « L’analyse des productions a permis de mettre en lumière différentes problématiques et de leur faire prendre conscience que la création d’un objet résulte d’un problème lié à un contexte », ajoute Pierre Stevens. Une équipe s’est centrée sur un ustensile qui permet de faire des abdominaux dans un kot, en économisant la machine de musculation ou la nécessité d’un partenaire pour tenir ses pieds. L’autre est partie vers un sac qui permet d’emmener des ballons de sports et que l’on peut bien attacher sur de multiples supports pour l’empêcher de balloter. Il doit aussi être réutilisable pour éviter de consommer des sacs en plastique jetable. Et on doit pouvoir le combiner avec d’autres pour transporter plusieurs ballons.

Ensuite, les élèves ont effectué des recherches pour vérifier si un produit correspondant à leurs besoins existait déjà ou non sur le marché. Puis, ils ont réfléchi aux contingences pratiques. Quelle est la position optimale du corps pour faire des abdos ? Comment fixer l’abdoor ? Quels sont les types de fermeture pour un sac comme l’alloverbag ? Quel matériau utiliser pour le rendre très compressible une fois vide ?…

L’étape suivante, jugée nécessaire par le SPW, est une visite d’entreprise. Le designer a invité la classe chez Materio à Anderlecht. Cette structure indépendante est une banque de données internationale. Elle comprend une sélection de milliers de matières et technologies innovantes. Tous les types de matériaux y sont présentés : bois, métal, plastique, verre, lumière,… « Cela permet de visualiser les choix possibles liés à des besoins précis », explique le designer.

« Nos élèves vivent dans un cocon rural, bien protégé, ajoute Mme Druart. Pour certains, cette sortie est peut-être la première opportunité du genre pour prendre conscience de réalités du monde professionnel, mais aussi de la mobilité et du milieu urbain. Cela permet de belles rencontres. Elles font évoluer ces élèves à qui, en fin de 6e , le certificat de qualification donne accès à un métier ».

Lors d’une autre animation, ils ont pu aussi se rendre compte du fonctionnement d’une imprimante 3D. M. Stevens : « Mais nous n’avons pas retenu ce procédé pour réaliser les prototypes. Les polymères utilisés ne sont pas assez solides pour retenir un corps dans le cadre de l’abdooor et du côté de l’alloverbag, le choix s’est porté vers un tissu ».

À la recherche de la simplicité

Ensuite, les élèves ont réalisé des maquettes des prototypes. « La difficulté est de trouver une réponse la plus simple possible au problème posé. En général, les élèves compliquent. Ils passent vite du sac à ballon à un sac de voyage, par exemple. Mais ce concept existe déjà ».

Puis, sur la base des ébauches des élèves, le designer a réalisé les prototypes. Mme Druart : « Cela donne une dimension plus professionnelle aux projets à laquelle les élèves ne pourraient atteindre en finalisant seuls les prototypes ».

Le SPW défraie le designer (1500 € HTVA) et accorde une subvention par projet allant jusque 500 €. Dans ce cas, elle a servi à payer les matériaux, réaliser une vidéo de présentation et acheter du matériel de communication.

En guise de bilan

Que retire M. Stevens de cette expérience ? « Les élèves pensent en général que le designer ne fait que des jolis meubles d’intérieur. J’ai pu mieux communiquer sur mon métier et sur l’analyse du rapport de tout objet à son utilisateur ».

Pour l’enseignante, ce concours lui permet de sortir des sentiers battus, d’aller à l’aventure : « Cela demande de sauter le pas et de s’engager. Cela exige aussi du temps, des capacités d’organisation et de coordination, de coaching des élèves ». Mais quel est le lien avec le cours de biologie ? « Ce projet participe de la démarche scientifique en général et il développe également l’axe Communiquer du progamme. En outre, il apprend des compétences transversales, liées à la créativité, au travail d’équipe, aux techniques d’enquête et de mise en commun, à la prise de décision, à la dynamique de groupe. C’est aussi un bon moyen pour recréer des liens dans une classe hétérogène. En 5e, les élèves viennent de sections différentes ». Enfin, ce projet ne compte pas dans l’évaluation certificative. « Mais, même sans bâton, cela fonctionne. C’est même un plus. La gratuité du travail paie aussi à certaines occasions ».

Patrick DELMÉE et Caroline DIRICKX

(1) http://bit.ly/1FQNogh

Mettre en valeur l’inventivité

Cette année, 66 groupes scolaires, soit 586 élèves provenant de 38 écoles ont participé à LOdyssée de lObjet, un concours organisé par le Service public de Wallonie. Ils ont recherché une idée pour un produit innovant, réalisé un objet de taille réelle et présenté l’ensemble de ce projet d’équipe qui dure une année scolaire complète.

Chaque équipe reçoit un petit budget matériel, travaille avec un designer industriel et effectue une visite d'usine en rapport avec l'objet développé. En janvier, elle remet un rapport intermédiaire et en mars le projet complet.

Une exposition publique en avril accueille chacun des prototypes, accompagnés de trois panneaux de présentation, d’une vidéo (sur CD) et d’un carnet de route. Et le jury professionnel remet les prix (trois par degré d’enseignement en 2017) fin avril, lors d’une cérémonie de clôture.

Les premiers prix par degré en 2017 sont allés à la 2e commune de l’Institut d’enseignement des arts, techniques, sciences et artisanat à Namur (Skickx), à la 3e transition de l’Institut Sainte-Marie à Arlon (Libertyclimb) et à la 5e technique de l’Institut Sainte-Marie à Pesche (Abdoor). Le Prix du public revient à la 2e  commune de l’Institut d’enseignement des arts, techniques, sciences et artisanat à Namur (Projecterrain).

(1) Palmarès complet, infos et inscriptions (dès le 1er septembre) : http://www.lodysseedelobjet.be/http://bit.ly/2lb3Ny1

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