Magazine PROF n°37
L'info
221 voix pour des jeunes malvoyants
Article publié le 30 / 03 / 2018.
Dans le cadre d’un projet sélectionné par le Fonds Victor, les élèves de 1re secondaire de l’Abbaye de Flône réalisent une bibliothèque sonore destinée à des adolescents déficients visuels.
Devant le micro, Nicolas lit un extrait de Dix minutes à perdre, roman de Jean-Christophe Tixier. Avec expression, en variant le ton et le rythme selon les personnages.
C’est presque l’aboutissement d’un projet mené par six professeurs de français avec leurs élèves de 1re secondaire à l’Abbaye de Flône, et sélectionné par le Fonds Victor, géré par la Fondation Roi Baudouin. Créé en souvenir de Victor Van de Woestyne, décédé accidentellement à 13 ans, ce Fonds veut encourager les jeunes de 12 à 15 ans à la lecture. L’appel à projets 2018-2019 se trouve d’ailleurs sur le site du Fonds (http://www.lefondsvictor.be ; onglet Actions).
« L’idée de promouvoir la lecture, bien présente dans le programme de 1re, nous a interpellées, explique Marie-Cécile Mélon, enseignante et coordinatrice du projet. Du bain des idées a jailli la mise en voix par nos élèves de romans sonores pour déficients visuels, qui seraient offerts à la bibliothèque de l’ASBL liégeoise La Lumière ».
Chaque élève a d’abord lu un roman de son choix. Puis il l’a résumé à sa classe sans dévoiler le dénouement, détaillant l’auteur, les personnages, les thèmes… et en l’illustrant par des dessins ou affiches. Dans chacune des neuf classes, les jeunes ont voté pour un des romans présentés.
Les œuvres retenues ont été partagées en extraits que liraient les élèves. Pour les entrainer à cette mise en voix, la comédienne Bernadette Lox a proposé des exercices de lecture expressive, de respect de la ponctuation, de contrôle de la respiration. Deux écrivains, Eva Kavian et Luc Baba, sont venus parler de leur métier. Reste à enregistrer chaque extrait sur ordinateur puis à les envoyer à l’ASBL La Lumière qui gravera les CD.
« Ce projet pédagogique et altruiste a permis un beau travail d’équipe entre enseignants, conclut Mme Mélon. Les élèves ont travaillé notamment l’expression orale et l’argumentation. Je n’ai évalué que la présentation individuelle d’un roman. Pour le reste, ils s’investissent à fond même en dehors de l’horaire scolaire ».
Échos positifs chez les élèves aussi. « Avant, je ne lisais pas trop ; je réalise ma chance et je suis content que ça serve à des jeunes malvoyants », explique Nicolas. Et Havana d’ajouter que « maintenant, quand je lis à voix basse, même pour moi-même, j’exprime des émotions… »
Catherine MOREAU
Personnages en liberté
Quatre autres projets ont été proposés au Fonds Victor. On en lira une brève description via http://www.lefondsvictor.be/actions. Parmi eux, le projet Personnages en liberté, mené par Rosa Quaranta avec une classe de 2e secondaire de l’Athénée royal Paul Brusson, à Montegnée.
Ils ont lu Le Doigt tendu, roman de Claude Raucy, « qui est venu plusieurs fois en classe, leur expliquer notamment le réalisme en littérature, précise l’enseignante. Puis, sur base volontaire (l’objectif était de mettre en avant la lecture-plaisir), seize des vingt-deux élèves de la classe ont choisi un moment du récit et imaginé un autre déroulement lié aux décisions d’un personnage », lui rendant en quelque sorte sa liberté…
Trois cerises sur le gâteau de ce projet entamé en novembre. D’abord une visite sur les lieux du récit et où vécut l’auteur, dans les environs de Virton. Les élèves de la classe de Mme Quaranta y rencontreront ceux de l’Athénée de Virton. Après une présentation du roman, deux élèves liront le récit qu’ils ont imaginé.
Ensuite, l’édition des seize récits originaux des élèves, grâce aux éditions Ker, où Claude Raucy est aujourd’hui publié. Et enfin, avant cela, une journée au Domaine provincial de Chevetogne, axée sur les initiatives du Fonds Victor.
D.C.
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