Magazine PROF n°38
L'acteur
Activer les ressources des écoles
Article publié le 06 / 06 / 2018.
Au sein du Service des Équipes mobiles, Vincent Pieters aide des écoles fondamentales et secondaires à gérer des situations de crise.
Psychologue de formation, Vincent Pieters a rejoint le service des Équipes mobiles de Direction générale de l’enseignement obligatoire dès sa création en 2004 (1).
PROF : Pourquoi ce choix ?
Vincent Pieters : J'y ai vu la possibilité de travailler avec une équipe pluridisciplinaire (psychologues, criminologue, assistants sociaux, enseignants...) et de pouvoir répondre aux besoins des écoles sur le terrain.
Concrètement, quel est votre travail ?
Au sein d'une équipe de 26 personnes, je réponds aux demandes d'intervention des chefs d'établissements (dans le réseau Wallonie-Bruxelles Enseignement) ou du PO (dans l'enseignement subventionné). S'il s'agit d'un problème d'absentéisme dans l'enseignement fondamental, la demande peut venir du Contrôle de l'obligation scolaire. L’objectif est de rétablir le dialogue entre la famille et l'école. C'est parfois facile de lever le malentendu mais en cas d'impasse, nous devons rappeler la loi et évoquer une possible intervention de l'Aide à la jeunesse.
À côté de cela, il y a des interventions dans des situations de crise ?
Oui, dans l’enseignement fondamental ou le secondaire, cela peut venir d'un climat de tension qui aboutit à un point de rupture : harcèlement, conflit entre élèves, entre élèves et enseignants, entre membres de l'équipe éducative... En duo avec un collègue, je rencontre la direction pour comprendre la situation, la culture de l'école, puis établir un plan d'action.
Dans un cas de harcèlement, par exemple, nous pouvons intervenir ponctuellement en classe mais notre objectif, c'est avant tout fournir à l'enseignant des méthodes et des ressources, l’orienter vers des services compétents.
Cela peut être aussi des situations de crise soudaines et inattendues qui bouleversent le fonctionnement de l'école, comme un suicide, une agression... Elles nécessitent une intervention prioritaire pour lesquelles une permanence a été mise en place.
Nous proposons en duo au chef d'établissement une réunion avec les acteurs disponibles (CPMS, services d'aide aux victimes de la police...) pour évaluer les besoins. Ensuite, avec ces mêmes acteurs, nous nous répartissons les tâches pour soutenir, écouter les enseignants, la direction, les élèves, les parents. Pour des situations de radicalisation de certains élèves, une cellule particulière d'intervention a été mise en place au sein du service des Équipes mobiles.
Comment vous répartissez-vous le travail au sein de l'équipe ?
Le service est réparti en trois régions : Bruxelles-Brabant wallon, Hainaut, et Liège-Namur-Luxembourg. Même si nous avons reçu une formation qui nous rend polyvalents, certaines situations peuvent demander un regard particulier. Des réunions zonales nous ont permis de nous connaitre, d'échanger, d'estimer les forces et faiblesses de chacun. J’accompagne volontiers les directions d’école dans la gestion de l'équipe éducative.
Des satisfactions, des déceptions dans ce métier ?
J'y apprécie la diversité des situations rencontrées. Même s'il y a des dénominateurs communs, chaque situation est unique. Il y a chaque fois un puzzle à reconstituer, une solution originale à mettre en œuvre avec la possibilité de créer et de tester de nouvelles pratiques, de nouveaux outils.
Le bémol, c'est qu'il y a dans ce métier une sollicitation permanente qui peut amener une surcharge de travail. Cela nécessite parfois de se mettre des freins sous peine de se bruler les ailes.
Propos recueillis par
Catherine MOREAU
(1) Texte du décret : http://www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_01.php?ncda=39909&referant=l02&bck_ncda=39909&bck_referant=l00.
Et circulaire 4961 relative aux services de Médiation scolaire et des Équipes mobiles : http://www.enseignement.be/circulaires.
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