Magazine PROF n°40
L'info
Sensibiliser aux stéréotypes homophobes et transphobes
Article publié le 07 / 12 / 2018.
Plusieurs « leçons d’histoire » figurent parmi les ressources pédagogiques de la campagne de lutte contre l’homophobie et la transphobie.
La Direction de l’Égalité des Chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles remet l’accent sur sa campagne Et toi t’es casé-e ? Il s’agit de sensibiliser les jeunes aux stéréotypes homophobes et transphobes.
Outre des conseils et informations, http://www.ettoitescase.be propose un guide et des ressources pédagogiques. Des témoignages vidéo concernent notamment l’école (http://www.youtube.com/watch?v=4BEZBDDEsmY). Un jeune trans explique par exemple combien les informations claires d’une enseignante l’ont aidé, « parce que ce n’était plus tabou ».
C’est exactement l’objectif de Sébastien Cokaiko qui, dans Une histoire sans les LGBT est-elle possible ? (1), a listé « 20 leçons pour les classes d’histoire au degré supérieur », dont cinq sont désormais disponibles.
PROF : Comment sont nées ces leçons ?
Sébastien Cokaiko : Un ancien élève, homosexuel, m’a un jour confié « Si j’avais vu ça au cours… » Des élèves comme lui, on n’en parle pas, ni dans les cours d’histoire ni ailleurs ! Dans les manuels, la visibilité des LGBT est quasi nulle, comme celle de toutes les minorités. Je me suis dit : « Pourquoi ne pas intégrer la problématique LGBT dans le cours d’histoire, quand c’est possible ? »
Un autre élément déclencheur fut le manuel Femmes & hommes dans l’histoire – Un passé commun, auquel a contribué Anne Morelli. On peut donc écrire l’histoire des femmes sans les séparer des hommes. C’est la même chose pour les mouvements LGBT… J’ai alors commencé à lister des problématiques en lien avec le programme d’histoire de l’enseignement officiel pour lesquelles je pourrais obtenir des documents. Par la suite, la Maison Arc-en-ciel de Liège m’a mis en contact avec la Direction de l’Égalité des Chances.
Avez-vous l’impression de sortir ces problématiques d’un purgatoire ?
Quand on s’intéresse au sujet, on trouve des bouquins. Très peu chez nous : le seul ouvrage de référence sur l'histoire de l'homosexualité en Belgique est en néerlandais et n'est pas traduit !
Comment avez-vous sélectionné les documents ?
Par la méthode historique classique. On reste dans l’exercice des compétences en histoire. Maintenant, je peux concevoir qu’on ne se sente pas à l’aise pour aborder ces problématiques : il faut pouvoir rester dans le cadre du cours et ne pas dériver vers un débat…
Dans la leçon sur Érasme, par exemple, on se rend compte que même des historiens reconnus internationalement ne s’accordent pas sur son éventuelle homosexualité.
Avec ces propositions, vous avez le sentiment de faire du militantisme ?
Non. Pour moi, ce choix correspond à une envie d’être utile pour une société meilleure. Chaque enseignant pose des choix. Si ces sujets cessent d’être tabous en classe, peut-être ne le seront-ils plus hors classe…
Vous avez des retours d’enseignants ?
Une ancienne collègue m’a dit qu’elle utiliserait la leçon sur le triangle rose imposé aux homosexuels dans le camp de concentration de Dachau.
Propos recueillis par
Didier CATTEAU
(1) http://www.ettoitescase.be/une-histoire-sans-les-lgbt.php
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