Magazine PROF n°40
L'acteur
Florence Gautier: « Nous sommes à un moment clé de l’évolution de l’école »
Article publié le 07 / 12 / 2018.
Formatrice à l’IFC pour les plans de pilotage, Florence Gautier insiste sur l’importance du travail collectif au cœur de ce nouveau mode de gouvernance.
Quand Florence Gautier a rejoint l’IFC en novembre 2017, les nouvelles formations se construisaient. Fin 2018, elle tire un premier bilan.
PROF : Pourquoi étiez-vous spécifiquement intéressée par la formation aux plans de pilotage ?
Florence Gautier : Je m’étais intéressée au processus des plans de pilotage de par ma fonction de cheffe d’établissement. L’appel lancé par l’IFC demandait une expérience de terrain à la tête d’une école et mon sentiment était, justement, que ce nouveau mode de gouvernance pouvait répondre à un besoin des directions.
Les directions sont sollicitées de toute part, tout le temps : le plan de pilotage, c’est pouvoir se donner le temps de la réflexion, de « lever la tête du guidon ».
Comment s’est construite cette nouvelle formation ?
Les formations pour les directions dans le cadre des plans de pilotage sont données par des formateurs de l’IFC qui ont eu une expérience de chef d’établissement et des formateurs de l’ULB, spécialisés en management public.
Un travail préparatoire a été mené en collaboration avec l’ULB (1). Nous nous sommes penchés sur les attentes du pouvoir régulateur et les valeurs qu’elles sous-tendent. L’analyse effectuée dans ce cadre a été particulièrement significative – notamment en termes d’indicateurs d’iniquité de notre système scolaire – de l’impérieuse nécessité de la réforme. Cela a été un travail passionnant car l’exercice était totalement neuf. Nous avions le sentiment d’être à un tournant dans l’évolution de l’école.
Par ailleurs, il était important de donner aux écoles de la première vague du temps pour préparer le travail collaboratif. Sont ainsi venues les journées de formation au dispositif de pilotage d’écoles de différents réseaux, avec des « équipes porteuses ». Car tout est dans la dynamique du collaboratif. On ne peut pas imaginer un plan de pilotage qui soit réfléchi par deux, trois personnes. Cela a été impressionnant de voir à quel point les enseignants, au côté de leur direction, se sentaient aussi investis.
Vous avez aussi rencontré des appréhensions ?
Oui, parfois, et c’était logique face à un projet aussi ambitieux. Notre volonté a été de rassurer notamment sur le fait que chacun des acteurs était une entité apprenante. Autre inquiétude régulière, celle de l’évaluation. On a rappelé qu’évaluer, c’est apporter de la valeur aux choses. Saluer ce qui marche dans l’école. Mais aussi, sereinement, analyser un système scolaire défaillant dans certains points et sur lequel on peut ensemble, apporter au moins une évolution.
Enfin, des directions se sont montrées inquiètes de l’obligation de la concertation des équipes éducatives prévue par la réforme. Mais comment l’élève peut-il être au centre de nos préoccupations si chacun ne collabore pas avec ses collègues autour du vécu de l’élève, de ses difficultés, ses progrès ?
Les formations aux plans de pilotage vont se poursuivre. Optimiste ?
Oui, vraiment ! À la lumière des réactions des directions de la première vague, j’ai la certitude que nos formations permettent une vision d’ensemble. Elles représentent indéniablement un soutien face à ce changement de gouvernance ; elles éclairent et donnent du sens à cette importante réforme. Je pense que l’adhésion rencontrée va progressivement s’étendre à l’ensemble…
Propos recueillis par
Monica GLINEUR
(1) Avec Alain Eraly et Marie Goransson, ULB, Faculté de Philosophie et Sciences sociales
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