Magazine PROF n°40
Focus
Dans un bain de notes, de rythmes et de mouvements
Article publié le 07 / 12 / 2018.
Intégrer la culture au cœur des apprentissages, c’est l’objectif des Classes résidentielles d’immersion artistique, lancées en 2015.
Vendredi matin, dernier jour d’une semaine de classe résidentielle axée sur la musique. Répartis en groupes baptisés Trompette, Guitare, Piano, Flûte, Violon et Batterie, une centaine d’élèves et d’enseignants de quatre écoles fondamentales préparent un exercice rythmique pour le Last Show, sous la houlette d’animatrices des Jeunesses musicales de Namur.
C’est le point d’orgue de cette Classe résidentielle d’immersion artistique (CRIA) organisée au Centre culturel Marcel Hicter, à La Marlagne (Wépion). Des places restent disponibles pour les deux autres organisées durant cette année scolaire (1), consacrées l’une aux arts de la scène (du 14 au 18 janvier 2019) et l’autre au développement durable et « récup’art » (du 1er au 5 avril).
Guidés par la chanteuse Marlène Dorcena, des élèves dansent et agitent des bouteilles en plastique aux rythmes d’Another Brick In The Wall, de Pink Floyd. D’autres, entrainés par Sarah Brohez, accompagnent un chant avec des clochettes et des boomwhackers, ces tubes sonores de tailles différentes, frappés sur le sol. Laurence Mus a appris à un troisième groupe un chant traditionnel africain, rythmé par des djembés et autres instruments à percussion.
« Ces classes résidentielles, lancées en 2015, sont un projet conjoint des administrations de l’Enseignement et de la Culture élaboré par l’équipe de la Marlagne, explique Jacqueline Polet, détachée pédagogique pour les CRIA à la Marlagne. L’objectif était d’étoffer les initiatives existantes (résidence d’artistes dans les écoles…) pour resserrer les liens entre enseignement et culture, dans l’esprit du Pacte pour un Enseignement d’excellence. Celui-ci prévoit un parcours d’éducation culturelle et artistique (PECA) pour tous les élèves, des classes maternelles à la fin du secondaire ».
« Organisées durant une semaine trois fois par an, ces classes résidentielles se centrent sur la musique, sur les arts de la scène et, depuis cette année, en alternance, sur le développement durable & récup’art et les arts visuels. Le projet se base sur trois composantes : des connaissances, des pratiques artistiques, des rencontres avec des artistes et des œuvres ».
« Des associations culturelles reconnues par la Fédération Wallonie-Bruxelles élaborent un programme clé-sur-porte et assurent l’animation : Jeunesses musicales de Namur pour la musique, Ékla pour les arts de la scène, l’ASBL Empreintes pour le développement durable & récup’art, et le Centre de formation d’animateurs pour l’audiovisuel (CRIA prévue en 2020). Pour chaque CRIA, les enseignants reçoivent un carnet de route qui explique le déroulement de la semaine et la finalité didactique de chaque animation ».
Du cri à l’électro
Baptisées Du cri à l’électro, les classes musicales ont pour objectif d’ouvrir les élèves à différents styles, de façon ludique et dans un esprit d’échange et de partage.
Guidés par les six artistes rodées aux animations dans les écoles, élèves et enseignants ont exploré la musique à travers le temps, du cri - la musique de la Préhistoire -, à l’électro ‑ la musique assistée par ordinateur.
Chemin faisant, ils ont appris à fabriquer des instruments à l’aide de matériaux trouvés dans la nature et à en jouer. Ils ont découvert les effets ressentis selon les séquences sonores accompagnant les images au cinéma, le monde du jazz, l’histoire du rock, le hip hop, la comédie musicale. Ils ont appréhendé la musique classique par le biais de l’opéra…
Les ateliers étaient suivis de concerts de groupes professionnels sélectionnés pour les tournées scolaires des Jeunesses musicales. Après l’atelier « blues-jazz-rock » d’un après-midi, par exemple, il y eut le concert de NY Subway Brass Band, qui explore gospel, mélodies klezmer, jazz, ballades de Michael Jackson en suivant le réseau du métro new yorkais.
Ma classe a gagné en cohésion
Maria-Cristina Spinelli enseigne en 5e -6e primaire à l’École communale de Hainin. « Mon intérêt personnel pour la culture m’a poussée à faire participer ma classe aux CRIA. Et puisque dans les années à venir il s’agira de donner une place durable à la culture à l’école, autant s’y préparer ».
Pour cette enseignante, les CRIA sont une aubaine : « Impossible de faire venir autant d’animateurs et d’artistes en même temps à l’école. Et puis, si j’appréhendais un peu le mélange des élèves des quatre écoles au sein des groupes, les choses se sont passées très naturellement. Mieux : au contact d’enfants de milieu urbain, les élèves de ma petite école à l’ambiance familiale ont probablement élargi leur horizon. Et ceux de 6e se sont préparés un peu à leur futur atterrissage en 1re secondaire ».
« Enfin, participer aux ateliers et au spectacle final avec nos élèves et ceux d’autres classes (que nous encadrons) nous libère et nous fait sortir de notre cercle de sécurité. C’est très riche pour nous aussi, sur le plan humain ».
Pour Laurence Baud’huin, institutrice en 6e à l’École Émile André, à Bruxelles, « ma classe a gagné en cohésion. Je suis vraiment étonnée de voir ce que mes élèves sont parvenus à faire ».
La suite ? « Cette expérience aura de multiples prolongements en classe : expression orale, textes libres, et pourquoi pas un spectacle de danses et musique en fin d’année », poursuit Mme Baud’huin. De leur côté, Maria-Cristina Spinelli et sa collègue Sonia Decock (5-6P à l’École communale de Montroeul) sont bien décidées : elles organiseront avec leurs classes un spectacle musical à la fin de l’année. Avant cela, elles les emmèneront à Bruxelles pour visiter, notamment, le Musée des instruments de musique.
Catherine MOREAU
(1) http://www.lamarlagne.cfwb.be/index.php?id=16317 et circulaire 6614 http://www.enseignement.be/circulaires.
Vidéo via http://www.facebook.com/lamarlagne/videos/1997327710345157/
Ici, on ose plus
« Avant de venir aux classes musicales, je me demandais ce qu’on allait y faire. J’avais un peu peur de m’ennuyer, commence Hapsa, en 6e primaire à l’École Émile André, à Bruxelles. Mais pendant cette semaine, j’ai appris énormément de choses sur la musique. Par exemple qu’on peut faire du rythme simplement en tapant sur une tasse avec une petite cuillère. C’est incroyable ce qu’on peut faire avec des objets, avec le corps et le cœur ! »
Raphael, en 5e à l’École communale de Montroeul : « J’ai découvert des instruments que je ne connaissais pas, comme le guiro, le tuba… J’en ai même fabriqué moi-même avec des morceaux de renouée du Japon et des coquilles d’escargots percés ».
Emma se souvient du spectacle du groupe congolais Punta Negra : « Nous avons dansé sur la scène avec eux. On ose faire plus de choses, ici ! »
« Ce n’était pas toujours facile de suivre le rythme avec tous les autres, observe Maëlle, en 6e à l’École communale de Hainin. Mais je me suis accrochée et j’ai fini par y arriver. Je suis fière de moi ! »
En deux mots
Diplômé en sciences politiques, docteur en philosophie et sciences sociales, Josef Schovanec a été diagnostiqué autiste Asperger à 21 ans. Il milite pour la dignité des personnes autistes.
Avec sa voix particulière, son sens de l'humour, sa politesse, sa franchise et sa logique, il témoigne sur ce qu'il vit et observe en tant que personne avec autisme, notamment dans les émissions Entrez sans frapper (La Première-RTBF) et Carnets du monde (Europe 1).
Il a écrit des ouvrages biographiques et des récits de voyages dont Je suis à l’Est !; Éloge du voyage à l’usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez ; Voyages en Autistan, saison 1, tous édités chez Pocket et Nos intelligences multiples (éditions de l’Observatoire).
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