Magazine PROF n°41
Dossier Mieux lire ? Les pistes ne manquent pas
Quand oral et écrit s’entremêlent
Article publié le 03 / 04 / 2019.
Madelyne Hachez a des élèves de 3e et 4e primaire à l’École fondamentale communale de Salzinnes. Elle décloisonne les activités de langage.
Cette enseignante met en lien pratiques de lecture et d’écriture, comme le recommandent les chercheurs.
PROF : Pourriez-vous nous décrire une pratique de lecture-écriture.
Madelyne Hachez : Je lis à mes élèves Mon chat le plus bête du monde, sans montrer les illustrations (1). Je demande de faire un dessin de ce chat. Je relis le texte en montrant ses illustrations… d’un éléphant. Pourquoi l’auteur a-t-il fait cela ? Pour les élèves, il a voulu faire rire.
Ensuite, ils placent le nom d’un animal dans le titre, écrivent cinq phrases qui le décrivent. Ils forment un livre (2), y notent une phrase par page et y dessinent un autre animal. Par exemple une coccinelle qui galope sur la prairie (comme un cheval). Ils s’appuient sur l’album J’élève mon monstre, où ils ont vu comment l’auteur décrit, avec des verbes à l’indicatif présent et des adjectifs (3).
Pourquoi décloisonner les activités ?
Chaque jour, les élèves peuvent lire 1/4h un livre de leur choix et ils ont une animation lecture. Je peux y raccrocher une matière. Cela nous donne du sens. L’album est réel, lu par un tas d’autres personnes, écrit par un auteur et un illustrateur, qui font des brouillons, utilisent des outils, produisent un objet, avec des mots, parfois inventés, des phrases, des objectifs (faire rire, pleurer, réfléchir,…). Et ils peuvent venir en classe échanger sur cet objet.
Un jour, une élève en difficultés a dit à une inspectrice : « La lecture, c’est ma vie ». Donner du sens motive, génère du plaisir d’apprendre. Cela se traduit dans les compétences de lecture écriture, mais aussi dans toutes les branches.
Ils n’ont pas de difficulté de lecture ?
Plus on lit, mieux on lit. Mais cela se développe tout le temps. Certains considèrent la lecture acquise en P2. Certains de mes élèves lisent avec fluence sans comprendre le texte, d’autres ont du mal à décoder. Il nous arrive de décomposer un mot en phonèmes et graphèmes, puis de le réécrire avec des perles de lettres, des lettres en bois… Ces jeux consolident sa mémorisation. Certains ont besoin d’écouter leurs voix pour améliorer la prononciation… avec des « chuchoteurs », des cornets de téléphone en tuyaux de plomberie. Nous travaillons aussi la fluidité avec le programme P.A.R.L.E.R.
Quelles traces conservent-ils ?
Une farde de l’écrivain rassemble les productions de chacun, où la créativité prime sur la grammaire et l’orthographe. Et un « référentiel » les accompagne à travers leur cursus, avec des textes illustrant un type de texte et des outils systématisés. Ils co-construisent aussi des tableaux d’ancrage sur un point de matière, une astuce, à faire évoluer, à accrocher ou à dépendre.
Une conclusion ?
Cela demande de l’argent. Les 3/4 des livres de ma classe sont payés de ma poche. Mais, les élèves y gagnent en autonomie et en compétences.
(1) BACHELET Yves, Mon chat le plus bête du monde, Seuil, 2012.
(2) http://www.youtube.com/watch?v=uA-v1o28dHE
(3) GRAVEL Elise, J’élève mon monstre, Les 400 coups, 2004.
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