Magazine PROF n°5
L'info
Qualifiant : refonder pour améliorer
Article publié le 01 / 03 / 2010.
La ministre de l’Enseignement obligatoire vient de présenter au Conseil général de concertation pour l’Enseignement secondaire son projet pour « refonder » le qualifiant.
L’enseignement secondaire qualifiant s’organise actuellement sur un mode traditionnel et sélectif, comme le général, avec un découpage des cours en périodes de 50 minutes et une organisation par année scolaire. « Peu motivant pour des jeunes dont 75 % sont en retard en 5e, explique Baudouin Duelz, chef de cabinet adjoint de la ministre de l’Enseignement obligatoire. Les objectifs sont lointains : la 1re qualification ne s’obtient qu’en 6e. Cette absence de perspective conjuguée au redoublement est certainement explicative de l’abandon scolaire. Il faut arrêter de comparer le qualifiant au général et le refonder en lui rendant une culture spécifique ».
C’est l’objet d’un projet-pilote qui va démarrer en septembre 2011 au 3e degré dans trois secteurs : l’automobile, la restauration et l’assistance en pharmacie. La formation technique y sera réorganisée en unités d’apprentissage, ensembles cohérents de savoirs et compétences organisables selon un découpage modulaire. Elles s’intègreront aux standards internationaux : le cadre européen des certifications (CEC) et le système de crédits européens pour la formation et l’enseignement professionnels (ECVET).
À terme, un apprenant pourra capitaliser des unités acquises, à l’échelon européen, chez tous les opérateurs de formation, et pas seulement dans l’enseignement. « Un élève qui échoue en 5e pourrait aller vers le Forem avec un acquis valorisable, explique M. Duelz, et, a contrario, un apprenant de l’IFAPME, terminer sa formation à l’école pour obtenir son CESS ». Par ailleurs, le récent Service francophone des Métiers et des Qualifications (SFMQ, ex-CCPQ) va lui-même retravailler les profils de formations et de métiers en fonction de ces standards.
Une phase d'expérimentation
Avant de s’étendre à l’ensemble du qualifiant, le projet va passer par une phase d’expérimentation. M. Duelz : « Nous préconisons d’impliquer tous les établissements qui organisent les formations retenues, soit 122 écoles de tous les réseaux. Ne partons pas avec les seuls volontaires, partons avec tous, y compris les résistants, pour voir toute la réalité des choses ».
Le mot d’ordre est de laisser aux écoles le plus d’autonomie possible et de faire preuve d’imagination, par exemple pour déterminer l’ordre des unités, le rythme scolaire ou pour organiser l’épreuve de qualification. La notion d’évaluation est évidemment fondamentale. « On va vers un système un peu plus normatif, continue-t-il, qui contribue à rendre la qualité de la formation moins dépendante des établissements et donne aux employeurs des garanties d’équivalence de compétences quelle que soit l’école d’où le jeune sort ».
Contrer l'échec
Autre notion fondamentale, le non-redoublement. Sans devoir recommencer toute son année, l’élève en échec dans une unité pourrait la représenter plus tard, à l’école ou chez un autre opérateur de formation. En outre, 20% de la durée de chaque unité devront être consacrés à la remédiation ou à l’enseignement différencié.
Un comité est mis sur pied pour piloter le projet. D’ici à septembre 2011, il écoutera des experts et des gens de terrain pour mettre en place les grilles, programmes, standards d’évaluation et répondre aux nombreuses questions qui se poseront, par exemple sur l’articulation de la formation générale avec le projet…
Celui-ci n’est pas sans impact sur les enseignants. Ils devraient se former à des pratiques pédagogiques, nouvelles pour certains (organisation plus flexible, individualisation…), et rester à la pointe de la technologie : « On pourrait fixer des minima de fréquentation en entreprises ou en centres techniques. Le projet va nous permettre de voir si c’est possible ».
Que répondre aux enseignants qui craignent cette réforme ? « C’est un projet difficile qui exige de la flexibilité et de l’ouverture au partenariat. Refonder le qualifiant, c’est lui redonner une valeur propre. Mais, je pense qu’ils adhéreront à ce projet et, s’ils sont enthousiastes, les jeunes le seront aussi... »
Bref, un projet ambitieux et exigeant, dont la phase d’expérimentation se termine en aout 2014. Et pourrait se généraliser à la rentrée suivante…
Patrick DELMÉE
Étienne GENETTE
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