Magazine PROF n°45
Focus
« L’objectif, ici, c’est la rencontre »
Article publié le 24 / 03 / 2020.
Mi-février, les élèves de la classe Daspa de l’école communale de Nonceveux sont allés en classe verte avec ceux de la classe de 3e et de 4e primaire. Objectif : vivre ensemble.
Cette semaine-là, la grippe avait décimé la classe Daspa de Nathalie Dister : neuf de ses élèves ont dû rester au Centre d'accueil de demandeurs d'asile que la Croix-Rouge gère à Nonceveux…
Les autres étaient bien là, à l’École de Clerheid (https://www.classesvertes.be/), pour cette classe verte réunissant pour la première fois les classes de Mme Dister et de Frédéric D’Attardi (3e et 4e primaire) de l’école communale de Nonceveux.
« À Clerheid, c’est centré sur l’enfant »
Depuis plusieurs années, M. D’Attardi alterne une classe de ville puis une classe verte, chacun de ses élèves vivant donc les deux expériences, très diverses. « Ici, l’objectif, c’est la rencontre, l’émerveillement, la tolérance, l’apprentissage de la liberté, toutes les valeurs véhiculées à Clerheid, explique M. D’Attardi. C’est complètement différent de la classe de ville à Liège. À Clerheid, c’est centré sur l’enfant ».
Fondatrice, avec son mari, de l’ASBL École de Clerheid il y a plus de 30 ans, Pascal Lilot confirme : « L’objectif, c’est la socialisation. Apprendre à vivre ensemble… »
Pour M. D’Attardi, qui, au-delà du français et des maths, « enseigne aussi pour faire passer des valeurs aux enfants », Clerheid constitue « un passage obligé… Ma collègue Nathalie partage la même vision des choses que moi. Je me suis dit que ce serait chouette que ses élèves et les miens vivent ça ensemble, parce qu’à l’école il n’y a pas tant d’occasions de rencontre que ça. »
La classe verte a été préparée en amont, notamment en évoquant les pays d’origine des élèves. Elle se poursuivra par une exposition des créations réalisées lors de ce séjour, à destination des parents. Sur ce terrain du vivre ensemble, «Clerheid va me permettre d’aller plus loin, plus vite », conclut le titulaire de la 3-4P, qui auparavant avait enseigné dans la classe Daspa.
Vivre, ensemble
L’animation de la classe verte est prise en charge par Clerheid, après discussion bien sûr avec l’enseignant. « Une fois qu’on a apprivoisé nos façons de voir les choses, on examine quels moyens mettre en œuvre », explique Jean-Denis Lilot, tout en précisant que « nous, on ne veut pas travailler le savoir. »
« Si on vient ici, c’est pour travailler ensemble sur la tolérance, la paix, l’apprentissage de la liberté. Bien sûr, si un enseignant est attiré par la géographie, par exemple, on trouvera une activité… » Entamée par des services, une journée-type se poursuit par la vision en grand groupe d’une ou deux capsules vidéo de Paroles d’enfants d’ici et d’ailleurs (« Paroles d'enfants »).
Ensuite, place à des ateliers, en petits groupes : cuisine ou jeux du monde, création de cartes postales axées ici sur les pays d’origine, ou atelier philo animé par Pascale Lilot et axé sur les capsules visionnées.
Clerheid était idéal pour la rencontre entre les élèves Daspa et les autres, qui ont échangé sur ce qu’il y a de commun ou pas entre leurs situations, leurs émotions, et celles des enfants de Bolivie et du Cambodge filmés dans les capsules. À l’issue du débat, séance de dessin sur une phrase retenue par le groupe, toutes les créations faisant l’objet, de retour à Nonceveux, d’une exposition.
Après le repas aux accents du monde, activités de plein air, Clerheid ayant notamment construit au fil des ans un impressionnant village de bois… Sans oublier le soin aux animaux ! « Notre objectif, c’est qu’il y ait chaque jour un quart de seconde de bonheur réellement partagé », résume Jean-Denis Lilot.
S’il confesse que des enseignants peuvent être déstabilisés par cette approche, lui et son épouse insistent : « Ce qu’on fait ici, c’est accueillir les enfants ». Et de fait, tout au long de la journée passée à Clerheid, nous n’avons pas entendu le moindre cri, pas la moindre colère. « Nous, ici, on ne se fâche que s’il y a danger ou méchanceté ».
Si le couple, qui a beaucoup bourlingué, a opté pour cette démarche, c’est qu’il est persuadé que cet apprentissage de la solidarité, du souci de l’autre, dès le plus jeune âge, contribuera à améliorer le monde…
Didier CATTEAU
« Paroles d’enfants »
Fondateurs de l’ASBL École de Clerheid, Pascale et Jean-Denis Lilot ont tourné aux quatre coins du monde une série de capsules vidéo présentant des enfants de ces pays qui discutent ensemble d’une question philosophique : le courage, le bonheur, la liberté, l’amour, le travail des enfants,…
Ces capsules, qui ont pu être diffusées par la RTBF, sont disponibles en DVD, accompagné d’un dossier pédagogique. Celui-ci permet de travailler la citoyenneté mondiale et solidaire avec ses élèves, tout en développant d’autres compétences en éducation à la philosophie et à la citoyenneté, en éducation artistique, en français, mathématiques, éveil historique et géographique.
D’autres exploitations de la série sont possibles. Philosophe et institutrice de formation, Pascale Lilot peut animer un atelier philo Paroles d’enfants dans les écoles, comme elle le fait lors des classes vertes à Clerheid (lire « L’objectif, ici, c’est la rencontre »).
Par ailleurs, l’opération Cinéastes en classe permet aux enseignants d’inviter sans frais les réalisateurs Pascale et Jean-Denis Lilot pour une rencontre avec leurs élèves.
Une deuxième série de capsules est en cours de réalisation.
www.parolesdenfants.be. Contact : info@parolesdenfants.be.
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