Magazine PROF n°48
Focus
Un espace interactif au cœur de la salle de gym
Article publié le 04 / 12 / 2020.
Depuis trois ans, MM. Diego Molina et Adrian Garcia, maitres spéciaux en éducation physique, utilisent un système interactif durant leurs cours d’éducation physique. Un outil complémentaire, « utile, si c’est employé à bon escient ».
En septembre 2017, l’école communale maternelle et primaire Le Paradis des Enfants, à Etterbeek, fut la première en Europe à acquérir le système Lü (lire ci-dessous Projections géantes, caméra 3D, sons et lumières), développé au Québec quelques mois auparavant. Un projecteur (connecté) envoie les images sur un mur de la salle de gymnastique, tandis qu’une caméra capte sur l’image projetée les impacts des mains des élèves ou des balles qu’ils lancent, selon l’activité en cours.
Un exemple ? Lancer le ballon sur une cible bougeant de bas en haut sur l’écran. À jouer seul, en duo, en trio… Les développeurs du système ont déjà produit quantité d’applications destinées à des publics allant de 4 à 99 ans. Certaines mêlent le mouvement et d’autres apprentissages. Newton, par exemple, concerne l’arithmétique : une opération s’affiche et il s’agit de toucher (de la main ou du ballon) le bon résultat parmi les propositions qui s’affichent.
En cette veille de congé, MM. Molina et Garcia ont deux classes de 4e primaire, soit une cinquantaine d’enfants, qu’ils ont répartis en six groupes tournant sur trois plateaux, centrés l’un sur de la gymnastique au sol, l’autre sur une initiation au hockey, et le troisième sur des séquences/applications Lü.
Un outil complémentaire
L’école a acquis deux systèmes installés au centre du hall, qui projettent donc sur des murs opposés de la salle. Lors de notre reportage, les activités Lü choisies par les enseignants mettaient aux prises deux à trois équipes de deux/trois élèves, face à chaque mur. Musique et lumières contribuent à l’immersion, mais dans cette grande salle, cela impose des consignes amplifiées par micro.
L’implication des enfants, stimulés par le chrono et la joute entre duos/trios, saute aux yeux : quel que soit le plateau, ils débordent d’activité. Et ne se font pas prier pour prendre place face aux deux écrans Lü quand vient leur tour ! Manifestement, l’engouement n’a pas faibli, après trois ans… « On a eu peur au début que la motivation s’émousse, confie M. Molina. On a beaucoup échangé avec les concepteurs du système, qui ont engagé des professionnels de l’enseignement pour adapter, améliorer les applications, et éviter que ce soit monotone. »
L’immersion et l’interactivité soutiennent la motivation des écoliers, mais il a fallu gérer les critiques de parents face à « un écran de plus », confesse M. Molina. Expliquer qu’il s’agissait d’un outil de plus, et pas d’un système exclusif ! Les cours d’éducation physique continuent évidemment à se faire aussi à l’extérieur, ou dans l’autre (petite) salle de gymnastique.
De la tablette au système Lü
Pour MM. Molina et Garcia, qui travaillent à temps plein dans l’école, ce système est un pas de plus dans l’utilisation du numérique. « On a commencé par utiliser la tablette pour tout ce qui est administratif (les présences, par exemple) et pour nos préparations de cours », explique le premier, tandis que le second, au fil des ans, a conçu des centaines de fiches d’exercices que les deux enseignants partagent.
Puis ils ont commencé à utiliser la tablette pour montrer aux élèves une vidéo de l’exercice à faire, filmer ensuite chaque élève lors de l’exercice (caméra sur pied pour rester disponibles ailleurs), et permettre grâce à un petit logiciel que chaque élève puisse après son passage se revoir en vidéo à trois reprises pour observer le geste à corriger.
Pour autant, l’un et l’autre ne sont pas des « geeks ». M. Molina, qui enseigne depuis 15 ans, n’a pas entendu parler de tablette au cours de gym durant sa formation initiale. Par contre, M. Garcia et lui sont en réseau avec des collègues d’ici et d’ailleurs, pour échanger des pratiques. C’est comme ça qu’ils sont « tombés par hasard » sur le système Lü… Là encore, la prise en main n’a pas nécessité de grande mise au point. « En une heure on avait compris », lance M. Molina, en contact avec une communauté d’utilisateurs du système.
Pas seulement pour la gym
Pour les deux enseignants, Lü est clairement « un bonus. On ne base pas tout sur le système. On l’intègre sans que ça mobilise la totalité du cours, et on l’utilise pour atteindre des objectifs que l’on se fixe lors des préparations », qui n’ont pas changé avec l’arrivée de Lü. « On ne va utiliser le système pour mettre les enfants devant une activité de danse et puis les laisser faire, comme on laisserait un groupe se débrouiller avec un ballon… »
Ce qu’il permet, et là c’est nouveau, c’est le renforcement d’autres apprentissages lors d’activités effectuées au cours d’éducation physique avec le système. MM. Molina et Garcia n’ont pas la possibilité de créer tout le design d’une activité Lü, mais ils peuvent encoder dans un défi lancé aux « joueurs » une question de français ou de math proposée par un collègue. Ou utiliser l’activité
« puzzle » en choisissant des images de cartes (routière, géographique,…) si leur collègue instituteur travaille ce thème avec les élèves. S’il fait bouger les élèves, Lü n’est donc pas réservé aux cours d’éducation physique…
Didier CATTEAU
Projections géantes, caméra 3D, sons et lumières
Conçu au Québec par l’entreprise Saga, le système Lü se compose d’un projecteur permettant des projections de grand format, installé au plafond de la salle et protégé dans un boitier, d’un système de caméra 3D transformant les projections géantes en écrans tactiles détectant simultanément une multitude d’objets, et d’un système de sons et lumières créant des ambiances et sonores totalement immersives.
À Etterbeek, l’école a pu acquérir pour la configuration « duo », permettant des projections (différentes) sur deux des quatre murs du hall de gymnastique. Le cout était de 20000€ (c’était un prix de lancement du système en Europe) l’ordre de deux fois 20000€.
Le système n’est pas utilisé que pour les cours d’éducation physique. Il a pu servir pour les répétitions d’une chorale de l’école, pour des projections de films…
Co-créateur du système et fondateur de Saga, Vincent Routhier soulignait en 2017 qu’il n’est pas « issu du milieu de l’éducation » mais qu’il a « constaté rapidement avec Lü que la dimension du jeu pour apprendre est super efficace ». Car comme on le lira dans Un espace interactif au cœur de la salle de gym, des applications permettent de bouger tout en faisant du français, de l’arithmétique…
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