Magazine PROF n°50
Dossier L’instruction à domicile en Belgique
Apprendre seule, c’est compliqué
Article publié le 17 / 06 / 2021.
Qui de mieux qu’une élève ayant suivi l’EAD pour en parler et nous faire un retour de son expérience ?
Julie Vanden Eede, 20 ans, suit actuellement une formation à l’école hôtelière de Namur, et a accepté de revenir sur l’année en EAD qu’elle a suivie quand elle était plus jeune.
PROF : Pouvez-vous expliquer le contexte de cette année scolaire en EAD ?
Julie Vanden Eede : Au contraire de certains jeunes, mes motivations pour l’EAD n’étaient ni le harcèlement ni la phobie scolaire ni de mauvais résultats. J’ai suivi un cursus scolaire classique : maternelles, primaires, et le degré inférieur secondaire général. À la fin de la troisième, j’ai ressenti le besoin de voir autre chose et un besoin de paix. Je savais qu’il était possible de passer le CE2D via le jury central. J’en ai parlé à mes parents qui se sont montrés ouverts et qui ont accepté mon choix. Ma petite soeur a exprimé le même souhait. Nous avons donc suivi l’EAD et préparé les jurys. Elle, le CE1D. Moi, le CE2D.
Comment organisiez-vous vos apprentissages ?
Au début, je m’organisais comme lorsque j’allais à l’école. Mais très vite, j’ai laissé tomber. En fait, je ne travaillais vraiment qu’à l’approche des examens. Il faut savoir que c’est très difficile d’apprendre seule. Il faut une énorme motivation.
J’ai eu de la chance : mes parents avaient un bon réseau pour m’aider dans les matières les plus complexes. J’ai suivi les modules en ligne de l’e-learning, mais cela ne suffisait pas. Mes amies en EAD qui fréquentaient des écoles privées étaient plus encadrées, mais cela coute très cher. Tout le monde ne dispose pas des moyens pour cela.
Au regard de votre expérience, que diriez-vous à un jeune qui souhaiterait faire de l’EAD ?
Je lui dirais de peser le pour et le contre. L’EAD est loin d’être simple. Il faut trouver les informations concernant les programmes, les matières à acquérir ; s’inscrire aux examens, les passer et attendre les résultats qui prennent du temps avant d’être connus. Cet aspect « administratif » est lourd.
Ensuite, apprendre seul, c’est vraiment compliqué. Il faut se motiver, on doit pouvoir s’entourer de personnes relais. Il faut être bien organisé car si on se laisse aller c’est trop le bordel et on décroche.
Un conseil que je donnerais également aux parents : il faut absolument la présence d’un parent pour encadrer le jeune. Si ma maman n’avait pas été là, on n’aurait pas pu. Faire l’EAD demande un investissement énorme de la part du jeune, mais aussi de la part des parents. Sans parler de l’aspect financier.
Il faut également veiller à avoir des relations et activités extérieures, sinon on tombe dans la solitude. Je lui dirais aussi que s’il a un projet qui ne nécessite pas forcément le CESS, qu’il fonce. Il n’y a pas que les études générales.
Regrettez-vous cette année en EAD ?
Pas du tout, j’en ai appris beaucoup sur moi-même. J’ai nourri mes passions. J’ai rencontré plus de gens différents qu’à l’école. J’ai compris que l’école c’était plus simple. Les enseignants nous guident, cadrent la matière, nous préparent à des examens plus faciles qu’en EAD, nous soutiennent dans les apprentissages, nous poussent aussi quand on se laisse aller. Même si on doit s’adapter à un groupe classe.
Quand je suis retournée en 5e à l’école, ce n’était pas en trainant les pieds. Si être dans le cocon de sa maison c’est bien, cela peut aussi être négatif, car on est comme hors du temps. Vraiment, aller à l’école c’est plus simple.
H. D'H.
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