Magazine PROF n°52
Coté psy
L’importance du sommeil du rêve
Article publié le 10 / 12 / 2021.
Le sommeil du rêve a une fonction dans la fixation des apprentissages et une utilité au niveau de la résolution des conflits.
Neuropédiatre, Michel Dechamps est également conseiller pédiatre à l’Office de l’Enfance et de la Naissance (ONE).
PROF : Pourquoi rêve-t-on ? À quel moment du sommeil ?
Michel Dechamps : Grosso modo, le sommeil lent, qui comprend une phase de sommeil profond, est plutôt celui de la récupération physique et celui pendant lequel on secrète de l’hormone de croissance. En début de nuit, on va avoir ce sommeil lent, puis en fin de nuit, on va voir apparaitre des phases de sommeil paradoxal, peut-être pas plus fréquentes par cycles, mais plus longues. Là, c’est le sommeil où on rêve.
Ce sommeil du rêve a une fonction dans la fixation des apprentissages et une utilité au niveau de la résolution des conflits. Tout ce qui s’est passé d’un peu difficile, pendant
la journée ou avant, a peut-être trouvé une solution, mais enfin, il faut se l’approprier au niveau cérébral, ce que permet le rêve. Évidemment, quand il y a des choses très difficiles, ou des conflits non résolus ou réellement des traumatismes psychiques, le rêve tourne au cauchemar. L’inconscient lui-même ne parvient pas à élaborer des solutions
et ça devient plutôt gênant parce que ça intoxique. À ce stade-là, en général, il faut une approche thérapeutique pour permettre de mettre en place des solutions.
Quelles relations faire entre sommeil et troubles « dys », troubles de l’attention, etc. ?
Quand on s’occupe de tels troubles, on doit toujours poser une question sur la quantité, la durée du sommeil, et sa qualité.
S’il y a des enfants, des ados, qui dorment trop peu, en général, c’est plutôt lié à des facteurs sociaux, environnementaux : ils vont dormir trop tard et regardent la lumière
bleue des écrans, dont on sait qu’elle n’est pas bonne pour la sécrétion de la mélatonine et de l’endormissement. D’autre part, il y a les troubles du sommeil. S’il y a une obstruction respiratoire, des végétations hypertrophiées, des grosses amygdales, une étroitesse des fosses nasales, des apnées…, cela perturbe le sommeil. L’enfant s’éveille déjà fatigué.
Un moyen de repérer ça, c’est de regarder l’enfant dormir et de voir s’il fait du bruit, des pauses respiratoires… Les parents, on peut le leur suggérer, s’ils ne le font pas. C’est intéressant aussi de repérer l’agitation pendant le sommeil. Il y a notamment une association fréquente entre le syndrome des jambes sans repos et le trouble déficitaire de l’attention. Comme ce syndrome génère un sommeil de mauvaise qualité, ça va forcément renforcer les symptômes que ça a déjà causés. Cause et effet sont associés.
Il faut prendre en considération le sommeil, d’autant plus qu’il est un moment particulier : de rupture sociale, d’isolement, de confrontation avec ses propres pensées, positives ou négatives. Des enfants qui ne vont pas bien, parce que, que sais-je…, ils sont mal en famille, parce qu’ils sont mis sur la touche à cause de leur comportement, à cause de leur problème dys, la charge psychologique est importante et le sommeil est de mauvaise qualité. Et tout ça a des répercutions sur le travail scolaire, bien évidemment.
À quel âge le cerveau atteint-il son niveau de maturité ?
À la fin de l’adolescence, la croissance cérébrale, les principaux apprentissages, la maturation neurologique et la maturation psychique, sont finis. À partir de 16 ans, à partir de l’âge du jeune adulte, il y a quand même encore un modelage cérébral possible, mais les modalités fonctionnelles du cerveau sont fixées. D’où l’importance de le rappeler : l’alcool et les drogues (en tout cas certaines d’entre elles) vont vraiment avoir un impact sur le développement d’un cerveau en phase de maturation.
Propos recueillis par
Monica GLINEUR
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