Magazine PROF n°8
Dossier Réforme de la formation initiale
Le débat est ouvert
Article publié le 01 / 12 / 2010.
La réflexion sur la formation initiale des instituteurs et régents bat son plein. Au-delà de l’allongement se pose la question des contenus. Témoignages et réactions d’acteurs de terrain.
Le Conseil de l’éducation et de la formation constate dans un avis de juin 2009 (1) « l’impossibilité d’acquérir les 13 compétences (requises par décret) en formation initiale, certaines ne pouvant qu’y être initiées ». Or la demande croît : une meilleure connaissance des acquis disciplinaires, la capacité à déceler les troubles d’apprentissage, l’utilisation des TIC, l’initiation au code de la route, à la citoyenneté, en passant par l’Europe,... Et tout cela alors que les témoignages recueillis dans le cadre de ce dossier évoquent l’horaire surchargé des étudiants en haute école.
« Dans un master, l’horaire serait moins chargé », estime le directeur retraité de l’HENaM, Albert Leroy. Mais quels contenus y placer dans l’hypothèse de l’allongement de la formation initiale ? Ghislain Carlier (professeur, UCL) pense que le temps des disciplines monolithiques avec des logiques propres est révolu, et qu’il faut prendre en compte une nouvelle hiérarchisation qui tienne compte des matières plus transversales : « Révisons les programmes et la hiérarchisation des savoirs ».
Avec d’autres, Jacqueline Beckers (professeure, ULg) voit deux enjeux : les contenus à enseigner et les compétences professionnelles, dont la maitrise du savoir psychopédagogique, méthodologique et didactique. Des enjeux qu’il faut lier davantage : « Pour enseigner le latin à John, il faut bien connaitre le latin, et bien connaitre John », résume Ghislain Carlier. Notamment pour pouvoir repérer des troubles d’apprentissage, précise Marc Demeuse (professeur, UMH) : « Faire du diagnostic tourné vers la remédiation immédiate, mieux gérer sa classe, utiliser des supports qui permettent de le faire, fichiers autocorrectifs, manuels,… ».
Le professeur Dany Fosty (HE Charlemagne) nuance : « Si on arrive à former des praticiens réflexifs en cinq ans et si on les rend perméables à la recherche, ils devraient être capables de s’observer et de vérifier l’adéquation de ce qu’ils font avec les besoins de la société et de leurs élèves. Aujourd’hui, par exemple, les enseignants utilisent les TIC. Trop peu les exploitent dans leurs cours alors que c’est la réalité de leurs élèves. Quant à déceler les troubles d’apprentissage, attention, c’est risqué : nous ne sommes pas médecins ».
Patrick DELMÉE
(1) http://www.cef.cfwb.be Avis n° 105
Réactions
CGé. ChanGements pour l’égalité souhaite que l’allongement permette de « mieux préparer les enseignants à former tous les élèves, quelle que soit leur origine, dans une perspective de réussite… » Pour CGé, « il ne suffit pas que les futurs enseignants maîtrisent les matières enseignées ; il faut qu’ils soient conscients de leurs difficultés intrinsèques afin de pouvoir construire des séquences d’apprentissage adaptées et ainsi repérer et remédier immédiatement, dans la classe, aux difficultés de leurs élèves. » Troisième axe : « l’indispensable dimension collective du métier ».
http://www.changement-egalite.be/spip.php?article1905
Fapeo. La Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel, renvoyant à son Plan Charlemagne, estime qu’un allongement de la formation devrait permettre de consolider les compétences de base, et de former les enseignants à la pédagogie différenciée, au repérage des troubles d’apprentissage, à l’organisation des différents types de l’enseignement spécialisé, au travail en équipe, aux techniques de communication, et à l’apprentissage du français comme langue étrangère.
Ufapec. L’Union des fédérations d’associations de parents de l’enseignement catholique n’a pas pris position, mais son Mémorandum 2009 insiste « sur les deux axes suivants de la formation initiale et continuée des enseignants : les relations (porter un regard positif sur chaque élève et les encourager, favoriser les relations avec les parents) ; la prévention des échecs et des décrochages (observer, évaluer et guider les élèves, dépister à temps les difficultés) ».
MR. Françoise Bertieaux, chef de groupe MR au Parlement de la Communauté française, estime qu’« avant de créer deux années supplémentaires, il faut d’abord évaluer et renforcer le cycle existant… » Le MR suggère de « créer un Service d’appui pédagogique pour tous les enseignants qui n’auront pas bénéficié de cette nouvelle formation ». Son communiqué insiste aussi sur la nécessité « d’accompagner l’entrée des jeunes enseignants dans leur carrière professionnelle ».
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