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Magazine PROF n°13

 

Lectures 

Les racines du décrochage

Article publié le 01 / 03 / 2012.

Une enquête menée auprès d’élèves de la région bruxelloise a analysé les facteurs favorisant le décrochage scolaire.

En 2010-2011, une recherche a été menée à l’initiative des Cellules de Veille (1) de quinze communes bruxelloises. Sur la base d’une enquête auprès de 3 716 élèves de 3e secondaire, dans 66 écoles, Benoît Galand et Virginie Hospel, de l’Institut de Psychologie de l’Université catholique de Louvain, ont tenté de comprendre la dynamique du décrochage scolaire (2). Les enquêteurs ont brassé large, questionnant la perception par les élèves de leur environnement familial et scolaire, de leur motivation pour les apprentissages, de leur parcours scolaire, de leurs relations avec les pairs,…

Pour mesurer le risque de décrochage, ils ont plus particulièrement interrogé les jeunes sur leur absentéisme, sur leur intention d’abandonner ou non l’école, et sur les avantages qu’ils en perçoivent. L’enquête montre d’abord que le décrochage est un phénomène complexe lié à des facteurs qui interagissent et produisent des effets en cascade. Ces facteurs sont sociaux (âge, situation familiale, activités socioculturelles,…), mais concernent aussi la santé (dépression, assuétudes,…), la trajectoire scolaire (aspirations parentales, sanctions,…) et l’expérience scolaire (valeur donnée aux apprentissages,…). Selon les chercheurs, il est donc illusoire de prévenir le décrochage en ne ciblant qu’une ou deux causes.

C’est l’accumulation de plusieurs facteurs de risque et l’absence de facteurs de protection qui semble mener au décrochage. Celui-ci s’annonce progressivement par le désengagement et par l’absentéisme. Les élèves courant le plus grand risque de décrochage sont ceux qui, démotivés, cumulent quatre facteurs : faible valeur attribuée aux apprentissages, manque d’investissement et d’application, amis ayant l’intention d’abandonner l’école, et consommation de psychotropes.

Selon l’enquête redoublement, orientation, encadrement des élèves et cohérence de règles appliquées de manière équitable influencent le risque de décrochage. Partant de ces constats, le groupe qui a piloté l’enquête (cellules de veille, cellules locales d’accompagnement scolaire et chercheurs) va mettre en place des séances de travail avec des enseignants, directeurs, éducateurs, parents, élèves,…Pour examiner comment favoriser une pédagogie participative pour que les élèves en retrait réinvestissent les apprentissages et le groupe-classe ; comment soutenir les enseignants face aux difficultés de leurs élèves ; quels outils développer dès la maternelle pour valoriser l’école auprès des parents.

Catherine MOREAU

(1) Ces cellules (portant aujourd’hui des noms divers) sont intégrées aux services de prévention mis en place en 2007 par la Région de Bruxelles-Capitale dans les 19 communes pour aider les écoles à lutter contre le décrochage scolaire.
(2) État des lieux du risque de décrochage scolaire en région bruxelloise, téléchargeable sur http://hdl.handle.net/2078.1/109903

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