Magazine PROF n°14
L'acteur
Catherine Vanderhaeghe : « Le courant passe quand l’enseignant sent que je viens du terrain »
Article publié le 01 / 06 / 2012.
Conseillère pédagogique pour les langues germaniques dans une soixantaine d’écoles secondaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Catherine Vanderhaeghe aime faire le lien entre les enseignants et les outils pédagogiques mis à leur disposition.
PROF : Quel est votre itinéraire professionnel ?
Catherine Vanderhaeghe : Régente en langues germaniques, j’ai enseigné le néerlandais et l’anglais de 1996 à 2008 dans une dizaine d’écoles primaires et secondaires bruxelloises. Dans le premier athénée où je postulais, le préfet m’a trouvée trop jeune pour enseigner à un public « difficile », mais à l’Athénée Horta, j’ai pu m’adapter à ce type d’élèves grâce au soutien d’une équipe très soudée.
Après de multiples remplacements, je me suis posée à l’Athénée royal d’Evere. Chargée de classes du 2e degré du professionnel, je peinais face à des élèves aux niveaux parfois très faibles, auxquels je voulais à tout prix « faire passer la matière ». Là aussi, j’ai pu bénéficier du soutien de collègues et la direction m’a orientée vers l’enseignement général, où j’ai trouvé mon bonheur avant de reprendre des classes du qualifiant avec davantage d’expérience et de maturité.
À la recherche d’une bouffée d’air frais, tout en restant dans le domaine pédagogique, j’ai répondu à l’appel aux candidats conseillers pédagogiques, qui faisait suite au décret refondant l’inspection. Et actuellement, je travaille avec des équipes pédagogiques dans une soixantaine d’écoles secondaires à Bruxelles et dans le Hainaut.
Quelles sont vos missions ?
Il y a – et ce n’est pas la partie la plus agréable – celle qui succède à un rapport non satisfaisant du niveau des études par l’Inspection. À une équipe pédagogique blessée, qui s’est sentie jugée malgré la bienveillance des inspecteurs, j’explique qu’elle n’a pas eu à sa disposition les bonnes informations. Je propose de nouveaux outils, notamment ceux qui sont créés par le Centre d’autoformation et de formation continuée des personnels de l’enseignement et des CPMS de la Fédération Wallonie-Bruxelles (CAF). Ou bien je rends visibles ceux qui existent déjà à l’insu des enseignants. Je suis souvent invitée par des préfets pour animer des journées pédagogiques (souvent sur le thème de l’évaluation des compétences), pour soutenir des professeurs dans leur pratique quotidienne et, en particulier, ceux qui n’ont pas de formation pédagogique. J’aide des équipes à construire certains projets, comme un laboratoire de langue, ou à travailler avec un tableau blanc interactif. S’ajoutent de nombreux contacts individuels avec des enseignants.
À côté de cela, il y a le travail avec les autres conseillers pédagogiques : en collaboration avec le CAF, une future publication pour les professeurs de langues du 1er degré différencié. Avec mes collègues de langues, nous réfléchissons aux problèmes que nous rencontrons avec les collègues enseignants (comme l’évaluation, la planification,…). Nous rencontrons également des éditeurs pour nous tenir au courant des dernières publications.
Les enseignants vous perçoivent-ils comme une source de conseil et de soutien pédagogique ou comme un moyen de contrôle ?
Disons que l’on confond encore, mais que les choses évoluent. Je prends le temps de me présenter, d’expliquer aux enseignants que je ne demande à voir aucun document, que ma fonction n’est pas une promotion et que je perçois le même traitement qu’eux. Le courant passe quand ils sentent que je viens du terrain, que je ne débarque pas de la lune avec de grandes théories, quand ils savent qu’ils peuvent me contacter directement, que je suis là pour les informer et les aider à construire leur cours s’ils le souhaitent.
Que dites-vous, en particulier, aux enseignants du qualifiant qui expriment des difficultés que vous avez connues?
Justement, que je suis passée par là ! Puisque la matière doit être répartie sur un degré, je leur conseille de se concentrer sur leurs élèves, de ralentir le rythme et de le reprendre à d’autres moments. Je leur suggère également de travailler en équipe, d’oser parler de leurs difficultés…
L’avenir ?
J’arrive aux deux tiers de mon mandat (trois fois deux ans). Après, ce sera le retour en classe… qui me manque déjà, parfois.
Propos recueillis par
Catherine MOREAU
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