Magazine PROF n°16
L'acteur
Actrice dans l’expérience des élèves
Article publié le 01 / 12 / 2012.
Professeure de diction, de déclamation et d’art dramatique au Conservatoire de musique de La Louvière, Sophie Bachir cultive la motivation de ses élèves pour stimuler leur curiosité littéraire.
PROF : Votre cheminement ?
Sophie Bachir : À la fin de mes études secondaires (option maths-sciences), mon parcours en diction, déclamation et art dramatique à l’académie m’a donné très envie de poursuivre cette formation dans l’enseignement supérieur. Mais, prudente et déjà attirée par l’enseignement, j’ai commencé par un régendat en français-histoire. Puis je suis entrée au Conservatoire Royal de Bruxelles tout en enseignant l’expression orale et écrite dans une école primaire. Un premier prix en déclamation et un certificat d’aptitude à l’enseignement du français parlé m’ont permis de donner cours notamment à l’académie de Saint-Josse. Un premier prix en art dramatique m’a menée ensuite vers un horaire complet (24 périodes) en diction, déclamation et art dramatique au Conservatoire de musique, à La Louvière. Enfin, depuis l’an dernier, je donne certains cours d’agrégation à l’Institut des Arts de diffusion (IAD), à Louvain-la-Neuve, et j’accompagne les étudiants dans leurs stages.
L’enseignement artistique à horaire réduit (ESAHR) est-il organisé comme l’enseignement ordinaire (1)?
Pour les quatre domaines d’enseignement (musique ; danse ; arts de la parole et du théâtre ; arts plastiques, visuels et de l’espace), la Fédération Wallonie-Bruxelles a déterminé des filières. En filière préparatoire, les élèves peuvent, dès 5 ou 6 ans, s’initier à la pratique et au langage de la discipline choisie. Plus âgés, ils entrent en formation, puis en qualification (la plus souvent organisée) ou en transition (s’ils se destinent à l’enseignement supérieur artistique). Nous les évaluons sur la base de socles de compétences qui prennent en compte l’intelligence artistique, la maitrise technique, l’autonomie et la créativité. Des socles définis dans les programmes élaborés par les équipes enseignantes et soumis à l’approbation de la Fédération par chaque pouvoir organisateur (2).
Un enseignement non obligatoire…
Oui, le plus souvent… (3). Son but est de favoriser l’épanouissement des élèves par une culture et une pratique artistiques. À sa base, il y a leur désir et leur plaisir d’apprendre, leur motivation.
Ces motivations sont-elles très différentes ?
Bien sûr. Dans mon domaine d’enseignement, certains élèves, encouragés ou non par leurs parents, viennent pour tenter de vaincre leur timidité ; d’autres, pour améliorer leur expression verbale ou pour développer et exploiter leurs capacités créatives et expressives,…
L’ESAHR bouscule-t-il les balises des âges ?
Absolument ! Dans la filière de qualification notamment, se rencontrent des adolescents et des adultes de tous âges qui se découvrent un intérêt commun, partagent et coopèrent autour de projets collectifs. Une autre particularité, c’est que je peux accompagner mes élèves pendant des années, certains de 5 à 19 ans. Ce suivi me manquerait dans l’enseignement ordinaire.
Vos élèves viennent d’écoles, d’horizons différents…
Oui, chacun vient avec ce qu’il est et avec ce qu’il pense. C’est une source d’enrichissement dans le travail collectif. La déclamation les amène à découvrir et à interpréter des œuvres littéraires non dramatiques, leur permet d’aborder des thèmes, des genres divers, des auteurs de tous temps et tous pays. L’art dramatique explore des œuvres théâtrales classiques ou contemporaines. À l’écoute de leurs gouts et de leurs attentes, je cherche à les sensibiliser à la forme et au contenu des textes que je leur propose ou qu’ils amènent.
Si c’était à refaire ?
Je le referais, sans aucun doute ! Mon horaire, avec pas mal de prestations en soirée, est moins compatible avec une vie familiale et personnelle que celui d’un enseignant de l’ordinaire, mais je suis heureuse de pouvoir accompagner mes élèves dans leurs découvertes. D’être actrice dans l’expérience qu’ils vivent.
Propos recueillis par
Catherine MOREAU
(1) Décret organisant l’ESAHR subventionné par la Fédération Wallonie-Bruxelles :
http://www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/22233_005.pdf
(2) L’ESAHR comprend 112 établissements : 103 organisés par des Villes ou Communes et 9 par des ASBL.
(3) Les humanités artistiques dépendent également de l’ESAHR.
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