Magazine PROF - Partage

 

À la Une | DécryptagePartage | Reportage | Témoignage | Archives | S'abonner à l'infolettre

Mise en ligne le 03 juin 2024

Coenseignement : faire plus, différemment

Dans Coenseignement, Philippe Tremblay estime que cette pratique, encore sous-utilisée, est « la meilleure manière d’opérationnaliser l’école inclusive ».

Pour Philippe Tremblay, le coenseignement a un potentiel « encore sous-utilisé de transformation des écoles, de l’expérience d’enseignement et de l’expérience d’apprentissage des élèves ».
Pour Philippe Tremblay, le coenseignement a un potentiel « encore sous-utilisé de transformation des écoles, de l’expérience d’enseignement et de l’expérience d’apprentissage des élèves ».
© SolStock

Spécialiste de l’analyse et de l’évaluation des dispositifs destinés aux élèves en difficultés, Philippe Tremblay commence par définir le coenseignement comme « un travail pédagogique en commun, dans un même groupe et dans un même temps, de deux ou plusieurs enseignants se partageant les responsabilités éducatives pour atteindre les objectifs spécifiques ».

Dans le premier chapitre de Coenseignement (éd. Académia, collection Les sciences de l’éducation aujourd’hui), l’auteur observe que cette pratique s’est d’abord incarnée dans un travail en équipe rompant avec la tradition d’un enseignant seul responsable d’un groupe (ou classe) ou de sa discipline. Ensuite, elle a davantage été mise en œuvre au bénéfice d’élèves à besoins spécifiques, et est devenu selon Philippe Tremblay « la meilleure manière d’opérationnaliser l’école inclusive ».

Quatre composantes distinguent le coenseignement, rappelle-t-il ensuite. Il implique au moins deux professionnels. Cela va de soi. Qui prennent chacun une part active au dispositif. Ce dernier se définit par rapport à un groupe diversifié d’élèves. Et enfin, ce groupe partage un même espace.

Le troisième chapitre décrit les types de coenseignement : inclusif (la collaboration entre un enseignant « ordinaire » et un enseignant « spécialisé »), pédagogique (deux enseignants au moins se partagent une double classe), linguistique (un des enseignants est spécialisé dans la langue soit d’immersion soit d’apprentissage) ou encore développemental (collaboration entre deux stagiaires ou entre un enseignant chevronné et un stagiaire, en vue du développement professionnel).

Si les recherches sur le coenseignement en distinguent six grandes configurations, elles ne suffisent pourtant pas à épuiser la réalité, estime Philippe Tremblay, qui en identifie trente-et-une !
Il en évoque les principales.

  1. L’un enseigne, l’autre observe. Très fréquent, surtout au début du coenseignement.
  2. L’un enseigne, l’autre aide.
  3. Des configurations « mineures », plus ponctuelles mais très fréquentes.
  4. Les deux enseignants aident les élèves, particulièrement quand ces derniers travaillent individuellement ou en sous-groupes.
  5. Les deux évaluent.
  6. L’enseignement en parallèle, chacun avec un groupe sur les mêmes contenus ou pas.
  7. L’enseignement par atelier, chacun ayant la responsabilité d’une partie du parcours des élèves.
  8. L’enseignement alternatif, l’un des deux s’attachant à du préapprentissage, de l’enrichissement ou de la remédiation avec un petit groupe de besoin.
  9. L’enseignement partagé, les deux enseignants donnant le même cours aux mêmes élèves, alternant leurs prises de parole.
  10. Des configurations hybrides.

Un bref chapitre sur les recherches quantitatives et qualitatives conclut que « les avantages du coenseignement sont bien documentés dans la recherche » qui identifie aussi « des défis et obstacles à sa mise en œuvre ». Philippe Tremblay synthétise les uns et les autres.

Ensuite, l’auteur s’attarde sur les conditions de réussite, au rang desquelles, bien entendu, la concertation et la coplanification, qui font l’objet d’un chapitre entier.

En conclusion, Philippe Tremblay observe que le coenseignement permet de faire plus, mais surtout différemment, et qu’il est fécond en termes de réussite des élèves, mais aussi sur les plans pédagogique, organisationnel  et de développement professionnel. Bref, qu’il a un potentiel « encore sous-utilisé de transformation des écoles, de l’expérience d’enseignement et de l’expérience d’apprentissage des élèves ».

Pour en savoir plus sur le coenseignement en pratique, relisez l’interview de Cindy Choffray et Sylvie Thomas, paru dans PROF en décembre 2021.

D.C.