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Magazine PROF n°20

 

L'info 

Immersion en entreprise : Audi et Don Bosco roulent ensemble

Article publié le 01 / 12 / 2013.

De nombreuses écoles du qualifiant organisent des stages pour leurs élèves, même s’ils ne sont pas obligatoires. L’an dernier, trois écoles sont déjà allées plus loin, vers une formation au sein même d’entreprises. L’expérience s’étend en 2013-2014. Focus sur le projet mené par l’Institut Don Bosco, à Woluwe-Saint-Pierre, et Audi, à Forest.

En 2012-2013, dix élèves de 5e qualification électricien automaticien de l’Institut Don Bosco ont suivi chez Audi une formation de 200 heures complétée par 100 heures de stage, pour accompagner des techniciens dans leurs fonctions. Ils sont tous passés en 6e. Et, comme d’autres écoles-pilotes (lire Le ministère soutient le projet-pilote), l’immersion a repris depuis septembre pour eux ainsi que pour une nouvelle 5e.

Stéphane Allard : « L’immersion, un accord win-win pour notre école et Audi ».
Stéphane Allard : « L’immersion, un accord win-win pour notre école et Audi ».
© Audi Brussels

Gisèle Lamboray, directrice d’Iristech : « L’immersion est née d’une demande d’Audi à notre Centre de références, insatisfaite de ne pas trouver facilement de jeunes techniciens qualifiés pour son antenne forestoise et désireuse de mener un projet-pilote, calqué sur le système allemand où des élèves vont en entreprise jusqu’à quatre jours sur cinq. Le choix de l’Institut Don Bosco, qui y avait déjà un pied via des stages et des formations Iristech, fut tout naturel ».

De l’entreprise à l’école…

Ce projet s’inscrit dans un terreau. Stéphane Allard, directeur-adjoint : « Depuis mon entrée en fonction il y a huit ans, l’école a multiplié les contacts avec les entreprises (Audi, STIB, Infrabel, Sibelgaz,…) pour des collaborations à géométrie variable, mais, avant tout, pour des visites de l’école. Elles ont permis de montrer ce que nous faisons et d’écouter les besoins des entreprises en techniciens. Or, nos élèves n’arrivent souvent vers elles qu’après un premier emploi, qui ne correspond pas à leur qualification. Ainsi, nous les avons invitées lors de nos portes ouvertes et de journées emploi, fin juin ou début juillet, pour des embauches en juillet ou aout. Cela évite aux élèves le parcours du combattant du demandeur d’emploi. Don Bosco amenait les jeunes de milieu défavorisé à l’emploi lors de l’industrialisation italienne du 19e siècle : nous essayons de faire de même. Bientôt, nous inviterons également Actiris à accompagner nos sortants dès juillet : son carnet d’adresses est aussi bien rempli ».

… vers l’école à l’entreprise

Avec l’aval du Cabinet de l’Enseignement obligatoire, l’école a négocié un accord win-win. « L’entreprise assure l’encadrement de dix élèves, continue M. Allard. Le conseil de classe les a choisis en fonction de leur engagement, de leurs capacités en néerlandais (l’allemand était un atout supplémentaire), de leur autonomie et de leur flexibilité. Les autres élèves de 5e ont été regroupés dans une autre classe avec des formations Iristech et une présence plus légère dans d’autres entreprises ».

La discussion a porté aussi sur l’évaluation : c’est l’école qui l’organise et certifie sur base du programme de qualification en électricité, même si la formation va bien plus loin, même si les épreuves de qualification sont intégrées. « Et si le cours est donné par un technicien Audi ou d’une autre entreprise fournisseuse de matériel, parfois via un interprète, l’enseignant joue toujours son rôle de préparation, de tampon, de relance des questions des élèves. Pour l’assurer, il doit aussi se former lui-même. Et ce n’est pas facile de trouver des formations de pointe qui ne coutent pas cher ». L’école a refusé que les élèves signent un pré-contrat : « Audi a-t-elle si peu confiance en elle pour penser qu’un jeune irait voir ailleurs après une telle expérience ? »

Chez Audi, tout nouvel engagé doit être formé. « L’immersion, elle, permet de recruter de jeunes techniciens… déjà bien formés, affirme Wannes Schoeters, du Marketing RH. L’école prépare les élèves par des cours théoriques (mécanique, mathématique,…) ou des ateliers sur des automates programmables que nous lui offrons. À l’usine se déroulent les cours sur des robots dans un centre de formation et les stages ».

Un projet pionnier

Des professeurs étaient réticents, vu les conflits sociaux qu’a connus l’entreprise : « C’est votre boulot de conscientiser vos élèves à cela et de développer leur esprit critique et leurs compétences de citoyen », leur a répondu le directeur-adjoint. Et, à ceux qui estiment que l’immersion est un véritable formatage, M. Schoeters déclare, lui, que « la formation, globale, permet au jeune d’envisager un emploi dans toute entreprise automatisée. Le professeur, toujours présent, est le garant des valeurs de l’école et du programme. Il assiste aussi à l’évaluation du stage ».

Mais ce n’est pas facile d’organiser une classe pour dix élèves. M. Allard : « Avec 2,7 heures par élève, on n’arrive pas aux 32 de la grille. Le complément ? Nos fonds propres et une petite aide du cabinet de 4 heures, l’an dernier. Nous essayons de combiner l’horaire des stages d’Audi avec celui d’une autre entreprise, pour regrouper ».

Autre difficulté, la flexibilité : ce projet impose de fonctionner avec plusieurs grilles sur l’année et de jouer sur les fourches des élèves, des enseignants et des regroupements verticaux pour rattraper. « Les participants sont tous volontaires, Les élèves reviennent avec des étoiles dans les yeux. Les profs de cours généraux voient des élèves murir plus vite et plus motivés. L’an passé, seul un chapitre de math n’a pas été vu, et il l’a été cette année ». L’immersion compense les heures de pratiques et de labo, mais pas totalement, ce qui laisse une marge pour compléter la matière.

Un dernier enjeu est la mobilité. « Les élèves craignent de bouger la première fois. Après, ça va. Et lorsque les horaires des transports en commun sont incompatibles, l’entreprise suscite un co-voiturage ».

Pour M. Schoeters, la formation est adaptée au niveau. Les vingt élèves francophones et les sept néerlandophones font preuve de maturité, de solidarité, de communication avec les vingt-quatre guides et le coordonnateur qui les entourent. Ils veulent progresser et faire de la qualité et estiment que la collaboration avec l’équipe fonctionne bien et que l’immersion favorise l’activité. « Cette collaboration participe à l’image d’une entreprise de référence, poursuit-il. Audi est prête à élargir le projet et à partager son expérience avec d’autres » (1).

Et M. Allard de surenchérir : « L’expérience est transférable : nous cherchons d’autres partenaires pour tout notre 3e degré » (2).

Pa. D.

(1) wannes.schoeters@audi.de – 0499 / 57 74 07
(2) stephane.allard@idbbxl.com – 02 / 771 01 02

Le ministère soutient le projet-pilote

L’immersion en entreprise est une des expériences-pilotes soutenues par la ministre de l’Enseignement obligatoire. En plus des stages, celle-ci comporte une formation en entreprise, pour trois écoles en 2012-2013 : l’Institut Don Bosco à Woluwe-Saint-Pierre (10 élèves chez Audi), l’Athénée royal à Soumagne (29 élèves, dans une vingtaine de PME), l’Université du travail à Charleroi (3 élèves chez Caterpillar). Sur les 42 jeunes, un seul a abandonné.

Cinq écoles s’y ajouteraient en 2013-2014 toujours dans le secteur industrie (électromécaniciens, électriciens, usineurs) ou de la construction. Patrick Beaudelot, du cabinet de l’Enseignement obligatoire : « La condition de départ, c’est le dialogue. La flexibilité sur les horaires joue aussi. Elle interpelle les écoles et nécessite une concertation sociale et l’implication de tout le monde. Un autre enjeu est, en 5e, l’apprentissage de certaines compétences techniques et d’attitudes utiles dans l’entreprise ; peut-être faut-il reculer la date de l’immersion dans l’année. 35 000 élèves vont déjà en stage, 15 000 réalisent l’enseignement en alternance, resterait à trouver petit à petit des postes pour 15 000 élèves. Bref, un projet à continuer ».

Des stages bientôt obligatoires

Rien ne norme aujourd’hui la pratique des stages : minimum et maximum d’heures, modalités,… « Un futur décret prévoit une normalisation progressive dans l’enseignement ordinaire et spécialisé et dans les CEFA, explique Anne Hellemans, Responsable de la Direction des Relations écoles-monde du travail. Déjà passé en troisième et dernière lecture au gouvernement, l’avant-projet concerne dans un premier temps les 7es et les sections inscrites dans la Certification par unités, et à terme, tout le 3e degré qualifiant (technique et professionnel) de l’obligatoire et des CEFA. Il envisage même des découvertes d’entreprise au 1e degré. Les stages deviendront une condition d’obtention du Certificat de Qualification ». Les Instances sous-régionales de Pilotage inter-réseaux (IPIEQ) joueront l’interface entre écoles et entreprises, ainsi que l’administration. « Nous devrions développer des conventions sectorielles de partenariat et synergies. Notons que si les écoles se plaignaient de ne pas trouver d’endroits de stage, aujourd’hui, nombreuses sont les entreprises qui ne trouvent pas de stagiaires. Il faut donc que les écoles élargissent leurs carnets d’adresses ».

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