Magazine PROF n°1
En avant toutes
Un label écologique pour des écoles
Article publié le 01 / 03 / 2009.
En avant, toutes ! À la rencontre d’écoles tout entières mobilisées autour d’un projet. Première escale à l’IESPP, à Mons, qui s’est lancée dans l’éco-gestion, et a obtenu la certification ISO 14001. Vaste programme, depuis les fournitures jusqu’aux économies d’énergie, en passant par le covoiturage, le contrôle du bruit…
Comment éviter de polluer l’air ? Réussir le tri sélectif des déchets ? Quels sont les résultats de l’audit sur les moyens de transport des élèves ? Le « mur de communication » du réfectoire fourmille d’informations, à l’Institut d’enseignement secondaire paramédical provincial (IESPP) de Mons (1). Et dans chaque classe, un « bulletin météo » donne la température en fin de journée : lumières éteintes ? Portes et radiateurs fermés ? Local rangé ? Déchets triés ?
En 2002, l’IESSP a opté pour un système de management environnemental basé sur la norme européenne IS0 14 001. Cette réglementation, principalement utilisée dans les entreprises, permet de gérer l’école en limitant au maximum son impact sur l’environnement. Seules cinq autres écoles ont obtenu cette certification (2).
« L’objectif, c’est de rendre les élèves coresponsables de l’environnement, du développement durable, explique Renaud Servotte, coordinateur environnement au sein de l’IESSP. Et, pour l’école, de mieux gérer les dépenses énergétiques, afin de réduire les rejets de CO2 et de diminuer les coûts. Un fameux défi dans un établissement comptant plus de 1 400 personnes (enseignants, élèves, éducateurs, direction, personnel administratif et d’entretien) réparties dans deux bâtiments d’âges différents… »
« L’an dernier, les sixièmes Techniques sociales ont réalisé un audit énergétique de l’école, explique Catherine Huens, professeur de physique. Cela a notamment permis de se rendre compte que le distributeur de boissons engloutit 40 % de la consommation électrique. Les résultats ont été communiqués à tous, y compris à la députation provinciale (NDLR : pouvoir organisateur de l’IESSP). Cette année, du matériel plus performant (wattmètre, luxmètre,…) permettra d’affiner les mesures. En projet : la présentation de saynètes sur ce thème lors des prochaines journées portes ouvertes, ce qui élargit le projet à d’autres cours ». L’objectif à plus long terme ? Des actions concrètes à proposer au conseil de participation : éviter les zones sur-éclairées, les ampoules énergivores,…
En sections sciences paramédicales, sous la houlette de Corinne Yernaux, professeure de chimie, on s’est attelé à un audit sur la consommation d’eau.
Une amélioration continue
La différence avec d’autres projets centrés sur l’environnement ? Le souci d’intégrer cette notion de manière durable et continue dans tous les aspects de la vie de l’établissement. Cela va du tri des déchets courants et spéciaux - ceux des labos - au souci de veiller de façon écologique à la propreté des lieux, en passant par le contrôle du bruit, de l’utilisation d’énergie, par le souci de la sécurité, de la santé, de la communication,…
« Ce système de gestion se construit en plusieurs phases, précise le coordinateur environnement. D’abord, nous définissons une politique environnementale détaillée dans une charte affichée dans les locaux et signée par les parents. Puis, nous lançons des actions. Cela a nécessité notamment la création d’un comité de pilotage, composé de responsables pédagogiques, de sécurité, de la comptabilité, du personnel de maintenance,… tous sensibilisés et formés. Cela suppose une bonne communication interne et externe - site internet, journées portes ouvertes,… »
« Pour la vérification, nous avons créé des indicateurs environnementaux (des mesures), de sensibilisation (le nombre d’animations, d’enseignants, d’élèves concernés,…) ou de gestion (nombre d’objectifs atteints,…) ».
« Retaper sans cesse sur le clou »
« À cela s’ajoute un audit externe annuel effectué par un certificateur de Procert, un organisme agréé ». Celui-ci, chargé de vérifier les documents administratifs et la réalisation des projets, distingue des nonconformités mineures, à résoudre dans les trois mois, et majeures, susceptibles de faire perdre la labellisation. « Pas de souci jusqu’à présent, rassure Renaud Servotte. L’école a décroché une certification ISO 14 001 jusqu’en 2010 ».
Mais tout cela ne se fait pas sans une implication quotidienne. Dans une classe, deux responsables de l’entretien pestent en extirpant de la poubelle un amas de papier agglutiné par le contenu d’une canette. « Il faut sans cesse retaper sur le clou », reconnait le coordinateur. « Les habitudes s’installent, enchaine Catherine Huens. Une vingtaine d’enseignants sont engagés activement dans les projets. Et par exemple, pour le souper qui aidera à financer leur voyage, les sixièmes techniques sociales ont privilégié le matériel recyclable, et sont même allés emprunter des couverts à l’école voisine ».
Catherine MOREAU
(1) L’IESSP a des sections paramédicales, sociales et éducatives, en techniques de transition, de qualification et professionnelles, et une section « Infirmières hospitalières ».
(2) Le Collège Sainte-Véronique (Liège), le Lycée Berlaymont (Waterloo), le Collège Saint-Augustin (Enghien), l’Institut Robert Schuman (Eupen) et l’Institut provincial agronomique (La Reid).
L’Agenda 21 des écoles
Trois autres écoles provinciales de la région sont entrées dans le projet Agenda 21 scolaire, plus souple que la certification ISO 14001.
« L’objectif est identique à celui de la certification IS0 14 001 – sensibiliser toute la communauté scolaire à l’environnement – , mais les procédures sont simplifiées, moins détaillées, explique Renaud Servotte, appelé à la rescousse à l’École fondamentale provinciale Victor Mirguet (Mons), au Lycée provincial d’enseignement technique du Hainaut (Saint-Ghislain), au Lycée provincial Albert Libiez (Pâturages) et au Lycée technique provincial Richard Stievenart (Hornu).
Le programme Écoles en développement durable, initié par la Région wallonne et coordonné par l’ASBL Coren (1), distingue plusieurs démarches. Cela va d’activités ponctuelles (animations, journées pédagogiques) à la certification IS0 14 001 en passant par Écoles pour demain et Agenda 21 scolaire.
Parmi d’autres, trois des quatre écoles que supervise Renaud Servotte « ont bouclé leur état des lieux. Il a été établi en collaboration avec les enseignants, le personnel et les élèves, qui ont choisi des thèmes et des axes d’engagement », précise le coordinateur.
Chaque projet devra toucher, par l’intermédiaire de différents cours, le cadre de vie, la santé, la solidarité et la citoyenneté, l’environnement et l’économie. Avec la possibilité, pour chaque école, d’entrer, si elle le souhaite, dans la démarche de certification. L’objectif de la Province, c’est en tout cas que toutes ses écoles du district de Mons entrent dans le processus.
C. M.
(1) http://www.coren.be L’ASBL organise un concours à l’attention des écoles wallonnes certifiées ISO 14 001, des écoles Agenda 21 scolaire et des Écoles pour Demain. Projets à rentrer pour le 30 mars 2009. Contact : natachathevenod@coren.be (02/640 53 23).
Projets d’éco-gestion
Du 18 au 20 mars 2009, des écoles belges et européennes engagées dans un projet d’éco-gestion présenteront leurs expériences lors de trois journées d’étude organisées à Liège, La Reid et Eupen.
On trouvera sur le site http://www.enseignement.be un espace dédié à l’éducation relative à l’environnement : http://enseignement.be/index.php?page=26927&navi=4038&rank_page=26927
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