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Magazine PROF n°21

 

L'info 

Chaque élève est fier de quelque chose

Article publié le 01 / 03 / 2014.

À l’École fondamentale de Tivoli, à Laeken, le portfolio traduit le parcours de chaque élève. Ce dossier évolutif sert de lien privilégié entre les enfants et leur famille.

Très fiers, Manel et Mohammed, 5 ans, font défiler les pages colorées de leur classeur-portfolio : aux photos personnelles et familiales, à celles qui content des activités scolaires succèdent des feuilles d’exercices. Détaillant le sien, Viktoria, en 4e, explique : « Je me suis donné un défi : faire attention à l’orthographe dans chaque texte libre et pas seulement dans les exercices ».

Dans son portfolio, chaque élève se présente dans son environnement familial, dans sa classe, puis y place les travaux de son choix réalisés pendant les activités scolaires
Dans son portfolio, chaque élève se présente dans son environnement familial, dans sa classe, puis y place les travaux de son choix réalisés pendant les activités scolaires
© PROF/FWB

Ce portfolio est utilisé par les enseignants des dix-neuf classes de l’École fondamentale de Tivoli, à encadrement différencié, qui accueille quelque quatre-cents élèves. « Nous le constations : pour certains parents, les réunions représentaient un mauvais moment à passer, explique la directrice, Michèle Masil. Gommettes rouges et remarques négatives pouvaient même engendrer de la violence familiale. Et pour les élèves primo-arrivants, la mention « non évalué » n’avait rien d’encourageant et ne reflétait pas les progrès engrangés ».

Classeur, boite à trésors…

D’où une réflexion menée au sein d’un groupe réunissant directeurs, enseignants, conseillers pédagogiques, à l’initiative de la ville de Bruxelles. Dans son portfolio, chaque élève, de la 1re maternelle à la 6e primaire, se présente dans son environnement familial, dans sa classe, puis y place les travaux de son choix réalisés pendant les activités scolaires. Dans la classe d’accueil, le portfolio se présente comme une boite à trésors dans laquelle la famille est invitée à glisser un mot doux, un encouragement, une photo,…

S’ajoutent dans ce portfolio l’avis personnel de l’élève sur sa progression, et ceux des enseignants, logopède, éducateur, psychomotricien,… Ceux-ci n’évaluent pas les compétences mais soulignent les progrès, les réussites. Car l’objectif est de situer l’élève dans ses apprentissages, de préciser ce qui est acquis ou encore en devenir, de prendre en compte des compétences transversales, parfois oubliées dans un bulletin traditionnel. Et d’aboutir à ce que chaque élève soit fier de quelque chose. Aidé par l’enseignant, l’enfant se pose au moins un défi, exprimé en langage simple que les parents s’engageront à soutenir. « Aux défis personnels, nous avons ajouté des défis collectifs, comportementaux et cognitifs, pour qu’ils sachent à quel niveau se situe leur enfant », explique Madame Doriane, institutrice en maternelle.

En début d’année, le portfolio est présenté aux familles. Ensuite, lors de rencontres, chaque enfant le montre à ses parents, accompagné par l’enseignant. Chemin faisant, il traduit pour eux la culture, les exigences de l’école, voire les mots les plus souvent utilisés pendant l’année scolaire. « Le centre de gravité s’est ainsi déplacé, rendant l’enfant réellement acteur des contacts avec les parents, explique Mme Masil. Ces présentations réunissent désormais grands-parents, frères et sœurs autour des réussites de l’enfant. Et la quasi-totalité des familles est présente ».

Des parents plus actifs

Les résultats ? Positifs à plusieurs niveaux. Les enfants se connaissent mieux et se respectent davantage. « Ils se sentent mieux car moins jugés dans leur travail. Lorsqu’ils sont en échec, ils l’expliquent à leurs parents et le présentent comme un défi », explique Ghislaine El Bourremani, institutrice en 4e primaire. Le portfolio qui suit l’élève au cours de sa scolarité permet aux enseignants de mieux assurer la continuité des apprentissages et joue aussi un rôle de soutien et d’accompagnement en cas d’année complémentaire. De leur côté, plus confiants envers l’école, les parents sont plus actifs, collaborent davantage. « Ils viennent nous trouver pour nous demander comment ils peuvent aider leur enfant », expliquent les enseignantes.

La directrice le précise: l’outil, en construction permanente, n’est pas le remède miracle. Il n’exclut pas le recours au CPMS en cas de problème importants. Et les évaluations présentées aux élèves dans les deux bulletins annuels mettent l’accent sur certains apprentissages fondamentaux : la lecture, l’écriture, la résolution de problèmes en mathématiques, la mise en place de la démarche scientifique,…

Catherine MOREAU

Pour faciliter le dialogue

Pour certains parents de milieux précarisés éloignés des codes, parfois de la langue de l’école, l’entrée en maternelle marque une première rupture avec la sphère familiale. Même convaincus de l’importance de l’école, ils nouent peu de contacts avec les enseignants par crainte du jugement ou par sentiment d’incompétence. C’est ce que montre la recherche Ce que des parents en situation de précarité disent de l’accueil et de l’éducation des tout-petits, commandée par la Fondation Roi Baudouin.

Comment rapprocher ces familles de l’école sans prendre le pouvoir sur elles ? Cette question a réuni plus de quatre-vingts personnes venues de vingt-huit écoles et de dix-neuf CPMS à l’appel de la Fondation et du projet Décolâge ! (qui vise à réduire le maintien en maternelle et l’échec en 1re et 2e primaires). L’occasion d’échanger, de questionner les pratiques, de comprendre les différences de références culturelles et leur impact sur la scolarité des enfants.

Cela a abouti à la brochure Écoles maternelles et familles en situation de précarité éditée par la Fondation. On y trouve notamment des témoignages de parents, des outils d’analyse des relations écoles-familles, mais aussi la description de dispositifs en matière d’accueil, de soutien et d’information. S’y ajoutent des points d’attention qui devraient inspirer rapports et comportements : privilégier l’oral et le visuel, rendre explicite ce qui est implicitement clair pour l’enseignant, réfléchir et agir en équipe pédagogique, créer des liens avant les difficultés,…

C. M.

Un voyage dans l’interculturalité

Dans le cadre de son cours d’Approche théorique et pratique de la diversité culturelle et de la dimension de genre, à la Haute École Louvain en Hainaut, Pascale Vanhoudenhove envoie ses futurs enseignants en stage d’immersion dans des associations (maisons de quartier, écoles de devoirs,…) des quartiers populaires de Bruxelles pour les faire sortir du milieu scolaire et aller à la rencontre d’autres réalités sociales. C’est l’une des expériences relatées dans le livre Melting classes (1) du mouvement socio-pédagogique ChanGements pour l’égalité. Cet ouvrage présente les étapes théoriques de la démarche interculturelle, puis un éventail de récits de pratiques et d’expériences en provenance de l’école et des associations.

(1) BONNEFOND A. (coord.), Melting Classes, Couleur livres, 2013.

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