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Magazine PROF n°25

 

L'info 

Des Liégeois font le pont… entre le secondaire et le supérieur

Article publié le 01 / 04 / 2015.

Depuis 2013, des enseignants liégeois du secondaire et du supérieur travaillent ensemble sur la transition entre ces deux niveaux, pour améliorer le taux de réussite en première année de bachelier.

Février 2015, Athénée royal Charles Rogier, à Liège. Des enseignants du secondaire et du supérieur, toutes disciplines confondues et de toute la région liégeoise, élaborent ensemble un test destiné aux élèves de 6e secondaire ou 7e professionnelle.

« Il permettra aux jeunes de s’auto-évaluer de manière réaliste, explique Carine Van Rymenam, coordinatrice du groupe et professeure à Charles Rogier. Et il les aidera à prendre conscience des lacunes à combler pour entamer des études supérieures avec de bonnes chances de succès ».

Cela répond à une préoccupation importante : seuls deux étudiants sur cinq réussissent leur 1er bac. Un chiffre stable depuis dix ans, malgré les outils d’aide à la réussite mis en place dans le supérieur.

Un test en fin de secondaire

« Pour éviter de toucher seulement les motivés, ce test sera proposé à tous les élèves des classes participantes, ajoute Martine Vertez, professeure de physique à l’Athénée de Chênée, après avoir fréquenté l’enseignement supérieur et la promotion sociale. Et il se fera en début d’année pour avoir un feed-back efficace. Nos élèves semblent l’attendre, et plus particulièrement celui des enseignants du supérieur ».

Ce test comportera deux versions : une pour les sciences, l’autre pour les sciences humaines. Il se fera à partir d’un dossier d’une quarantaine de pages. Les participants aux deux sous-groupes cherchent actuellement des articles thématiques multidisciplinaires, dont au moins un rédigé en anglais. Ils rédigeront ensuite un questionnaire.

Mme Van Rymenam : « Pas complètement déterminée, l’épreuve va vers un exercice d’analyse, de synthèse, de planification. La plaquette sciences devrait donner lieu également à un traitement mathématique. De plus, un volet du questionnaire portera sur la méthodologie utilisée pour appréhender le dossier, s’approprier ses savoirs, et répondre à l’épreuve ».

En effet, plusieurs auteurs l’affirment, comme Marc Romainville, professeur à UNamur : mieux vaut toucher les représentations et les stratégies des étudiants le plus en amont possible. Et, dans une étude récente, les chercheurs Christiane Blondin et Florent Chenu, ont interrogé des étudiants qui ont réussi leur 2e bachelier après un échec un 1er bachelier.

Avec toutes les réserves d’usage liées à un petit échantillon, ils estiment que les représentations et stratégies jouent un rôle important dans les échecs : « Entre autres, la surestimation des compétences en début de 1er bac amènerait à ne pas fournir un travail suffisant et suffisamment régulier pour réussir. La réussite au 2e essai passerait par un effort en profondeur où des stratégies cognitives (mémorisation, résumé, compréhension, exercisation) sont mises en œuvre conjointement avec des stratégies plus métacognitives (planification, anticipation, contrôle) » (1).

Diverses questions se posent encore à ce groupe de travail. Les élèves disposeront-ils de la plaquette à l’avance pour l’appréhender ou l’annoter ? Si oui combien de temps à l’avance ? Le test sera-t-il à cahier ouvert ? Faudrait-il privilégier la mémorisation ? L’épreuve doit-elle tenir compte du projet de suivre l’université ou un bac professionnalisant ?…

Décloisonner

Mais le groupe va de l’avant et espère être à pied d’œuvre en septembre 2015, sinon 2016. Les participants sont motivés. Enseignants et directions du secondaire se disent prêts à modifier leurs cours pour remédier aux lacunes révélées par le test.

« Notre groupe travaille pour les élèves. L’école doit continuer à jouer un rôle d’ascenseur social, confirme Nathalie Deroeck, professeure de français à l’Athénée royal Charles Rogier. Retravailler mes cours pour devenir plus efficace me donne une grande motivation ».

Ce groupe a d’autres bénéfices. Pour Mme Vertez, « l’enseignement est très cloisonné. Nos rencontres de visu permettent un échange entre enseignants de différents niveaux. Et sur les lacunes des élèves en transition entre le secondaire et le supérieur, il a débouché sur le même diagnostic de part et d’autre, sans rejet de faute sur aucun ».

Cet échange porte aussi sur des visions différentes : « Le supérieur reste très centré sur les savoirs, le secondaire sur l’approche par compétences, note Jean-Louis Dumortier, ancien professeur du secondaire et professeur émérite de l’ULg. Notre projet de test permet de confronter des types de questions et de constater qu’on ne désigne pas tous les mêmes choses par les mêmes mots. Par exemple, « expliquer » et « commenter » sont souvent employés l’un pour l’autre et peuvent avoir des sens différents ».

Par ailleurs, cet enseignant insiste sur un point : « Nous voulons vérifier si et comment les élèves peuvent s’approprier une quantité de matière plus importante que dans le secondaire, à l’aide d’outils de références, du travail de groupe, de résumés, de constructions de synthèse, de méthodes d’étude,… »

La porte du groupe est grande ouverte

Patricia Tossings est également professeure à l’ULg. Elle prévient : « Il ne sera en aucun cas prédictif. Nous n’avons pas les aptitudes requises ».

Maman d’une fille dans le supérieur, elle ajoute : « Les échos des enseignants ou des élèves du secondaire décrivent le supérieur comme un monde cruel : beaucoup de matières, travail énorme, isolement de l’étudiant, absence d’empathie et d’accompagnement. Cette image est obsolète. Les choses ont changé et on n’en fait pas assez la publicité. Des programmes d’accompagnement existent partout. Trop peu d’étudiants y font appel. Trop peu d’étudiants frappent à la porte de leurs enseignants ou de leurs assistants, plus disponibles qu’ils ne se l’imaginent ».

Ce groupe de travail existe depuis février 2013. « Préoccupés par l’avenir de nos élèves, nous avons invité des enseignants du supérieur à réfléchir avec nous, se rappelle Jocelyne Englebert, préfète des études de l’Athénée royal Charles Rogier. Deux mois plus tard, nous avons présenté ces réflexions à nos ministres respectifs (2). Nous avons continué à nous documenter et décidé de nous lancer dans ce projet de test ».

Au départ, ce projet est initié par des acteurs du réseau Wallonie-Bruxelles Enseignement qui, cette année, le soutient par une dizaine d’heures de coordination. « Mais nous invitons nos collègues des autres réseaux à nous rejoindre. La porte est grande ouverte » (3).

Patrick DELMÉE

(1) http://bit.ly/1FCB7xe
(2) ENGLEBERT J., VAN RYMENAM C., « Il était une fois au pays de Liège... la création d'une cellule de liaison entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur », dans Azimuts, n° 13, octobre 2014, p. 10, http://bit.ly/1Ng2QJN
(3) Contact : direction@atheneecharlesrogier.be

Et ailleurs ?

D’autres initiatives permettent de faire le lien entre secondaire et supérieur. En promotion sociale, par exemple. « Au sein des groupes de travail qui créent ou révisent les différents dossiers pédagogiques, une prise de conscience du continuum est activée car un certain nombre d’enseignants travaillent dans les deux niveaux d'enseignement », explique l’inspecteur Nicolas Duchesne.

Anne Toussaint, conseillère pédagogique au diocèse de Liège, accompagne entre autres des équipes d’enseignants qui réfléchissent au continuum : « J’ai pris part en 2013, par exemple, à la préparation et l’animation d’une journée autour de l’autonomie des jeunes, ouverte aux enseignants du secondaire et du supérieur ».

L’ULB a également initié un travail entre enseignants du secondaire et du supérieur en mathématique, français, latin, chimie, physique. « Les groupes en sciences estimaient les programmes du secondaire trop chargés, note la professeure Cécile Moucheron. Cela freinait la réelle assimilation d’éléments comme la stoechiométrie (calcul qui permet d’analyser les quantités de réactifs et de produits en jeu dans une réaction chimique) ou une connaissance minimale du tableau de Mendeleev et des symboles ». C’était un peu avant la révision des référentiels et des programmes, qui, selon elle, va dans le bons sens.

Enfin, même s’ils n’exercent aucune compétence dans le supérieur, les inspecteurs peuvent rencontrer des enseignants du supérieur à la demande.

Cette liste n’est pas exhaustive. Si vous connaissez d’autres initiatives, n’hésitez pas à nous en faire part via prof@cfwb.be.

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